mardi 30 août 2011

Soweto Gospel Choir : Mama Tembu's Wedding

Vers où ?

Carte étrange
où il trace
des repères
qui s'effacent
à chaque pas,

désert si vaste,
où les oasis
se noyent,
où l'horizon
n'a pas de coin,
silence inconnu
qui l'appelle,

où l'emmenez-vous ?

Réponse muette

Sa main parle.
le monde attend
pendant que
la mort ment,
s"agrippe
au ciel du coeur
et tombe dans l'abîme
des étoiles noires !

Ses yeux caressent
la peine de la terre.
Le cri du sang
vient à ses entrailles !

Il répond muet,
allume l'incendie
et partage la cendre
où tout peut renaître !

lundi 29 août 2011

Chacun de nous est son propre soi

Il n'y a jamais eu un temps, et il n'y en aura jamais où les hommes étaient
ou seront également heureux, riches, sages ou bien portants.


En fait, aucun de ces termes n'a de valeur en soi ; 
 ils n'ont d'existence que par rapport au terme opposé.
 
Cela ne veut pas dire que, quand vous rencontrez quelqu'un de moins heureux ou de plus malheureux que vous, vous ne deviez pas être ému de compassion, ni chercher à le soulager autant que vous le pouvez.
Au contraire, vous devez aimer et aider tous les êtres, puisque ce n'est que de cette façon que vous pouvez vous aider vous-même.


Chaque fois que vous cherchez à soulager la souffrance d'un être, que ce soit avec succès ou non, vous évoluez spirituellement, d'autant plus que votre aide est désintéressée,
sans arrière pensée égotiste du genre :
"je suis en train de faire ceci ou cela pour lui",
l'esprit qui doit vous animer est celui d'être le canal par lequel Dieu vous fait rendre service, car il est seul l'auteur de l'acte, vous n'êtes que l'instrument.
 
Si nous sommes pénétrés de cette vérité, à savoir que celui qui donne aux autres donne en réalité à lui-même, qui, dans ces conditions, va refuser d'être une personne "vertueuse" et de donner aux autres ?


Comme chacun de nous est son propre Soi, quiconque fait quoi que ce soit à qui que ce soit ne le fait qu'à lui-même.

Ramana Maharshi




 

Autre cérémonie



et si vous avez aimé

Cérémonie

Ce bureau
dans la nuit
est un temple
où seul il officie
en secret.

Sans voir,
il y dépose
d'un pays
à l'autre,
une fleur
dans un coeur
inconu,

à l'envers
de ceux
inconscients
qui y déposent
une pierre !

dimanche 28 août 2011

Visages lumineux !

Pietà

-1-

Un pas plus loin, dans le dégagement, les mots cherchent un chemin. Tout est là. Il écoute cette invitation. La vie surgit, fleur jaune étincelante au pied du mur ! Il marche et voit encore sa peur, son poing qui se ferme, cette raideur, ce refus à peine sensible de la douceur de l'air !

-2-

Ce matin, une image, une seule est venue l'habiter très fort, celle d'une mère avec son fils, adulte, dans ses bras. Une sorte de pietà moderne, le fils dans des bras de lumière et de paix. Fils de Syrie, ou de Lybie, ensanglanté ! Absurdité. Inhumanité. Guerre entre semblables qui vient uniquement des idées et du pouvoir !



-3-

Où sont les oiseaux parmi les ruines fumantes ? Et les chats, en extase, yeux clos, ventre à l'air, au soleil dans l'herbe rase ? Les balles sifflent dans les rues de l'autre côté de la mer, combat pour la liberté. Et ici, combat contre un mal tellement plus sournois !

-4-

Vivra-t-on un jour sans grandes idées pompeuses, sans drapeau, avec pour seule lumière une conscience profonde, terre en amitié, homme qui ne cherche plus à attraper son ombre, fleurs soeurs toutes radieuses et arbres frères sans tromperie !

samedi 27 août 2011

Juste cela

-1-

Ce qui se délivre en soi-même, la bonté, juste la bonté, ce qui échappe à toute reprise, l'éclat de rire, le goût du café, la peau velouté d'un bras, et la place enfin faite à l'autre, une maison qui n'a plus besoin de fermer ses fenêtres, il suit ses traces invisibles, au bord d'un pétale de rose, dans la lumière lavée par l'averse. C'est comme s'il allait avec une eau souterraine.

-2-

C'est comme s'il apprenait à tomber vraiment, délicieuse chute où tout se rassemble et se rejoint, comme lorsqu'il était enfant et se glissait dans le lit de la maison de vacances aux draps rêches et qui sentent bon et s'abandonne au sommeil, roulé en boule. Où est-il plongé en ce sommeil sans rêves ? Vol de la buse au dessus du champ de blé juste moissonné, quiétude qui se prolonge, sommeil ou autre chose ?

-3-

C'est comme une légereté soudaine, percée incompréhensible dans la trame monotone des jours. Il n'y a plus d'âge, ou peut-être sept ou huit ans, en culottes courtes dans les ruelles, l'aventure à l'angle d'un pâté de maisons ! Est-ce bien lui, grande personne prétentieuse qui se dit libre et maître de sa vie !



-4-

La bonté, juste la bonté, qui comprend jusqu'à la haine, et qui n'a pas peur de s'endormir comme on meurt, confiant que rien n'est grave si ce n'est de perdre.....la bonté, juste la bonté !

vendredi 26 août 2011

Bonté d'un regard

la cabane

Jardin à l'abandon
près de l'étang
où des canards blancs
glissent en dormant,
as-tu gardé
trace des rires
et des chants
dans la cabane,
porte ouverte,
où trône encore
une bouilloire d'argent ?



