vendredi 31 août 2012

Peter Green , Apostle


La solitaire


 


Elle marche dans la rue.

Un flot de voitures

aux vitres fermées

ne cesse de passer.

 

Elle regarde

de l'autre côté

du trottoir

un arbre aux fleurs violettes

qui semble sortir

d'un rêve bleu !

 

Il n'y a qu'elle

pour voir l'arbre léger

lui sourire.

 

Elle pourra s'endormir

dans cette chambre

où personne ne l'attend

 

et rêver de celui

qui un jour lui dira

son nom mystérieux !
 
 
 

jeudi 30 août 2012

Florence and the Machine - Cosmic Love


A l'eau


 

Une rivière  l'emporte.

 

Dans l'eau il ouvre les yeux

sur des nuages amis

qui accompagnent

son lent voyage.

 

Les arbres se penchent

et le caressent

de leurs branches !

 

des étoiles s'accrochent

à ses vêtements !

 

Il s'abandonne

au fil du courant,

plus aucune peur !

 

Le ciel immense

est comme une voile

sur le lit de l'eau !

 

Où l'emporte-t-elle

cette rivière ?


Comment le savoir ?

 

Il ferme les yeux,

reste silencieux !
 
 
 
 
 
 

mercredi 29 août 2012

Laissez les enfants pleurer de Anne Sylvestre

 


Temps-vents-cigarettes--2-.jpg




Laissez
Laissez-les
Empêchez que l'on réprime
Cette rosée légitime
Ils ont des fleurs à arroser
Laissez
Laissez les enfants pleurer
Avant qu'on les abîme

http://grotius.fr/wp-content/uploads/2010/08/ENFANT_INDE_Les-enfants-de-Slumdog-Millionaire-vont-avoir-un-nouveau-toit-_closer_news_xlarge.jpg
Laissez les enfants rêver
Ne les cassez pas d'avance
Donnez-leur au moins la chance
D'apprendre un jour à voler
Laissez les enfants choisir
Des chemins qui vous dépassent
N'effacez jamais leurs traces
Vous les verrez revenir

Des Temps et des Vents, Ali Bey Kayali, Ozkan Ozen
Laissez

Laissez-les
Ne souffrez pas qu'on dédaigne

Laissez les enfants pleurer
Ne tarissez pas leurs larmes
Elles lavent elles désarment
Ce qui les fait chavirer
Laissez les enfants verser
Ces ruisseaux qui les apaisent
Et s'en vont noyer les braises
De leurs chagrins insensés

Des Temps et des Vents, Elit Iscan

La lumière qui les baigne
Ils ont des richesses à donner
Laissez
Laissez les enfants rêver
Avant qu'on les éteigne
https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_AxYrDSk3-gpbXeZdcMLl0T_riMdTZI7tapASANcZsOvjgWDNjFeKNonYx3-ZsmZTTGUsQfK2C12AADMyI4ylPO9zzYg6Jnm9gC9GtaKX74YwmRFIPkVrmPtnpP4PMLqhaYIZMer7fXU/s400/temps+vents+fleurs.jpg

Laissez les enfants grandir

Ne renforcez pas les cages
Ne craignez pas les orages
Ni les torrents à franchir
Laissez les enfants gagner
Le droit d'étendre leurs ailes
Dans la lumière nouvelle
D'une vie à inventer

des-temps-et-des-vents.jpg

Laissez
Laissez-les
Ils vont s'envoler ensemble
Un même ciel les rassemble
Ils ont des sommets à gravir
Laissez
Laissez les enfants grandir
Avant qu'ils nous ressemblent

Laissez laissez-les
Laissez laissez-les
Anne Sylvestre
.

Pablo Casals


Que reste-t-il ?


 

Si tout s'arrête,

si tout se tait,

au dessus des toits,

plus près des étoiles,

 

si les pages des livres

redeviennent blanches,

si les larmes coulent

enfin jusqu'à la fin,

 

si tous ces mondes

entrecroisés

se rejoignent,

que reste-t-il ?

 

Si la peur disparait,

si tous les désirs

se rassemblent

en un seul cri,

si l'on accepte l'ivresse

d'être aimé,

 

que reste-t-il ?

