samedi 31 mars 2012

vérité et mensonges

La vérité est dure, gênante, désagréable. Mentir, c'est exactement comme descendre, vous avancez sans peine, le pied léger. La vérité, c'est grimper, monter, c'est difficile, ardu, vous transpirez, ce n'est pas agréable. Les mensonges sont pratiques, commodes, car vous pouvez les fabriquer, vous pouvez les inventer. Vous pouvez vous inventer un mensonge à votre mesure, mais vous ne pouvez pas inventer la vérité. C'est là le problème, la difficulté. Vous pouvez inventer des mensonges : tout comme vous allez chez un tailleur et il vous fait un habit, vous pouvez vous fabriquer des mensonges comme des habits, à votre taille. Mais la vérité ne va pas s'ajuster à vous, vous ne pouvez pas l'inventer : il vous faudra vous ajuster à la vérité, il vous faudra vous tailler vous-même. La vérité ne peut pas être taillée comme un habit ; pour vous ajuster à la vérité, vous devez changer. Les mensonges, c'est magnifique, parce que vous n'avez pas besoin de changer, vous changez simplement le mensonge et il vous va. Il est très confortable, il se colle à vous, il ne vous force jamais à changer, vous pouvez demeurer statique, stagnant. Le mensonge est toujours avec vous, jamais contre vous. 
Les mensonges sont très confortables, ils se collent à vous, ils vous protègent de la vérité. … Tout ce que vous avez, ce sont vos rêves, tout ce que vous avez, ce sont vos mensonges, et quelqu'un vient et lance une vérité... Il n'y a dès lors que deux possibilités : ou bien vous êtes prêt à vous effondrer complètement, ou bien vous lancez des pierres à cet homme, car en lui jetant des pierres, vous empêchez sa vérité de détruire vos mensonges et vous pourrez à nouveau vivre dans vos mensonges. 

Et la vérité, elle, ne s'occupe pas de vous : si vous voulez être sincère, vous devez vous changer vous-même. La vérité ne peut être inventée, elle doit être découverte, elle est là, déjà.


Osho



Kitaro

Il n'a rien vu

Un oiseau a chanté
la douceur de vivre.
Il était assis
sur une souche,
et il a compris
que c'était
l'infinie douceur
qui l’appelait !

Il n'a rien vu
dans le feuillage
qui frémissait.
Il a seulement
perçu cette voix
si douce,
par l'oiseau
content d'être !

Aucune menace,
aucune angoisse !
Une infinie douceur !

vendredi 30 mars 2012

Ivan Amar - ... Cette parole de vie, c'est OUI.

Mais il ne s'agit pas de dire oui à quelque chose, il s'agit de dire oui avec la vie. La vie tout entière est le « oui». Dire oui, c'est aller dans le courant de la vie, c'est prendre le risque de l'Esprit qui souffle partout. Ce jour-là, en gravissant la montagne, vous prenez la responsabilité du «oui» qui vous engage véritablement, au plus profond de votre cœur. Le coeur est la racine secrète de la conduite. Un cœur qui dit oui génère des actes entiers et responsables. Ces actes-là sont transformateurs.
Ne cherchez surtout pas des «techniques» de nettoyage du coeur, genre pressing intérieur : elles pourraient bien vous mettre la pression, voire la dépression... Il n'y a pas de mantra qui lave plus blanc, qui purifie plus que d'autres. Il n'y a que le «oui» qui est une adhésion du coeur à l'intelligence du vivant. Il n'y a pas d'autre voie de purification, car on ne peut pas se purifier soi-même : c'est le raz de marée du « oui» vivant qui nous purifie… Prenez le risque d'être partagés, de ne pas savoir, mais prenez le risque de la vie. Si vous attendez d'être sûrs de faire le bon choix, vous risquez d'hésiter longtemps et ce jusque devant la dernière porte, où vous vous demanderez encore : «Dois-je ouvrir, ou va-t-on m'ouvrir?»
L'enfer, ce doit être de rester ainsi, indéfiniment hésitant devant la porte du paradis. C'est la qualité de votre intention qui importe. La pureté, à ce moment-là, c'est la sincérité du coeur partagé qui assume, de façon responsable, de grandir en étant divisé. Ce coeur devient alors le lieu de reconnaissance, où l'on peut entendre le réjouissant appel de l'origine qui dit : «Oui, oui, oui». Ce n'est plus seulement nous, mais toute la vie en nous qui dit «oui». Dès que nous avons tourné le dos à nos hésitations, à nos divisions, au fait de chérir des opinions et d'entretenir des croyances au bonheur, et qu'on choisit la vie tout entière, alors éclate un chant d'allégresse à l'intérieur de nous : le chant de la vie, le chant du oui. On s'aperçoit que dans ce pays sans chemin, tout est chemin, tout fait chemin, tout est royaume. Mais ce choix-là nous appartient, personne ne peut le faire à notre place.


