mercredi 30 novembre 2011

Robert Charlebois - Lindberg

Sagesse

Dessaisi,
il n'y a plus
de rive à atteindre.

Précieux cahier,
précieux crayon,
table de chêne
avec ses tâches,
quel accueil !

Il y a une note
fondamentale.

Elle est là,
mais nulle part,
note ou femme
invisible
qui toujours
attend que l'on se perde !

Par la fenêtre
intérieure,
elle passe
ou elle chante.

Tiens, la voilà !


                         C'est auprès d'elle
                         dans la pièce
                         d'une maison sans âge
                         que l'on se tient.
 
                          Par une fenêtre basse
                          arrive la lumière,
                          mais aussi le chant
                          d'une fontaine.

                          Aucune voix humaine.

                          A peine un craquement
                          du vieux plancher.

                          Tout a été déjà dit.

                           C'est ici que
                           les yeux se ferment,
                           que l'on reconnaît
                           ce qu'il y a à reconnaître,

                           et que l'on regarde de loin
                           les ombres qui passent
                           dans la cour
                           où se glisse le soleil !


mardi 29 novembre 2011

Une vie d'homme

Une vie d’homme
Extrait de
Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?

de Christiane Singer



Commence alors le long calvaire de l’ignorance : une vie d’homme.
Tout ce qui te rencontre dès lors, tu le prendras pour réalité absolue. Tous les grimages, tous les masques, toutes les mascarades de la société et ses valeurs, les règles de jeu, les brouillages, les compromissions, tout est dès lors monnaie comptante.
Le premier homme et la première femme rencontrés – père, mère – sont tes dieux et marquent ta cire encore molle d’empreintes indélébiles. Leurs blessures deviennent les tiennes.
Cent fois la biographie te happe, cent fois tu en réchappes, cent fois elle te reprend pour te moudre et te broyer.
Tu dis « ma femme, mon mari, mes enfants, mon chien, ma maison ». Tu dis « mon boulot, ma brosse à dents ».
Tu dis « mon foutu caractère, ma veine ou ma déveine, ma carte d’identité, mes habitudes ». Tu le dis mais tu sens bien derrière ces phonèmes l’haleine du vide.
Tu sens bien que de tout cela tu n’as rien, que tu tâtonnes dans l’inconnu, les mains tendues, moites anxieuses. Tu te cognes à des coins de meuble dans des chambres inconnues.
Déjà tu ne reconnais plus rien de ce qui un instant plus tôt te paraissait familier, et c’est la peur au ventre, lancinante, qui te reste, bien familière, bien à toi… elle, oui, t’appartient. Elle est tapie dans le gargouillis des entrailles.La même qu’autrefois lorsque tu jouais à colin-maillard avec les enfants des voisins. Chaque fois que tu croyais tenir un pan de vêtement, on te le lâchait, vide entre les mains ; les rires t’égaraient, les frôlements t’appâtaient, les mains que tu croyais saisir te repoussaient, le tourbillon de l’épouvante grandissait, te vrillait dans un espace de plus en plus trompeur, étroit. Et quand même on finissait par t’ôter le bandeau pour que tu cesses au moins de pleurer, le monde que tu retrouvais était changé. Désormais tu n’avais plus confiance en lui, il t’avait révélé sa face croassante et grimaçante, sa gargouille.
Tu n’oublieras plus. La mauvaise mémoire prend grand soin des choses terribles et méchantes. Elle ne les rend plus, elle les conserve au vinaigre de la rancœur.
La biographie te tient longtemps lieu de vie – tu les confonds toutes les deux – et l’enfer de cette méprise barre le passage vers l’autre mémoire. Chaque souffrance neuve serre un tour de vis supplémentaire. L’invisible geôlier ricane.
Pourtant ton cœur est généreux. L’espoir te soulève, le désespoir l’écrase – mais la vie te jette d’une falaise à l’autre, de l’espoir au désespoir – et fracasse ton corps entre leurs rochers. Tantôt c’est l’espoir qui te saisit, l’espoir qu’il y a encore quelque chose à sauver et que tu vas y réussir. (…) Mais tout aussitôt c’est le ressac du désespoir qui te prend ! (...)
Etre plein d’espoir au cœur d’un désespoir total, appréhender l’unité parfaite de l’espoir et du désespoir ! Même la séparation que tu vis est inévitable, elle n’est pas pour autant l’unique réalité. Quand tu espères, tu es la part du monde qui espère, et quand tu désespères, tu es la part du monde qui désespère ! C’est tout.
La mémoire a des racines aériennes dans le passé, elle est vivante, imprévue. Elle ne tire pas en arrière, elle pousse en avant. Elle peut suinter partout où on ne l’attend pas.
Un jour, une saveur sur la langue, un lointain murmure, un trébuchement, un frôlement… Ce qui est certain, c’est que cela passe par le corps, par les sens, jamais par le savoir ou la volonté. Cela vient du fond des coulisses de la vie, de quelque coin empoussiéré, jamais visité, trop négligeable pour être exploré.
La vraie vie entre en catimini comme un voleur. Ni vu, ni connu.
Insaisissables. Voilà comment se réveillent la mémoire et la vie.
Imprévisibles !
Tu tires un fil et tu ne sais jamais ce que tu vas ramener à l’autre bout.
Tu cherches un timbre, une photo jaunie tombe entre tes mains, te voilà enseveli sous une avalanche de passé.