Oui, que reste-t-il ?
 
 
 
 

mardi 28 août 2012

John Lennon Stand by me



L'essentiel

C'est une caresse que l'on offre
pour que naisse un sourire,

une bougie allumée
sur la table du soir,
signe de l'essentiel !

C'est une porte entrouverte
qu'on croyait fermé
et la lumière derrière
qui se déverse enfin !

C'est les yeux brillants de l'enfant
qui voit grandir
ceux qui l'aiment !

Cest la nuit mystérieuse
des promesses tenues
où l'ombre est un manteau
qu'on ne craint plus !

C'est un navire porté
par une grande marée
loin des bans de sables
où il s'enlisait !

C'est le silence qui parle
et la parole qui s'incline
devant l'éclat du jour
d'une vie qui s'est donnée !


dessin de Victor Hugo



lundi 27 août 2012

Dale Warland Singers - Not one sparrow is forgotten


Au pied des arbres

Pas étranges du silence
loin des rives familières !

Un feu attend
dans l'ombre des futaies !

Au pied des arbres
gisent éparses les pages
d'un livre inconnu
qui attendent d'être déchiffrées !

Elles l'emporteront,
si elles sont lues,
sur l'écriture des millénaires
qui croyait comprendre
et que la mer engloutissait !

Heureux nuage
qui s'échappe !

Heureuse mésange
que personne n'attrape !


dimanche 26 août 2012

la terre parlait


                                                    En hommage aux victimes de Syrie

Était-ce les nuages par bandes,
ou le soir comme lavé
par de brusques giboulées,
mais l'eau de la rivière
était devenue vivante,
et les arbres aux troncs noirs
encore noyés par la crue
semblaient se réjouir
de saluer un tel serpent d'argent !

Était-ce le vent dans le dos
ou une fraîcheur nouvelle
qui n’apparaît qu'en fin d'hiver,
mais le monde soudain
s'était mis à parler,
et la noblesse de son langage
venait d'un temps lointain,
si lointain qu'il était encore
auréolé de mystère !

La terre parlait :
" j'attends depuis si longtemps
la douceur et la paix ! "







samedi 25 août 2012

Quand les masques craquera... Benin .


Morice Benin chante : "Largue élague"


Vie qui pépille

-1-

C'est comme si les feuilles
du peuplier murmuraient.

Son tronc élancé
se reflète dans la vitre.

Il s'égoutte
de lumière du soir.

Un bébé crie
dans l'air pesant.



-2-

Vie, raconte lui la vie,
comment elle se lève,
bondit, jaillit et échappe
à toute emprise !

Il écrit et se parle :
où sont les hirondelles ?
déjà parties ?

Vie, parle lui !
Il veut aller plus loin !

-3-

Il offre un collier de mots,
bijou inutile.

Il s'égoutte en poésie
de cette chaleur moite.

Il est fixé là,
sur sa chaise tremblante,
fixé en ce réel,

oh! le vert sombre et profond
de la jeune courgette !



-4-

Oh ! le goût âpre et sucré
de la mure sauvage,

et le parfum de la sauge
qui ouvre une fenêtre
où l'on respire !

Timides ou audacieux
habitants des jardins,
comme ils l'aident
à s'accrocher
à ce qui est là, simplement
dans la splendeur !

-5-

Racines de son
arbre intérieur,
trouvez fraîcheur
dans l'obscure matrice
de la terre !

Une règle trouvée
sur le trottoir
lui montre qu'il
cherche droiture
pour ses branchages !



-6-

Tout viendra
à point nommé,
sois en sûr !,
dans le cri
qui ne faiblit pas,

Arrachement à la fosse !

La mort aussi
a un goût,
une couleur,
un parfum,

qui sont devenus
effroyables !