Ivan Amar - Le Maitre des Béatitudes - Albin Michel
 

 

Mayte Martín "Por la mar chica del puerto"

Libre

Il n'y a pas
d'attente.

Un grand silence
bat à l'oreille.

Parmi les mots
en trop,
il y a l'espace,
le corps
en vie farouche,

une danse
sans verbe
et l'oubli
pour une page vierge !


jeudi 29 mars 2012

Prendre le chemin de la rose...


« Pour arriver au cœur de la rose,

nous n’avons qu’à prendre le chemin de la rose,

aller à elle selon sa voie.
S’approcher avec une telle absence de soi,

avec une telle légèreté, sans troubler sa proximité,

entrer à pas de parfum dans l’eau de son parfum.»

Hélène Cixous

Patti Smith, Helpless (Neil Young)







There is a town in north Ontario,Il y a une ville au nord de l'Ontario,
With dream comfort memory to spare,
Où je retrouve rêve, confort et souvenir,
And in my mind I still need a place to go,
Et dans ma tête j'ai toujours besoin d'y aller,
All my changes were there,
C'est là-bas que j'ai changé,

Blue, blue windows behind the stars,
Bleues, bleues les fenêtres et derrière les étoiles,
Yellow moon on the rise,
Jaune la lune qui se lève,
Big birds flying across the sky,
Les grands oiseaux qui volent à travers le ciel,
Throwing shadows on our eyes.
Jetant des ombres sur nos yeux,
Leave us
Nous laissent

Helpless, helpless, helpless
Désarmé, désarmé, désarmé
Baby can you hear me now ? (helpless, helpless, helpless)
Chérie peux-tu m'entendre en ce moment ? (désarmé, désarmé, désarmé)
The chains are locked and tied across the door(helpless, helpless, helpless)
Les chaînes sont fermées et attachées à travers la porte (désarmé, désarmé, désarmé)
Baby, sing with me somehow. (helpless, helpless, helpless)
Chérie, fais en sorte de chanter avec moi. (désarmé, désarmé, désarmé)

Blue, blue windows behind the stars,
Bleues, bleues les fenêtres et derrière les étoiles,
Yellow moon on the rise,
Jaune la lune qui se lève,
Big birds flying across the sky,
Les grands oiseaux qui volent à travers le ciel,
Throwing shadows on our eyes.
Jetant des ombres sur nos yeux,
Leave us
Nous laissent

Helpless, Helpless, Helpless
Désarmé, désarmé, désarmé... ...

Ouverture


Ce n'est pas le désir,
c'est un manteau de laine.

Ce n'est pas soi-même,
c'est l'autre à sa lumière.

Ce n'est pas saisir,
c'est poser un baiser
comme le matin
tremble la rosée.

Ce n'est pas brûler,
c'est être une rivière
qui descend innocente
jusqu'à la mer.

Ce n'est que
délivrance,
au bord d'un horizon
où l'oiseau
comme une voile
honore l'espace
de ses ailes !


mercredi 28 mars 2012

Jack Kornfield - Ouvrir son coeur

De même qu'on permet au corps de s'ouvrir et qu'on le guérit en percevant ses rythmes et en l'entourant d'une attention profonde et bienveillante, on peut ouvrir et guérir d'autres dimensions de son être.
Le cœur et les émotions connaissent un processus de guérison similaire lorsqu'on leur offre notre attention afin de découvrir leurs rythmes, leur nature, et leurs besoins.

Ouvrir son cœur consiste à s'ouvrir aux souffrances occultées. La plupart du temps, ouvrir son cœur consiste tout d'abord à s'ouvrir aux souffrances occultées que l'on a accumulées pendant toute une vie - Tant les souffrances personnelles que les souffrances universelles de la guerre, de la vieillesse, de la maladie et de la mort. (...)
(...) Le plus souvent, les blessures les plus intimes, le sentiment d'abandon, la douleur sont ressentis comme des larmes retenues. Les bouddhistes parlent d'une mer de larmes humaines plus vaste que les quatre grands océans.

Lorsqu'on prend la place qui est la nôtre et que l'on cultive l'attention méditative, le cœur s'offre tout naturellement à la guérison. Le chagrin des souffrances et des espoirs anéantis, retenu en nous si longtemps, s'exprime alors.
Nous pleurons sur nos traumatismes passés et sur nos peurs présentes, sur toutes les émotions que nous n'avons jamais osé ressentir consciemment.(...)
La souffrance liée à la petite enfance et à la famille, blessures liées au père ou à la mère, la solitude, tout mauvais traitement, tout cela est emmagasiné dans notre cœur. (...)
(...) Refus de la réalité, colère, sentiment de perte ou de chagrin, ce travail sur la douleur engendre un profond renouveau.(...)