Catherine Ribeiro


et si vous avez aimé

Invitation

Les limites
du monde
s'effacent
comme pour écrire
qu'il n'est plus temps
de regarder
à l'extérieur !

Même les arbres
chauves et noirs
renvoient au coeur !

Prise en charge

On ne va jamais
comme l'on croit !

On croit aller tout droit,
reculer, tomber,
marcher de travers
comme le crabe !

On va seulement
plus loin
briser un peu plus
la carapace de l'orgueil !

On croit être quelqu'un
et... patatras, on n'existe
que par une grande tendresse
qui rapproche doucement
les deux bords de la plaie !


lundi 28 novembre 2011

A la volée

Son testament sera blanc !
Ecrivez-y votre désir
d'océan, de montagne,
ou d'enfant innocent !

Il s'absentera du temps
avec quelques rêves
pour baluchon !

Il y a mille manières
de célébrer le Mystère,
il a chanté pour cela !

Encore quelques milliers de notes
et il sera l'oiseau sans chagrin
échappé du filet !

Mozart Requiem - Introitus, Kyrie, Dies Irae I

Invitation de la folie

 
La Folie décida d'inviter ses amis pour prendre un café chez elle.
Tous les invités y allèrent. Après le café la Folie proposa:
On joue à cache-cache ?
Cache-cache ? C'est quoi, ça ? - demanda la Curiosité.
Cache-cache est un jeu. Je compte jusqu'à cent et vous vous cachez.
Quand j'ai fini de compter je cherche, et le premier que je trouve sera le prochain à compter.
Tous acceptèrent, sauf la Peur et la Paresse.

1, 2, 3,...la Folie commença à compter.
L'Empressement se cacha le premier, n'importe où.
La Timidité, timide comme toujours, se cacha dans une touffe d'arbre.
La Joie courut au milieu du jardin.
La Tristesse commença à pleurer, car elle ne trouvait pas d'endroit approprié pour se cacher.
L'Envie accompagna le Triomphe et se cacha près de lui derrière un rocher.
La Folie continuait de compter tandis que ses amis se cachaient.
Le Désespoir étaient désespéré en voyant que la Folie était déjà à 99.
CENT ! Cria la Folie.

Je vais commencer à chercher...

La première à être trouvée fut la Curiosité,
car elle n'avait pu s'empêcher de sortir de sa cachette pour voir qui serait le premier découvert.
En regardant sur le côté, la Folie vit le Doute au-dessus d'une clôture
ne sachant pas de quel côté il serait mieux caché.
Et ainsi de suite, elle découvrit la Joie, la Tristesse, la Timidité...