-7-

Une seconde
de ce moineau malicieux
à la terrasse d'un café,

ouvre un chemin,
un gout inénarrable,

vie qui pépille
et sautille

par dessus des fantômes
qui s'écoulent
jusqu'au bout des rues

devant cet éclair de plumes !


vendredi 24 août 2012

Tendre vers

Si quelqu’un me déchirait en mille morceaux, chaque morceaux de moi dirait qu’il aime.
Chris Lubbe
Ces paroles sont d’un Sud-Africain profondément spirituel. Comme beaucoup de gens, cet homme a grandi sous l’apartheid. Il dit avoir appris de ses ancêtres à ne jamais garder de rancune ni de soif de vengeance, car la haine ronge le cœur et la vie, avec un cœur malade est impossible.
On est tous confronté un jour au dilemme suivant : celui de ressentir la douleur de vivre sans la renier ni se laisser définir par elle. Au fond, peu importe la blessure -apartheid, cancer, abus, dépression, dépendance-, quand on est réduit à l’extrême, on est confronté à un seul choix : devenir la blessure ou guérir.
Les mauvaises expériences sont déjà assez traumatisantes quand elles se présentent la première fois. Quand elles se produisent à répétition, leurs répercutions peuvent facilement se transformer en traumatismes à vie si l’on ne garde pas vivant notre désir d’aimer. Le plus grand défi fasse à la blessure est de résister à sacrifier sa nature aimante pour devenir cette blessure.
De l’avis de Lubbe, la nature de l’esprit humain est irrépressible. A l’exemple de l’arbuste qui continue de pousser vers la lumière même quand on le taille, le cœur humain continue de tendre vers l’amour même quand on le déchire.
Mark Nepo
 
 

Stephan Micus - Passing Cloud


Brûlure



 

Lumière plus forte,

                plus grande,

 

S’ il parle amour

avec des traces de haine

 

S’il parle vérité

assis sur des mensonges,

 

Qui le croira ?

 

Il y a là

de l'impitoyable !

 

Alors passe le vent,

l'insaisissable vent,

celui qui transforme.

 

S'il trouve abandon,

coeur et mains ouvertes,

 

son travail, il le fera !
 
 
 
 

 

jeudi 23 août 2012

Les éclaboussures


Eclaboussures-cascade.jpg
Il nous arrive à tous de nous éclabousser les uns les autres
Vouloir changer le monde sans découvrir son propre moi, c’est comme essayer de recouvrir la terre d’une peau de cuir pour empêcher les pierres et les épines de nous blesser. Il est beaucoup plus simple de porter des chaussures.
Ramana Maharshi, un sage indien

Tout le monde fait de la projection et personnalise tout. Personnaliser, c’est penser à tort que ce qui ce passe dans le monde a toujours à voir avec soi. Un exemple extrême : un enfant qui refuse de faire ses devoirs, et qui apprend le lendemain qu’un avion s’est écrasé à Dallas, se croit en quelque sorte responsable de cet accident. Mais il existe une version plus commune et moins extrême. C’est celle où, quand votre conjoint rentre à la maison maussade, vous croyez immédiatement que c’est de votre faute.
Projeter, le phénomène inverse, c’est attribuer aux objets et aux personnes ce qui se passe en nous. Souvent, sans le savoir, nous projetons nos peurs et nos frustrations sur les autres. Au lieu de reconnaître ma propre colère, je vous vois en colère. Si j’ai peur des chiens, je cherche à protéger mes enfants et, sans leur demander comment ils se sentent réellement avec ces animaux, je leur transmets ma peur et les tiens éloignés des chiens. Un exemple plus subtil de projection est celui où nous disons à une personne qui pleure qu’elle n’a pas besoin de pleurer, et ce, parce que nous sommes mal à l’aise devant ce genre d’émotion. Un autre exemple est celui où nous demandons constamment à d’autres personnes si elles vont bien, alors que c’est nous qui n’allons pas bien.
En réalité, personne n’est à l’abri des projections et de la personnalisation. Par contre, il y a les gens qui en sont conscients et ceux qui ne le sont pas. Il y a ceux qui s’approprient les projections des autres et ceux qui ne le font pas. Et cette différence est cruciale car le fait de ne pas se les approprier peut conduire à la dissolution de relations. A l’inverse, l’appropriation des projections permet aux relations de s’approfondir.
Les humains se sont toujours éclaboussés les uns les autres et, cela depuis des générations. Leurs descendants ont trouvé les mêmes excuses pour continuer les éclaboussures, certains en disant qu’ils l’avaient fait pour une raison précise et les autres sachant au fond d’eux mêmes qu’ils l’avaient exprès.
Si vous voulez transformer le monde, alors quand vous avez éclaboussez dites simplement : « Je suis désolé de vous avoir éclaboussé. »
Centrez-vous et remémorez-vous un incident récent au cours duquel vous avez « renversé la soupe ».
Respirez à fond et voyez avec précision ce que vous avez fait et de quelle façon cela a affecté autrui.
Respirez doucement et accueillez avec bienveillance votre humanité.
S’il y a nécessité, rachetez-vous.
Mark Nepo