Jack Kornfield




Kuervos del Sur: "Porvenir"

Au bercail


Il a besoin
de se retrouver,
d'accepter
un ciel sans réponse,
un désert
qui ne finit jamais.

Il a besoin
d'être là,
faible,
en un amour
incompréhensible,

de se reposer,
sans mots,
sans prière.

Il a besoin
d'être lui,
douce sentinelle
d'un langage
enfin réconcilié !


mardi 27 mars 2012

l'étreinte

L’étreinte est une pratique de réconciliation
très profonde, dans le silence.
Quand nous serrons quelqu’un dans nos bras,
nos cœurs sont reliés
et nous savons que nous ne sommes pas des êtres séparés.

Embrasser avec notre pleine conscience
et notre concentration peut apporter la réconciliation,
la guérison, la compréhension et beaucoup de bonheur.


Quand nous nous embrassons de cette manière,
l’autre personne devient plus réelle et plus vivante.
Nous pouvons recevoir sa chaleur
et sa stabilité dans le moment présent.


Thich Nhat Hanh

Pascuala Ilabaca: Mal día

Départ


S'il te plait,
une voix appelle !

Et c'est un océan.

A la porte,
quelqu'un
a frappé !

Ouvre,
et n'aie peur
du désert.

Plus un regard
en arrière !

Sous les étoiles
de ton coeur
immense
commence

l'aventure !


lundi 26 mars 2012

La dernière caresse

-1-

Une coccinelle sur le bitume
tente de rejoindre l'herbe.
Lui ne tente rien
dans cet espace
de clarté printanière.
Les prunus ont la couleur
de dragées de baptême
et le vent dans leurs fleurs
efface la misère !



-2-

Tout ce qui n'est pas
donné est perdu
et tout est pardonné
au regard qui
ne voit plus que beauté !
Le tour de l'homme
est vite fait,
mais parfois brille
une simple larme
où se reflète
toute la blancheur
des aubépines !

-3-

Au coeur des jardins
brûlent les sarments secs
et branches de rosiers.
Le merle se perd
dans ses trilles
déjà ivre de
son rêve de cerises !
Lui savoure le réel
comme une pomme
dérobée dans un verger.
Il habite enfin
ce qui lui est donné !



-4-

Où courir et pourquoi
puisqu'il n'y a
pas d'autre paix
que consentir !
C'est comme s'il suivait
une enfant mystérieuse
aux yeux clairs
qui l'invite à rester muet :
"Entre dans ce pays
à pas légers !
Ne froisse pas
l'herbe sauvage,
écoute ce qui arrive !

-5-

"Oublie qui tu étais !
L'homme est un fleuve
libre de trouver
son chemin !"

Tout s'élargit alors.
Le miroir est un marais
où nul oiseau ne se pose.
Il n'a pas d'effort
à accomplir pour suivre
la chanson qui vient
de naître en son coeur !



-6-

Dehors le forsythia
à côté du cerisier
repousse au loin la mort
et ses pensées.
La chaleur de son or
à la force des bras
d'une mère
qui console son enfant !
N'y aurait-il que vie
même dans l'abîme ?

-7-

Il veut chanter
encore un couplet
même s'il ne connait pas
la fin de la chanson.
Il ne juge plus sa vie,
suit l'étoile apparue
quand il ne l'attendait plus,
puis fermera
ce drôle de livre
comme on donne
une dernière caresse
avant de s'endormir !

Tatiana Parra - Oração (Dani Black)

Carolyn Carlson, se souvenir de la liberté que nous avions enfant....




Animaux, plantes, arbres, pierres, oiseaux
lacs, étoiles, eaux, insectes, montagnes
hommes, femmes, enfants
joie et sel des larmes
pour tous
le même égard