Quand ils furent tous réunis, la Curiosité demanda:
Où est l'Amour ?
Personne ne l'avait vu.
La Folie commença à le chercher.
Elle chercha au-dessus d'une montagne, dans les rivières au pied des rochers.
Mais elle ne trouvait pas l'Amour.
Cherchant de tous côtés, la Folie vit un rosier, prit un bout de bois et commença à chercher parmi les branches, lorsque soudain elle entendit un cri.
C'était l'Amour, qui criait parce qu'une épine lui avait crevé un oeil.
La Folie ne savait pas quoi faire.
Elle s'excusa, implora l'Amour pour avoir son pardon et alla jusqu'à lui promettre de le suivre pour toujours.
L'Amour accepta les excuses.

Aujourd'hui, l'Amour est aveugle et la Folie l'accompagne toujours
Auteur inconnu

dimanche 27 novembre 2011

Cora Vaucaire


et si vous avez aimé

Les trois dernières roses

-1-

Dans le jardin, il a cueilli les trois dernières roses blanches. les bords de leurs pétales commençaient à brunir. Peut-être resteront-elles ainsi jusqu'à Noël, dans leurs soucoupes, un peu de neige au coeur de la chaleur d'une maison qui vogue vers l'hiver !

-2-

Tout est sombre maintenant. Pourtant, aucune lumière aux fenêtres , aucun visage ! Il a peur aussi qu'aucune chanson ne vienne à ses lèvres. Traversée des illusions ! S'habituera-t-il à ce désert où il ne compte plus sur lui-même ? Sous le sable dorment, malgré le poignard du soleil, les graines des fleurs qui attendent la crue des oueds.



-3-

Attend-il lui aussi sa délivrance ? Chaque pas compte, ouvre un autre regard vers l'horizon. D'écouter la plainte d'autres en chemin le ramène à son cri. Plus bas que l'homme en son effondrement est une terre vierge où l'herbe sauvage des fossés qui brille même sous la lune offre sa caresse à toutes les misères.

-4-

Aussi seul soit-il, aussi vastes soient les dunes où il se perd, il demeure fraternel, loin du bonheur frelaté des magazines. Il a baissé la main qui tenait le masque où beaucoup se cachent pour être quelqu'un. Il n' a plus peur de s'approcher de la vérité d'être à lui-même mystère !




-5-

La lumière fait mal, douceur qui révèle parfois crûment la lézarde sur un mur que l'on croyait lisse. Au lieu de la pivoine joufflue, il y a parfois joie à offrir l'ortie et ses feuilles griffues. Chacun connait sa plus secrète blessure, enfermée à double-tour et qui serait pourtant le plus beau des présents !

-6-

Et parfois le mot qu'un autre prononce dans sa colère pour chercher à blesser et fuir sa propre détresse, devient une corde qui permet de descendre dans des profondeurs encore inconnues où nuls violence et mépris ne pénètrent ! Inviolable noblesse de l'être, aussi défiguré soit-il !



-7-

Basculement ! Il est lui-même la barque qu'emporte le jour ! Il va vers des terres inhospitalières où certains enferment  l'illimité du ciel dans de vieilles marmites noircies, où d'autres s'accrochent au miroir croyant y trouver la vérité d'un visage !

Et sur ce fleuve de douleurs, l'océan lui chante le secret des grands fonds !

samedi 26 novembre 2011

Alexandre Jollien


Mouvement

Il prend le risque d'attendre
l'eau, le feu, le vent,
trois éléments qui s'entremêlent
pour donner vie enfin nouvelle !

Flammes du vent,
fraîcheur du feu,
qui coulent souterraines,
venez donner l'élan
à ses journées gangrène !

Venez danser en son âme
que le temps a bistré,
tombe la suie de l'âme
qui voudrait s'enflammer !