David Hykes & The Harmonic Choir

 
 

Conjugaison



Immense vide

entre les planètes

et les étoiles,

entre les cellules,

 

silence total

qu'aucun homme

ne connait,

 

silence sans

poussière de bruit

même d'une pensée,

 

les livres peuvent brûler,

je ne sais rien,

tu ne sais rien,

il ne sait rien,

nous...

C'est bien ainsi !
 
 

mercredi 22 août 2012

mardi 21 août 2012

Lydia Cole


Une voix qui aide au passage !

Low Roar - Patience


Un bout de son ciel

Il t'offre un bout
de son ciel !
Viens donc y oublier
le temps de quelques lignes
les morsures de la nuit !

Il t'offre quelques perles,
ne les jette pas trop vite
pour croire à nouveau
que le monde a plus besoin
de pain que de parole !

Ignore plutôt celui
qui écrit ces mots !
Repose-toi à l'ombre
des poèmes,
aime garder leur lumière
pour que ta vie
soit un sourire
qui ne s'éteint jamais !


Philip Wilson SteerYoung Woman On The Beach (1886), Musée d'Orsay, Paris.



lundi 20 août 2012

Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires - Michèle BERNARD



Poème de René Guy Cadou

Le ciel n'est pas demain

La terre n'est pas l'exil.
L'exil vient des hommes
qui sont restés aveugles
aux chants des pierres,
aux hymnes des oiseaux,
à la danse des arbres !

la terre n'est pas une
vallée de larmes !
Ce sont les hommes
qui pleurent au soir de leur vie
quand ils découvrent leur chemin
couvert de cendres !

Le ciel n'est pas lointain,
il est tout proche
de ceux qui ouvrent
leurs fenêtres
au jour d'origine !

Le ciel n'est pas demain !
Il est présent
où coule l'eau vive
qui donne racines
à l'arbre de l'amour !


tableau de John Constable

dimanche 19 août 2012

Pour une pensée

Pour une pensée
qui se prolonge,
son trajet de nuit
ne finit jamais !

Hagard, il descend
avec la source,
il l'accompagne
jusqu'à l'océan,
prêt à embarquer !

Chant intérieur,
qui donc le chante ?

Sans doute
plus grand
et plus vrai que lui !


tableau de Jean Bautran

samedi 18 août 2012

David Gilmour - Wish you were here


So, so you think you can tell
Alors, alors tu penses que tu peux distinguer
Heaven from Hell
Le paradis de l'enfer
Blue skies from pain
Le ciel bleu de la douleur
Can you tell a green field
Peux-tu distinguer un champ tout vert
From a cold steel rail ?
D'un rail d'acier froid ?
A smile from a veil ?
Un sourire d'un voile ?
Do you think you can tell ?
Penses-tu que tu le peux ?
And did they get you to trade
Et ont-ils réussi à te faire échanger
Your hero's for ghosts ?
Tes héros contre des fantômes ?
Hot ashes for trees ?
Des cendres chaudes contre des arbres ?
Hot air for a cool breeze ?
De l'air chaud contre une fraîche brise ?
Cold comfort for change ?
Un confort froid pour quelques pièces ?
And did you exchange
Et as-tu échangé
A walk on part in the war
Un rôle de figurant dans la guerre
For a lead role in a cage ?
Contre un premier rôle dans une cage ?
How I wish, how I wish you were here
Comme je souhaiterais, comme je souhaiterais que tu sois ici
We're just two lost souls
Nous ne sommes que deux âmes perdues
Swimming in a fish bowl
Nageant dans un aquarium
Year after year
Année après année
Running over the same old ground
Courant sur la même terre usée
What have we found ?
Qu'avons-nous trouvé ?
The same old fears
Les mêmes vieilles peurs
Wish you were here
Je souhaiterais que tu sois ici