Je balaie la poussière de ce que je n'ai pas pu te donner

les ordures s'entassent au bord de l'aube

Éclat des arbres

parés de vent et d'ombre
ultime élégance
avant les pluies d'automne

Extraits de Brin d'Herbe, Actes Sud, 2011


Toutes ces années pendant lesquelles j'ai dansé, j'ai vu que la danse rend aux gens une mémoire, qui est leur mémoire. La danse ouvre l'imaginaire. Les gens peuvent alors à nouveau rêver. Après un spectacle, il n'y a pas deux personnes qui aient eu la même impression. Chacun sort avec sa propre perception. C'est ce en quoi la danse est extraordinaire. Elle laisse un espace ouvert dans lequel les gens peuvent participer, au moins dans mon travail. Je suis plus intéressée par les perceptions que par les émotions car percevoir est plus profond que l'émotion. Ma danse est une poésie visuelle, sans histoire à raconter mais avec des impressions à offrir, des perceptions neuves.
(...)
Oui, la danse est un état d'être. Mais chaque artiste n'est pas nécessairement à un niveau d'interprétation qui permette de transmettre un frisson poétique, et cela dépend aussi de la chorégraphie.
(...)
Nous nous oublions, mais en étant très présent car nous sommes alors avec l'univers. Dans le film "Billy Eliot", on demande à Billy pourquoi il aime danser, et il a cette très belle réponse : "parce que je disparais". Les danseurs cherchent à se fondre dans l'énergie cosmique. Danser c'est comme une méditation. Vous êtes totalement présent à chaque seconde. Le temps n'existe plus. Dès l'instant où vous sortez de cette présence, plus rien ne fonctionne. Vraiment, la danse est ma méditation ...
(...)
Par exemple, je lève le bras et c'est jusqu'à l'horizon qu'il se lève avec la conscience de l'espace, de la distance, des possibilités offertes par ce bras. Le lever devient un acte plein de sens. Dans ce mouvement, l'espace est sans limite, le temps est éternité. Le mouvement est fait pour toujours.
(...)
L'improvisation est à vivre, à être, sur le moment. Elle dépasse la technique.
(...)
La pratique permet d'aller au-delà de ces limites. Nous découvrons où se trouve en nous le blocage en travaillant dans notre espace qui est limité. Ce n'est pas du temps perdu que cette exploration. Il faut digérer tout cela, et se souvenir de la liberté que nous avions enfant, garder cette innocence. Faire un pas pour la première fois, lever la main pour la première fois.

Carolyn Carlson


dimanche 25 mars 2012

Marshall B. Rosenberg

Marshall B. Rosenberg est le fondateur de la Communication Non Violente. Il parcourt le monde pour promouvoir la paix et proposer sa médiation dans des situations de conflit. Il est auteur et a publié plusieurs ouvrages.
L'extrait de ce livre nous invite à découvrir les fondements spirituels de la CNV. Au delà de la manière un peu didactique des formulations, il est à noter combien l'essentiel reste dans la reconnaissance du possible lien à créer avec l'énergie divine de l'autre : comment se mettre à l'écoute de ses sentiments et de ses besoins à l'instant même où le dialogue se passe.


Je travaillais dans un camp de réfugiés situé dans un pays qui n'appréciait pas beaucoup les ÉtatsUnis. Lorsque mon interprète annonça que j'étais américain - devant une assemblée d'environ cent soixante-dix personnes -, un homme se leva d'un bond et me cria au visage: « Assassin! »

Ce jour-là, je me félicitai de connaître la Communication Non Violente. Grâce à elle, je pus voir la beauté derrière le message de cet homme, ce qu'il y avait de vivant et d'humain en lui.
La Communication Non Violente nous permet d'entendre les sentiments et les besoins qui se cachent derrière tout message, quel qu'il soit.

Je lui dis alors: « Êtes-vous furieux parce que mon pays ne comble pas votre besoin de soutien? »

Pour en arriver à m'exprimer ainsi, il fallait que j'essaie de me relier à ses sentiments et à ses besoins. J'aurais pu me tromper. Mais même si nous nous trompons, le simple fait de tenter sincèrement d'entrer en lien avec l'énergie divine de l'autre - c'est-à-dire avec ses sentiments et ses besoins à cet instant - lui montre que, quelle que soit la manière dont il s'exprime, notre attention est tournée vers ce qui est vivant en lui. Et lorsque l'autre a cette confiance, nous sommes bien partis pour établir un lien qui permettra de satisfaire les besoins de chacun.

Dans mon exemple, cela ne s'est pas produit tout de suite, car l'homme était dans une grande souffrance.

Il se fait que j'étais tombé sur le bon besoin, car il me répondit: « Et comment! » et ajouta « Nous n'avons pas d'égouts. Nous n'avons pas de logements. Pourquoi nous envoyez-vous des armes? »

Je lui répondis: « Monsieur, si j'entends bien, vous dites que vous avez besoin d'égouts et de logements, et que cela vous fait mal que l'on vous envoie des armes à la place. » « Évidemment! » me dit-il, « Savez-vous ce que cela représente de vivre ainsi pendant 28 ans? » « Monsieur, vous dites que c'est vraiment pénible et que vous avez besoin de compréhension pour les conditions dans lesquelles vous vivez. »

Une heure plus tard, cet homme m'invita chez lui à manger le repas du Ramadan.