Il prend le risque de demeurer
près des étoiles de la nuit,
avec un désir d'eau, de feu, de vent,
où se perdre est comme se retrouver,
libéré par celui dont on devient l'amant !

Fuite

Sauve-t-on un fleuve
de la mer ?

Un arbre de ses racines
que la terre noircit ?

Refuse-t-on de sourire
par peur des larmes
qui viendront ?

Garde-t-on ses forces
pour que jamais
elles ne s'épuisent ?

Se rend-t-on aveugle
à la mort pour vivre
dans la terreur
qu'elle survienne
à toute heure ?

Si personne ne souffle
dans la flûte
quelle mélodie jouera-t-elle ?

Et si le feu du jour
s'est éteint,
quelle lumière apportera
le repos de la nuit ?

vendredi 25 novembre 2011

la beauté

"Tout était très calme sous les arbres ; il y avait tant d'oiseaux qui appelaient, chantaient, gazouillaient dans une agitation incessante. Les branches énormes, magnifiquement formées et lisses, étaient sai­sissantes de beauté dans leur large mouvement plein de grâce qui fai­sait venir les larmes aux yeux et s'étonner de la beauté du monde. L'arbre était la plus belle créature de la terre, il serait beau même dans la mort ; chaque branche nue, blanchie par le soleil, lui serait offerte, et des oiseaux se poseraient sur sa forme dépouillée... Mais mainte­nant, l'arbre était vivant, merveilleux, offrant une ombre généreuse que le soleil brûlant ne pénétrait pas ; on pouvait s'y asseoir longue­ment et regarder, être à l'écoute de tout ce qui était vivant, ou mort,au-dehors comme au-dedans...
En contemplant cet arbre splendide, on se demande qui observe et il finit par ne plus y avoir d'observa­teur du tout. Tout est si intensément vivant, il n'y a que la vie. Il n'y a pas de démarcation entre l'arbre, les oiseaux, cet homme assis à l'ombre, et la vie si abondante. Là est la vertu, l'ordre qui existe d'ins­tant en instant et, avec le soleil couchant, survient cette immensité, si fortuite, si librement accueillante." Krishnamurti, Journal.



Sur la route, chanson yiddish




Sur la route est un arbre,
II est tout courbé.
Tous les oiseaux de cet arbre
Se sont envolés.
Trois vers l'est, trois vers l'ouest
Et les autres - vers le sud.
Et l'arbre, abandonné, seul,
Est livré à la tempête.
Je dis à la mère : - Ecoute,
Ne m'empêche surtout pas !
Je vais, maman, et une et deux,
Devenir oiseau...
J'irai sur l'arbre
Et je le bercerai,
Par delà l'hiver,
D'une belle mélodie, je le consolerai.
Yam tari raram

La mère dit à l'enfant
(et elle pleure avec des larmes) :
- Tu risques, sur l'arbre,
Dieu me garde, de prendre froid.
Je dis : - Maman, c'est dommage...
Tes beaux yeux...
Et quoiqu'il arrive,
Déjà je suis oiseau.
La mère pleure : - Itsik (1) , ma couronne !
Prends, pour l'amour de Dieu,
Prends, au moins un petit châle,
Dehors tu risques de geler !
Les bottines, chausse-les,
L'hiver est rude !
Et prends aussi le lainage !
Pour moi, la peine et l'amertume.
Yam tari raram...

Et prends le manteau d'hiver,
Mets-le, toi inconscient !
Si tu ne veux pas être hôte
Parmi les morts...
Je soulève l'aile, ça m'est difficile,
De trop, trop de choses
La mère a habillé
Son faible petit oiseau.
Je regarde tristement
Les yeux de ma mère,
Son amour ne m'a pas permis
De devenir oiseau.
Sur la route est un arbre,
II est tout courbé,
Tous les oiseaux de cet arbre
Se sont envolés...
Yam tari raram..