Poucet

-1-

Mots-passages
dans le désert

sens d'une trace
pour l'aurore

il marche
en lui-même

pour ne pas être
statue qui brûle

sous le soleil

                           
                              "Peinture de Gaetano Persechini"

-2-

Il avance avec
la fragilité

des cosmos violets
ou de la rose blanche

qui meurt
pétales comme

un dernier soupir
dans sa main

il marche dénudé

-3-

L'été allume
ses derniers feux

la moisson
bat son plein

manteau d'or
et poussière blanche

un jeune faon
renversé

meurt dans un fossé



-4-

Dans le jardin
le potiron

n'est qu'une promesse
les courgettes sont

encore naines
les mures vertes

et les fraises se cachent
lui passe avec

le regard qui caresse

-5-

Toujours revenir
à ce qui chante

loin du désastre
dans le tohu-bohu

des pensées vaines
il sème des cailloux

Poucet de retour
à l'intime maison

de soi-même



-6-

Il interroge
ce qui a goût

et suavité pour lui
visage d'enfant

en sa flamme native
buses et faucons

qui arrachent le regard
à sa terre aride

et lui signalent l'espace

-7-

Et bien d'autres
fanaux en ce pays

de désolation
tenir et marcher

connaître la tristesse
comme signe

du désamour
lui suffira

la goutte de rosée



vendredi 17 août 2012

Jackie, Sinnead O'Connor


La montagne s'offre



-1-

Handicapés mentaux
à ses côtés,
il regarde
des images de montagne,
nuages rêveurs
qui s'effilochent
et montent vers les neiges
et la dentelle noire
des rochers,
chamois qui
dévalent les éboulis,
reflet d'un promeneur
dans l'eau de jade
d'un lac glaciaire !



-2-

Même silence
dans la pièce
où les photos défilent,
visage buriné
du tresseur d'osier,
grand éclat de soleil
du regard d'une fillette
qui admire les pétales
d'une grande Astrance !
Pas un souffle
devant l'eau vive
en gerbes insaisissables
qui se glisse
entre les herbes
et la menthe sauvage !



-3-

Combat de tétras,
plumes noires
en effervescence,
vol immobile
de l'aigle royal,
croix sauvage et muette
qui invite à l'élévation,
insolence des chèvres
aux cornes torsadées,
prises aux pièges
des murets où débordent
des trèfles sauvages,

la salle se tait
devenue aile de papillon !



-4-

Soudain est ici
une même pauvreté !
Il n'y a plus
de jugement,
de gens normaux
ou handicapés,
la montagne s'offre,
cristaux de neige
plus beaux qu'un
tableau de Christo,
réseaux de lignes
sur la glace printanière,
cathédrale d'Ailefroide,
dôme de neige des Ecrins
à la blancheur foudroyante
sur son socle de granit
vert et anthracite !



-5-

La montagne s'offre
à ces regards
qui ne prennent rien,
à ces visages disgraciés.
Tout, en cet instant
peut commencer
puisque c'est
la même conscience
qui est rejointe
loin des étalonnages,
des étalages, des faux sages,
des imbus imbuvables
qui jamais ne se laissent
traverser dans leurs
carapaces de miroirs !

-6-

Il voit l'aigle
qui disparaît,
la cordée qui peine
sur son arête de neige,
le glacier bosselé
tapi dans son
auge de rochers !
Aucun bruit de la vallée
ne monte jusque ici !
Chaque pas est lié
à un souffle
qui tente d'élargir
sa cage d'os
pour donner vérité
au cri qui cherche à naître !



-7-

Tout ici peut être renversé !
Le plus faible voit
dans l'oeil du bouquetin
une lumière invisible
à celui qui se croit fort !
La montagne s'offre
au regard privé
de regard sur lui-même !
La montagne s'offre
et son baiser de pierre,
vif comme l'éclair,
effraye la mort !