mardi 1 novembre 2011

la main serrée

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Une feuille d'or veiné de rouge-coquelicot dans sa poche, des noix aux bogues noircies dans l'autre, il cueille d'énormes coings citron qui embaument. L'arbre courbé depuis des mois se relève peu à peu. Il avance maintenant le dos plié avec son panier d'osier



-2-

Sur la route du retour, des arbres en flamme surgissent au hasard. Le vent emporte au loin des étincelles de soleil ou de sang dans les champs fraichement retournés. Il cherche du regard une flamme plus intense pour revenir dans sa chambre, comme foudroyé.

-3-

La nuit venue, sur sa barque-fauteuil, il entre vraiment en automne, glissant sur une eau de brumes. D'autres arbres inconnus, pleurent leurs feuilles et là-bas, qui se rapproche, est le pays mort dans son linceul de givre et d'étoiles de neige.



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Automne étrange où un homme grisonnant referme le frêle portail d'un jardin perdu de roses trop blanches et que l'on oublie, et de raisins au goût d'encens ! Automne de visages peut-être à jamais perdus, de soeur lointaine qui a gardé ses ailes, de silence incompréhensible, passage d'une buse qui disparaît entre deux hêtres, sans bouger les ailes !

-5-

Où irait-il maintenant qu'il vit au plus près de lui, en solitude consentie, comme l'autre jour, où, perdu dans la forêt, il écoutait un concert d'oiseaux qui s'étaient donnés rendez-vous dans un vieil orme ?
C'était là que tous, ils devaient être et nul part ailleurs !



-6-

Il y a plus que ce qu'il tente d'écrire ! Revient à sa mémoire la chaleur de la main qu'il tenait serré ce matin, comme une brûlure qui se prolonge, chaleur d'un autre, vie d'un autre, et ce soir, entre eux des mots, un mur de mots, alors qu'il n'y a pas de séparation !

-7-

Et cette chaleur court, passe la fenêtre, rejoint l'ombre d'en face qui tourne en rond et se morfond, va plus loin, jusqu'au lit de celui qui pense qu'il n'arrivera jamais à rien, franchit un océan, des montagnes sans aucune trace d'être humain, jusqu'à une enfant qui aimerait qu'un regard vrai la reconnaisse et s'incline devant elle..... chaleur qui franchira l'hiver, c'est certain !

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