Des amis


La nuit noire
que les nuages
accompagnent
dissimule
à l'horizon
une banquise
de lumière.

L'après-midi
perd les heures.
Un coeur attend,
tout est simple.
Une flamme
seule respire.

Et n'ayant rien
un pèlerin nu
donne sa main
aux rivières
et aux arbres.


jeudi 24 novembre 2011

Un homme à qui....

"Un homme à qui suffisent quelques arbres, un oiseau qui passe, la couleur des choses, l'habitude d'un chemin, pour éprouver du contentement à exister, est un homme privilégié, car il sait d'expérience que le bonheur n'est pas dans la possession des choses, ni dans la domination des êtres, mais dans la dépossession de soi. Et c'est pour cela qu'il éprouve une dilatation du coeur et de l'âme"

Jean Sulivan "Bloc-Notes"

Philipp Glass : "Glassworks"


et si vous avez aimé :

A notre portée

Si tu étais un arbre,
un chêne ou un hêtre pourpre,
passerait-il à côté de toi
sans toucher ton écorce ?

Si tu étais une pierre,
un granit ou un cristal de roche,
te laisserait-il sur le chemin
sans te prendre dans sa main ?

Si tu étais une rose,
blanche ou rouge
aux pétales de velours,
détournerait-il le regard
sans vouloir respirer ton parfum ?

Or si tu n'es qu'amour,
choisira-t-il la mort ?


mercredi 23 novembre 2011

Le trou d'aiguille

Au plus simple,
par un trou d'aiguille,
le ciel, l'eau
et le sommet de la montagne
viennent sourire.

Par le maillage
des paroles et des pages,
la nuit perd ses étoiles,
les manteaux sont des fardeaux
pour l'étincelle.

L'univers est la vraie poitrine
pour les deux ailes des poumons.

“Pas moins que tout “
dit le vieil homme
à la fenêtre de sa maison perdue !


Contempler Chagall avec Chava Alberstein


et si vous avez aimé :






Rose Ausländer

Tu es là encore

Jette en l'air
ta peur

Bientôt
ton temps arrive
bientôt
le ciel pousse
sous l'herbe
tombent les larmes
dans le rien

encore
L'œillet
embaume
encore tu dois offrir
les mots chéris
Tu es là encore

Deviens ce que tu es
donne ce que tu as

Rose Ausländer



mardi 22 novembre 2011

Consolation


Au dessus de la rue,
un nuage s'est arrêté
pour consoler.

Il n'a pas besoin
de regard pour
voir un homme
qui regarde ses pieds.

C'était un nuage
blanc et rond
que le vent ne pouvait
effilocher.

Il attendait
que le passant
ouvre les yeux
pour reprendre
son voyage.

Soudain, l'homme
triste a souri,
heureux d'avoir
perdu sa tête,
ayant vu le nuage !


Bratsch



"Les diables ne savent pas chanter !"