 

Je vous salue Marie, Brassens

Les abandonnés

Ils nous précèdent,
ils ne leur restent plus
que leur amour !

On les a rejetté,
méprisé, blâmé,
on les a montré
du doigt et accusé,

ils nous précèdent,
ils ne leur restent plus
que leur amour !

Ils ont connu
malheur sur malheur,
y étaient enchaînés,

mais ils nous précèdent,
ils ne leur restent plus
que leur amour !

Et si la vie vient à passer
et les regarde avec bonté,
ils donnent tout leur amour,
c'est tout ce qu'il leur reste,
ils n'ont plus rien à protéger !

alors ils nous précèdent
au royaume des donnés,

les abandonnés !


samedi 24 mars 2012

Jean Yves Leloup - "L'oeil de la nuque"



Le regard ordinaire est la plupart du temps un regard frontal, un œil «flèche» qui vise, définit, objective. Il voit des «choses» et s’il les voit «bien», «précisément», il est heureux.

Un autre regard est possible. Il ne part pas des yeux ou du front, mais de derrière les yeux, de derrière la tête, depuis ce qu'on pourrait appeler «l'œil de la nuque». C'est davantage un regard «coupe» qui accueille ; il ne vise rien, il acquiesce à ce qui est sans chercher à le définir ou à l'objectiver.
Il ne voit pas des «choses», mais un champ d'énergie ou de lumière dans lequel des lignes, des formes, des densités apparaissent ...
Si le mot existait, il faudrait dire que «l' œil de la nuque» veut davantage «infinir» que «définir» ce qu'il voit. Autant dire qu'il ne veut rien ; il laisse planer l'oiseau dans son vol, il ne cherche pas à le saisir.

Regarder quelque chose ou quelqu'un, un paysage, un corps ou un visage avec «l'œil de la nuque», c'est cesser immédiatement de se l'approprier, c'est le rendre à l'espace, à l'entre-deux, au «fond» ; à ce qui ne se voit pas dans le visible.
On ne voit pas «le fond», mais peut-être, parfois ce qui dans une image le laisse pressentir ... Il ne s'agit pas de «faire abstraction du réel», mais de voir l'abstraction du Réel.

"L'œil de la nuque" correspond à ce moment de recul où le regard, prenant conscience de ses projections, s’efface. Ce moment d'effacement ou de retrait correspond à un regard qui peut alors accueillir. Ce regard créateur n'est ni déterminant (il n'objective pas) ni déterminé (il ne se laisse pas imprimer «impressionner» par quelque chose de particulier).

«L'œil de la nuque» place le regard humain dans son ouverture maximale ; il le replace dans l’ouvert ... Il ne s'agit pas seulement du « regard éloigné » qu'on reconnaît au sage, mais du regard infini de l'infini Réel…
 
Jean-Yves Leloup

Charlie Winston- In your hands


et si vous avez aimé

Docile

Ma main,
simple instrument
du large,
obéis donc
au plus profond.
La source jaillit
on ne sait d'où !
Limpide le chant
vient lui aussi
d'une forêt profonde.

Ne retiens rien !
Obéis, ma main
à ce qui vient !
La lumière trouvera
son chemin
si tout est apaisé.

Parmi les mousses,
sous les étoiles,
regarde l'eau.
Il n'y a que toi
pour arrêter
cette clarté !


Main par Dürer

vendredi 23 mars 2012

Yvan Amar - La poésie de votre coeur


Parce que tous vous avez un chant de création en vous. Prenez le risque de le laisser chanter en vous. C'est tellement simple. Même s'il est difficile de se défaire des habitudes, des croyances, des attachements aux choses apprises... Prenez le risque de la poésie de votre coeur. Entrez en relation poétique avec le monde.


C'est le chemin du Royaume, le seul que je connaisse, et il est partout. Là où vous êtes, partout. N'essayez pas de faire confiance à ce que je dis : c'est la vie qui a confiance en vous. Ressentez simplement cette première et ultime poésie, la confiance de la vie pour vous…
… Comment la compassion pourrait-elle exister, si tout n'était pas porté par cette ultime confiance? On l'a vu, la compassion n'est pas la pitié. Elle est la confiance de la vie pour elle-même, cette vie qui se sait en gestation, partout…
… Écoutez cette confiance. Là est votre foi, là est votre force, là est la bénédiction.

Yvan Amar



Chopin - Thierry de Brunhoff (1973) - Nocturne op. 9 n°03 Allegretto, B major

En germe

Etoiles blanches
dans les sous-bois
apaisent le regard
et de timides
flammes vertes
apparaissent
aux branches
des buissons !

Printemps
timide
devinera-t-il
ton secret ?

