samedi 18 juin 2011

Seul et libre

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Avec pour seule musique la pluie sur le toit, il s'est allongé sur le lit. Qui est vraiment là près de lui ? La pluie tambourine. Il ne rêve pas. Il écoute seulement les gouttes d'eau et aussi le chant du vent qui l'entoure comme une couverture.



-2-

Derrière les nuages qui se déversent à peine, brillent des étoiles, la lune pleine, des nébuleuses comme celles qu'il admire dans les livres d'astronomie, et plus loin encore l'infini que l'on nomme infini, parce qu'on n'en sait rien. Pendant ce temps, son coeur bat sans faillir. Aucun ange n'est à ses côtés, ni même une présence, une infime caresse

-3-

Pour l'heure, sa seule certitude est qu'il respire. Il souffre même que ce ne soit pas avec plus d'amplitude. Il y a en lui comme une gêne, les deux bords d'une déchirure qu'il aimerait écarter pour accéder peut-être à des visages de lumière, ou à un champ rouge de coquelicots.



-4-

Qu'est-ce qui est né en son coeur ? Il ne revoit aucune scène du passé, même pas l'ivresse de trois pensionnaires qui marchent dans les rues désertes de la ville, après avoir fait le mur, ni même cette première classe à l'odeur de fuel et de craie où les murs vibraient encore des chagrins des élèves, toutes ces écoles terribles où l'on apprend la peur et à baisser le regard sous les ordres !

-5-

Il est seul d'une incompréhensible solitude, à l'écoute de la pluie qui vient de cesser et que remplace une cloche lointaine. Il est seul avec un secret auquel il n'accède même pas lui-même, seul et libre pourtant d'être lumière pour tous ceux qu'il rencontrera quand il se lèvera,

-6-

seul et libre de vivre dans une onde de tendresse qui déborde de partout, et prend avec elle toutes les larmes du monde (il n'y a pas que les hommes qui pleurent), toutes les misères, toutes les poitrines qui étouffent, tous les amoureux trahis et poussés au fossé, toutes les saintes faces qui recoivent une gifle pour un bouquet de fleurs, tous les fous qui le sont devenus par des portes qui se ferment !

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