Grain de café

Une jeune femme visite sa mère et lui parle de sa vie et comment elle a de la difficulté à passer à travers chaque journée. Elle ne sait pas comment elle va s’en sortir et elle envisage d’abandonner. Elle est tellement fatiguée de se battre continuellement. Elle a l’impression que lorsqu’un problème est résolu, un nouveau se présente. Sa mère l’amène à la cuisine. Elle remplit trois casseroles d’eau et les place sur les ronds du poêle à feu élevé. L’eau se met à bouillir rapidement. Dans la première casserole, la mère ajoute des carottes. Elle met des œufs dans la deuxième casserole, et dans la troisième, elle met des grains de café moulu. Elle laisse reposer et bouillir, sans dire un mot.
Au bout de 20 minutes, elle ferme le feu. Elle égoutte les carottes et les place dans un bol. Elle sort les œufs et les met dans un bol. Finalement, elle vide le café dans un bol. Se tournant vers sa fille, elle demande : 'Dis-moi ce que tu vois ?'
'Des carottes, des œufs et du café', répond la fille.
Sa mère lui demande de se rapprocher des carottes. La fille se rapproche et note que les carottes sont molles. La mère lui demande ensuite de prendre un œuf et de briser la coquille, ce que fait la fille. Cette dernière observe alors que l’œuf est dur.
Finalement, la mère demande à sa fille de goûter au café. La fille sourit en goûtant à l’arôme riche du café. La fille lui demande ensuite : 'Qu’est-ce que ça signifie, maman ?'
Sa mère lui explique que chacun de ces objets a fait face à la même adversité : de l’eau bouillante.
Chacun a réagi différemment. Les carottes sont arrivées fortes et dures. Cependant, après avoir été soumises à l’eau bouillante, elles se sont ramollies et sont devenues faibles. Les œufs étaient fragiles. Leur coquille mince protégeait leur liquide intérieur, mais après avoir passé du temps dans l’eau bouillante, ils sont devenus plus durs à l’intérieur. Les grains de café moulu étaient uniques, quant à eux. Après avoir été soumis à l’eau bouillante, ils ont changé l’eau.
'Lequel es-tu ? demande la mère à sa fille. 'Quand l’adversité frappe à ta porte, comment réagis-tu ? Es-tu une carotte, un œuf ou un grain de café ?'
Souviens-toi de ceci : Lequel suis-je ? Suis-je la carotte qui semble forte, mais qui devient molle et perd de sa force devant la douleur et l’adversité ?
Suis-je un œuf qui débute avec un cœur malléable mais qui change quand la situation se réchauffe ? Ai-je un esprit fluide, mais après un décès, une rupture, une difficulté financière ou un autre défi, suis-je devenue plus dure et fermée ? Est-ce que ma coquille se ressemble, mais du côté intérieur, suis-je amère et dure avec un esprit rigide et un cœur de pierre ?
Ou suis-je un grain de café ? Le grain, en fait, change l’eau chaude, la circonstance qui amène la douleur. Lorsque l’eau devient chaude, il relâche sa fragrance et sa saveur. Si tu es comme le grain de café, quand les choses semblent être les pires, tu deviens meilleure et tu changes la situation autour de toi.
Quand les temps semblent les plus sombres et que les difficultés sont les plus grandes, est-ce que tu t’élèves à un autre niveau ? Comment gères-tu l’adversité ? Es-tu une carotte, un œuf ou un grain de café ?
Puisses-tu avoir suffisamment de joie pour te rendre douce, suffisamment de défis pour te rendre forte, suffisamment de peines pour te garder humaine, et suffisamment d’espoir pour te garder heureuse.
Les gens les plus heureux n’ont pas nécessairement le meilleur de tout ; ils ne font que ressortir le meilleur de tout ce que la vie met sur leur route. L’avenir le plus clair sera toujours basé sur un passé oublié ; tu ne peux pas aller de l’avant dans la vie à moins de laisser aller les blessures et les tracas du passé.
Quand tu es née, tu pleurais et les gens autour de toi souriaient.
Vis ta vie pour qu’à la fin, tu sois celle qui sourit quand tout le monde pleure autour de toi !

Auteur inconnu

lundi 21 novembre 2011

Il meurt lentement

Il meurt lentement,
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude,
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements,
ou qui ne parle jamais à un inconnu.
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d’émotions,
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les cœurs blessés.
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu’il est malheureux,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd’hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement,
Ne te prive pas d’être heureux !

Pablo Neruda

Amor de índio - Maria Gadú (Brésil)


Et si vous avez aimé

Cristal


C'est ainsi,
le rêve est un
verre de cristal.

Il chante
sous le doigt,
se brise d'un geste
maladroit.

Mais au milieu
des éclats,
une goutte d'eau
pure est là !