Oh que grandisse
dans la paix
les jeunes pousses
de son pays
intérieur


jeudi 22 mars 2012

Connais-toi toi-même

Connais-toi toi-même. Telle est la véritable humilité, celle qui enseigne à être humble intérieurement, celle qui brise le coeur : ce à quoi nous devons travailler, et ce que nous devons garder. Mais si tu ne te connais pas encore toi-même, tu ne sais pas non plus ce qu'est l'humilité, tu n'as pas encore touché le véritable travail, la véritable garde. Car se connaître soi-même est la fin de l'oeuvre des vertus.

Chapitres physiques (IV), ch. 35

Nicétas Stéthatos


 


Sting and Stevie Wonder - Fragile



Paroles et traduction de Fragile

Fragile (Fragile)

If blood will flow when flesh and steel are one
Si le sang s'écoule quand la chair et l'acier ne font qu'un
Drying in the colour of the evening sun
En séchant dans la couleur du crépuscule
Tomorrow's rain will wash the stains away
La pluie de demain enlèvera toutes les taches
But something in our minds will always stay
Mais une chose restera toujours ancrée en nous
Perhaps this final act was meant
Peut-être cette action finale était faite
To clinch a lifetime's argument
Pour mettre fin à la dispute de toute une vie
That nothing comes from violence and nothing ever could
Que rien ne nait de la violence et n'en naitra jamais
For all those born beneath an angry star
Pour tout ceux, nés sous une mauvaise étoile
Lest we forget how fragile we are
De peur que nous oublions à quel point nous sommes fragiles

On and on the rain will fall
Tant que la pluie tombera
Like tears from a star like tears from a star
Comme des larmes d'étoiles, comme des larmes d'étoiles
On and on the rain will say
Pour toujours, elle nous rappellera
How fragile we are how fragile we are
A quel point nous sommes fragiles, à quel point nous sommes fragiles

On and on the rain will fall
Encore et encore la pluie
Like tears from a star like tears from a star
Comme des larmes d'étoiles, comme des larmes d'étoiles
On and on the rain will say
Pour toujours, elle nous rappellera
How fragile we are how fragile we are
A quel point nous sommes fragiles, à quel point nous sommes fragiles
How fragile we are how fragile we are
A quel point nous sommes fragiles, à quel point nous sommes fragiles

Vocabulaire


Une autre parole,
un autre langage
qui trouverait le chemin
où chaque chose
a sa majesté,
est-ce possible ?

le v du mot vent,
les arbres le chantent !

le f du mot feu,
les flammes s'en emparent !

le t du mot terre,
on pourrait s'y asseoir !

Et la douceur
de la lettre o
rejoint celle de l'eau !

Si il écoutait mieux
les merveilles de l'univers,
ne trouverait-il pas
d'autres mots
pour célébrer ?


mercredi 21 mars 2012

Tout brille

Les yeux ouverts
sur la fraicheur du monde,
il franchit le seuil
et quitte une demeure
où même les yeux
se recouvrent de poussière !

Il va, emporté par la vie,
et tout brille,
visages, nuages,
fenêtres-papillons,
branches d'arbres
en fleurs qui saluent
des jardins le passant !



photo de Stéphane Barbery

mardi 20 mars 2012

Petite histoire

Un collier d'or apparaissait au fond d'un lac, visible à travers des eaux claires comme du cristal. Des passants, en le voyant, avaient envie de s'en emparer et plongeaient dans le lac pour le récupérer; mais, fait étrange, chaque fois qu'ils atteignaient le fond, ils ne pouvaient pas y trouver trace de collier. Déçus, ils remontaient à la surface, mais quand ils regardaient de nouveau le fond du lac à partir du bord, le collier était encore visible. Cela les intriguait fortement, ils ne pouvaient percer ce mystère. Perplexes, ils se regardaient les uns les autres. Ils découvrirent que le collier était suspendu tout en haut d'une branche d'un arbre proche. A l'évidence, un oiseau l'avait volé quelque part et l'avait laissé là. En plongeant pour s'emparer d'un reflet, ils s'éloignaient en fait de l'objet réel.

Histoire racontée par Mâ Ananda Moyi

Cantate de la nudité

Je chanterai ce chant nouveau : la nudité.
La pureté réelle est vide de pensée;
La pensée, elle doit se tenir à l'écart.
C'est ainsi, moi que j'ai perdu ce qui est moi.
Je suis réduit à rien.
Qui s'est dépouillé de l'esprit ne peut plus avoir de souci.

Ce qui m'est étranger cesse de me leurrer.
Et j'aime autant être pauvre que riche.
Point d'image qui me contente :
Il m'a fallu me vider moi-même.
Je suis réduit à rien.
Qui s'est dépouillé de l'esprit ne peut plus avoir de souci.