En elle
se reflète
un monde,

et au milieu,
une étoile
prête à l'enflammer !


dimanche 20 novembre 2011

Beth Gibbons et Rustin Man


 

God knows how I adore life
Dieu sait combien j'adore la vie
When the wind turns on the shores lies another day
Quand le vent allume les rivages qui cachent un autre jour
I cannot ask for more
Je ne peux pas en demander plus

When the time bell blows my heart
Quand la cloche du temps souffle mon coeur
And I have scored a better day
Et j'ai marqué un jour meilleur
Well nobody made this war of mine
Et personne n'a fait ma guerre

And the moments that I enjoy
Et les moments que j'apprécie
A place of love and mystery
Un endroit d'amour et de mystère
I'll be there anytime
Je serais là n'importe quand

Oh mysteries of love
Oh les mystères de l'amour
Where war is no more
Là où la guerre n'est rien
I'll be there anytime
Je serais là n'importe quand

When the time bell blows my heart
Quand la cloche du temps souffle mon coeur
And I have scored a better day
Et j'ai marqué un jour meilleur
Well nobody made this war of mine
Et personne n'a fait ma guerre

And the moments that I enjoy
Et les moments que j'apprécie
A place of love and mystery
Un endroit d'amour et de mystère
I'll be there anytime
Je serais là n'importe quand

Mysteries of love
Oh les mystères de l'amour
Where war is no more
Là où la guerre n'est rien
I'll be there anytime
Je serais là n'importe quand

Le fleuve

-1-

Trouée ivoire dans la grisaille. Pas un souffle ! Pas un oiseau dans le ciel ! Des bouquets sombres des arbres nus émergent des sapins comme des portes vers la nuit. Il se repose et ne pense plus.

-2-

Conscience qu'il est, simplement avec ce corps, sa maison d'os et de sang bouillonnant, qu'il habite mais aussi qu'il emmène où il a décidé. Et là, c'est vers la cheminée de l'immeuble d'en face qu'il a tourné le regard.



-3-

Une fumée grise s'en échappe et se dissout doucement. Conscience du temps, du mouvement qu'accentue le passage d'un oiseau lointain qui vole en cercles de plus en plus larges. Lui, où est-il ?
La cheminée ne fume plus. L'oiseau a disparu. Conscience qu'il respire ! Il goûte la fraicheur de l'air
à chaque inspiration.

-4-

Tout peut exister à cet instant devant lui, dans la liberté. Ecoute et regard pour ce qui lui est donné, même si c'est l'espace gris et presque désert que délimite la fenêtre de sa chambre. Il demande seulement à sa maison-corps de rester tranquille



-5-

Que chercherait-il puisqu'il ne se raconte plus d'histoires ? Les derniers remous ont été emportés par la fumée de la cheminée. Mais il y a un fleuve près de lui, si large qu'on aperçoit à peine l'autre rive. et ce fleuve coule sans questions !

-6-

En fermant les yeux, il entendrait presque les cris des enfants qui s'y baignent, cris de vie qui rejoignent son propre désir, malgré la solitude, son corps immobile, et le vide qu'il accepte de ne pas fuir !



-7-

Ce fleuve invisible, il a à le laisser être. C'est comme le refrain d'une chanson inventée que fredonne un enfant, ou le pas de danse que l'on se retient malheureusement d'esquisser dans une foule endormie, ou l'oiseau étourdi qui chante l'aube à minuit.......la vie, la vie si vaste !

samedi 19 novembre 2011

Lisa Gerrard

Bien tard

Bien tard je t'ai aimée,
Beauté toute ancienne et toute nouvelle.

Tu étais au-dedans de moi
et je te cherchais au-dehors !

Tu étais avec moi,
moi, je n'étais pas avec toi !

Tu as répandu ton parfum,
je l'ai respiré
et soupire maintenant vers toi.

Sagesse, je t'ai goûtée.
Faim et soif de toi me consument !

Tu m'as touché,
j'ai brûlé,
envahi par la paix
qui est en toi !

Augustin d'Hippone (354-430)


Odilon Redon : "les Yeux clos"

Dépassement

Ce qui advient
est plus grand que toi,
sois en sûr !

Une montagne
dans le soir
qui s'enflamme
parle à ton coeur,
car elle l'ouvre,
lui révèle une noblesse
qu'il ne soupçonnait pas !



Tu n'es rien
de ce que tu sais
et personne ne sait
ce que tu es vraiment.

Rien n'arrête pour toujours
l'eau du torrent,
le vent est ton ami
si tu suis son mouvement !



Ce qui advient échappe
à toute mesure.
Même la nuit
continue de battre
le coeur de l'enfant
d'une femme enceinte et endormie !

vendredi 18 novembre 2011

Kathleen Ferrier: Alto Rhapsodie de Johannes Brahms



Voir autrement


A partir de maintenant
est né un autre espace.
Par la fenêtre de cette pièce
rentre une lumière différente.

L'encre est douce sur le papier,
les phrases que contiennent
les livres en désordre
sont des oiseaux passagers,
et l'air que l'on respire
a une conscience étoilée.

A partir de maintenant
aucune seconde
ne revient au même,
mais se dévoile
toute chose délicate !


jeudi 17 novembre 2011

Je chante ma chanson

Je chante ma chanson
Sur la route encombrée de plantain
Dans le concert des arbrisseaux
Au bal des cèdres et des bouleaux
Dans l’harmonie originelle
Je chante ma chanson

Je chante ma chanson
Dans l’effrayante fumée des centrales électriques
Dans l’ordre compliqué des boîtes de vitesses
Sous les baisers des disques abrasifs
Dans la marche réglée de cette société
Je chante ma chanson

Je chante ma chanson
Aux étrangers, aux inconnus
Je suis cet enfant appliqué
Qui voudrait entrer dans chaque chorale
Pour que les gens normaux ne sachent pas
Qu’il chante sa chanson

Et je chanterai ma chanson
Jusqu’à ce que le monde redevienne désert
Et que la lune, mince et longue
Vienne vers moi, depuis la mer
Et doucement me demande : pourquoi
Tu chantes ta chanson?

Gu Cheng (1956-1993)

A la fin

Par sa bouche
passe un fil.
Il veut dire
ce qu'il veut dire,

Oh ! Le dire encore
sans jamais le dire.
Il sent bien
que cela le dévore.

Or ou charbon,
apparait
son fil
de mots fragiles.
Ne tirez pas trop fort !

Il est possible
qu'un jour un oiseau
surgisse au bout du fil,

et s'envole !


This is the kit (c'est le nom du groupe !)

mercredi 16 novembre 2011

Humilité

Nasruddin transportait dans sa barque un érudit particulièrement imbu de sa personne. Alors qu’il venait de s’exprimer maladroitement, l’érudit lui demanda : “N’avez-vous donc jamais étudié la grammaire ?” – “Non” répondit Nasruddin. “Mais alors, vous avez gaspillé la moitié de votre vie !” s’exclama son passager. Quelques instants plus tard, Nasruddin se tourna vers l’érudit et lui demanda : “Avez-vous jamais appris à nager ?” – “Non, pourquoi ?” répondit le lettré. “Et bien vous avez gaspillée toute votre vie – nous coulons !” répliqua Nasruddin.

Erik Satie - Gnossienne No.1

Philip Glass - Tearing Herself Away

Tombé du ciel


Dahlia lotus rouge
aux pétales de sang,
tombé d'on ne sait
quel bouquet
sur le trottoir,
fleur encore
toute fraîche,
il n'y a pas
d'autre message
que tenir ce joyau
entre les mains
et le poser au bord
d'une fenêtre grise
en s'enfuyant !


mardi 15 novembre 2011

Angélique Ionatos chante Nougaro

Garcia Lorca

Toute chanson
est une eau dormante
de l'amour,

tout astre brillant
une eau dormante
du temps,
un noeud du temps,

et tout soupir
une eau dormante
du cri !

Federico Garcia Lorca