Veux-tu savoir comment je me passai d'images?
C'est lorsqu'en moi j'embrassai l'unité,
Car telle est l'unité réelle.
Et la douleur pas plus que l'amour ne m'émeut.
Je suis réduit à rien.
Qui s'est dépouillé de l'esprit ne peut plus avoir de souci.

Veux-tu savoir comment je dépouillai l'esprit?
C'est lorsque je cessai de distinguer,
Hormis, en moi, la divinité une.
Or, je n'ai pu le. taire et j'ai dû l'avouer :
Je suis réduit à rien.
Qui s'est dépouillé de l'esprit ne peut plus avoir de souci.

Depuis que me voilà perdu dans cet abîme,
J'ai cessé de parler, je suis muet,
Oui, la divinité m'a englouti.
Je suis dépossédé,
Et c'est pourquoi les ténèbres m'ont réjoui.

Depuis le temps où j'ai rejoint mon origine,
J'ai cessé de vieillir et j'ai dû rajeunir.
Ainsi toute ma force a disparu.
Et elle est morte.
Qui s'est dépouillé de l'esprit ne peut plus avoir de souci.

Or donc, celui qui disparait
Et qui trouve sa nuit,
Est tout aussi riche, étant exempt de misères.
Ainsi les feux d'amour
M'ont soudain consumé.   
Et j'en suis mort.
Qui s'est dépouillé de l'esprit ne peut plus avoir de souci."

Tauler (1300-1361)


Lény Escudero, Barrio Chino

Si délicate

Dans le jardin
Reste encore
Quelques cosmos
Et soucis.


Je pense
A cette fleur
Invisible
Qui comme
Les cornes
De l’escargot
Rétracte ses pétales
Quand on la touche.



Mais il suffit
D’une respiration
Ou du désir de vivre
Pour qu’elle
Se remette à grandir,
  


Fleur délicate,
Si méprisée
Pousse je t’en prie !
Il n’y a plus personne
A présent pour te cueillir !


lundi 19 mars 2012

La demande

-1-

Une colombe ce matin
picorait les bourgeons
fragiles du cerisier
et dans le patio
un chat roux et blanc
avançait prudemment.

Réduit à rien,
il attend comme un arbre
le retour de ses fleurs !
Il n'y a rien à changer
qu'accepter l'abandon !



-2-

De rêves en rêves brisés
il découvre une lumière
qu'il ne connaissait pas,
comme une touffe de violettes
à l'ombre d'un sous-bois,

lumière qui passe, qui vient
et donne à toute chose
une vacillante tendresse !

Il prolonge ce soir
le vol du geai
pour étendre en lui
cette paix qu'il aime !

-3-

De cet ouvert
que contemplait l'enfant
dans son berceau
au voile blanc
que reste-t-il
quand une main froide
assassine l'innocence
à l'entrée d'une école ! :

les larmes seules
où disparaître !




-4-

Le pus de la blessure
est emporté
par une rivière aveugle.

L'espace du ciel ce soir
est encore plus libre
et appelle à sortir
de l'horreur !

Clarté d'une vie retrouvée
et donnée pour rien !

Oh ! Que plus rien n'arrête
le vol du corbeau
cloué autrefois
sur la porte des granges !

-5-

Quelle distance,
quelle séparation
ont donc été inventées ?

Il est cette larme fugitive
au bord d'une paupière
ou cette voix de femme
qui par son chant
trace une issue !

Il s'ennivre
des papillons d'or
du forsythia,
tremble avec les branches
d'argent du bouleau !



-6-

Il demande pardon
pour son regard
vers la bouche d'ombre
où il n'y a rien à voir,

bouche sans mémoire
qui déchiquette
et sépare !

Rien n'est sans lumière,
même la poussière
sur sa table de travail !

-7-

Et cette demande
est naissance
à la seule réalité,

celle qu'habite
l'oiseau de l'aube
qui ce matin encore
l'a réveillé

et son chant lancinant
disait que
très-haut était
cet ici-bas !


Mohammed Eghbal, Christa Eghbal / Pour la paix



Yvan Amar - Non pas aider ... servir

 


Dans la relation d'accompagnement :
... Il n'est pas question d'aider l'autre! C'est peut-être la notion d'aide qui est à revoir. Aider ... La première fois que j'ai utilisé ce mot avec Chandra Swami - j'avais dix neuf ans -, il m'a dit : «Pas aider, servir». C'est très différent. Servir, c'est reconnaître que l'autre est en train de grandir là où il est, et c'est le servir là où il se trouve. Et c'est nous obliger, nous, à une écoute de ce dont il a besoin, là où il est maintenant, sans jamais lui imposer ce que nous avons reconnu pour nous-mêmes. Ce qui est une preuve de générosité, de tolérance, sinon d'amour, c'est de ne pas imposer à l'autre ce qui n'est pas encore sa reconnaissance à lui.

Dans la relation de couple :
... D'autant plus que c'est un partenaire que nous avons choisi, et ce n'est pas par hasard : nous avons quelque chose à vivre avec lui, en général. Il faut lui donner le temps, l'accompagner, et vraiment voir s'il y a là justement le témoignage de ce que nous, nous appelons de l'amour, et en tout cas assumer cette relation, même si ça n'a été que par intérêt émotionnel. Car, au-delà de cet intérêt émotionnel, cet être va nous apprendre, si nous l'y autorisons, énormément de choses sur nous. Je le dis toujours : on épouse sa faille, on épouse son travail.
On met du temps à le reconnaître, certains changent plusieurs fois de partenaire avant de le reconnaître, mais c'est toujours la même faille qu'on épouse !
 

dimanche 18 mars 2012

ECOUTER…

ECOUTER



Ecouter est peut-être le plus beau cadeau

Que nous puissions faire à quelqu’un…

C’est lui dire, non pas avec des mots,

Mais avec ses yeux, son visage, son sourire

Et tout son corps : tu es important pour moi,

Tu es intéressant, je suis heureux que tu sois là.


Ecouter, c’est commencer par se taire.

Ecouter, c’est accueillir l’autre avec reconnaissance

Tel qu’il se définit lui-même

Sans se substituer à lui pour dire ce qu’il doit être.


Ecouter, ce n’est pas vouloir que quelqu’un

Soit comme ceci ou comme cela,

C’est apprendre à découvrir les qualités

Qui lui sont spécifiques.


C’est être ouvert positivement

A toutes les idées, à tous les sujets,

A toutes les expériences, à toutes les solutions,

Sans interpréter, sans juger,




Laissant à l’autre son espace

Et le temps de trouver la voie qui est la sienne.


Etre attentif à quelqu’un qui souffre,

Ce n’est pas donner une solution

Ou une explication à sa souffrance,

C’est lui permettre de la dire et de trouver

Lui-même son propre chemin pour se libérer…


Ecouter, c’est donner à l’autre

Ce qu'on ne lui a peut-être jamais donné :

De l’attention, du temps, une présence affectueuse.

Anonyme (Recueilli par Geneviève Koevoets-Mahâjyoti)


La valse Ben Mazué



Force dans l'existence
Ceux qui sont pas passé par l'assistance
Te martèle à chaque pas
C'est tout sauf ça quand
Prends ma plume et que tu dessines
Moi je prend ton pull je pique ton bip
Si j'me sens assisté tout le temps moi par toi
par mes potes et par l'état
et si j'me sens pas assistant tout l'temps
Participant au mouvement des gens
j'en meurs j'emmerde ceux qui comptent sur eux pour gagner, ceux qui laissent jamais tomber
Moi j'ai comme un gout de pardon dans la bouche
J'me trompe plus que je ne fais mouche
j'ai pas toujours l'âme d'un guerrier certain
j'ai pas toujours aimé la guerre enfin jamais

Refrain:
Assez parlé pour le dire
J'admire les gens qui naissent un peu tombés, un peu fragiles
assez parlé pour le dire
j'admire les gens qui savent comment tomber, pas facile
Oh assez parlé pour le dire, assez
allez pose ta joue sur ma bouche
et penche toi sur ma peau, et le rouge c'est pour toi

Le rouge de ma peau vif est à flot, t'a vu
j'peux pas l'cacher
le rouge de mes songes quand j'éponge
encore un truc mal fait
quand je renonce, à long termes personne ne veut
Blasphème efface le renoncer pff
Coure et  déchire
si tu craques meurs ce seras moins pire
si tu craques pleure baise va courir  mais
évite leur de compatir
Ils savent que dire
et si tu stoppes et ben tant pis
Range ton vélo, tes clef d'avril
tourne le dos distance tes amis
Et si t'as perdu une fois tu sais
on est plein dans ce cas là on s'en remet

Refrain:
Oh assez parlé pour le dire
J'admire les gens qui naissent, un peu tombés, un peu fragiles
Assez parlé pour le dire, assez...
j'admire les gens qui savent comment tomber, pas facile
Oh assez parlé pour le dire assez...
Allez, pose ta joue sur ma bouche
penche toi sur ma peau et le rouge
assez parlé pour le dire
allez pose ta joue sur ma bouche
penche toi sur ma peau et le rouge est pour toi
C'est pour toi...