Remède

Lorsque l'obscur
se rapproche,
il sort à la lumière
d'un visage,



et lorsque la nuit
se tapit,
il guette l'aube
dans un regard !

jeudi 25 août 2011

Hors du temps


et si vous avez aimé ! :


Evidence

Evidence d'être
relié à la vie
par un coeur
qui ne battra pas toujours,

évidence de vivre,
cristal du réel
qui écarte tous
les mauvais rêves !

Et soudain,
miracle du rouge-gorge,
de l'eau pure
retenue par le verre !



En cet instant
le feu prend
au pain tranché
qui attend,
à la main de l'enfant
qui relève sa mèche,

à toutes choses
amenées d'elles-même
hors du temps !

mercredi 24 août 2011

Cela réveille !



et si vous avez aimé :

la fleur de moutarde

Regard, si souvent
absent à être,

réveille-toi !

Au long des voies ferrées
qui se ressemblent,
as-tu vu l'insolente
fleur de moutarde
qui pousse malgré
les cailloux noirs
des ballasts !

mardi 23 août 2011

le funambule

Ce qui se livre

Ce qui se livre
à son désir
quand il épouse
sa noblesse

est une allée
que baigne
une lumière neuve
sur les côteaux,

où la marche
est en accord
avec la vue
vers l'horizon
et la douceur du vent !

Il respire doucement
cet air qui allège !
Voilà sa vie offerte
qui quitte le voile
des regards morts !

Les flaques sont encore claires
des dernières averses.
l'herbe respire aussi
avec son chant
sa force retrouvée !

lundi 22 août 2011

Dans la grande maison

Dans la grande maison,
les ancêtres se taisent
dans leur cadre de poussière.
Une statue de Pénélope
veille dans l'escalier,
mais son fil est cassé !

Et dans les chambres
surprises que leurs volets
s'entrouvrent enfin,
des crucifix et des reliques
ornées de fleurs et de perles
rappellent sans cesse
l'heure de la mort !

Un vieux panio désaccordé,
par sa musique chinoise
chasse l'esprit d'absence
qui hante les couloirs.
Et dans le vieux salon
on reconnait la place
aimée par le soleil
où lisaient ceux
qui vieillissaient !

dimanche 21 août 2011

Tendresse toujours


et si vous avez aimé !!! :


A plus soif vivre

A plus soif vivre, les cordages se rompent accueil de l'instant au plus vrai d'être merveille d'un feuillage du vol si ample et si calme d'un corbeau qui se pose dans la prairie intensément verte vivre comme accompagné un fil d'or un chant, une poignée de main qui effraye la nuit. Le monde s'offre pommiers qui croulent sous les pommes mais aussi s'invente ! Voici la chanson inconnu d'un enfant à la fenêtre avec ses mots à lui et le verrier à son vitrail la couturière à sa robe de perles le peintre à la pointe de son pinceau arc-en-ciel ou le danseur suspendu dans son élan entre terre et nuages. Ainsi en a-t-il été du mal vivre qu'aussitôt le regard se porte vers la source radieuse nouveauté du jour où il ne blesse plus la grâce d'être un vivant simplement fuir cette encre qui contamine l'innocence du matin ! Ainsi en a-t-il été de la nuit qui enferme à double tour que le verrou s'est brisé au fond du fond de l'obscur un amour attend et un homme se lève porté par cette tendresse !

samedi 20 août 2011

L'alchimiste

Si cette douceur

-1-

Si cette douceur était vraiment connue, le fond plus profond, tendresse aux entrailles, des étoiles plus loin dans l'infinie distance, douceur poignante qui recèle un secret où tout s'achève, où tout commence, une lueur aussi belle que la mer au matin sur la grève, une lueur dans les yeux d'une femme qui est l'accueil et éloigne les oiseaux obscurs qui toujours accompagnent les plaies, si cette tendresse laissait sa signature par la plume légère qui semble ne jamais toucher terre, cela s'ouvrirait comme un fruit mûr !

-2-

Si cette douceur était la perle qu'on n'oublie pas, comme cette mouette qui glisse muette de la falaise vers le large dans un vol parfait, ligne pure dans l'air pur du ciel, une autre vie viendrait, celle qui attend de naitre au souffle de ce qui se brise, au bord de l'épuisement dans le baiser du vide !



-3-

Une autre vie viendrait par le chemin d'or que suit le soleil de l'horizon au rivage, une vie si grande et si intense au bord de l'assiette que l'on lave, du baiser déposé sur le front d'un vieillard, une autre vie, parfum de pommier qui brille dans la rosée.



-4-

Et pour cela se serait effondré ce qui tremble devant la nudité du désert, tout ce qui arrache l'homme à sa paix, dans le bruit et la fureur, pour qu'il oublie ce qu'il a vu un jour par gratuite surprise, oh ! douceur bénie sur les visages d'enfants qui rêvent en marchant, caressés par des graminées d'or, oh ! douceur des forêts où disparaissent tous les chemins et celle rouge du coquelicot au bord du champ !

-5-

Oh! douceur du bébé qui sourit toujours au sourire d'un inconnu et celle  de la femme qui jamais n'a causé de tourment ! Douceur de l'hêtre pourpre, du chataignier luisant, de la nacre à l'envers de l'huître rugeuse ! Oh douceur de vivre simplement, velours du vent qui approche et transforme le pas hésitant, confiance soudaine que s'ouvre la porte et que derrière apparaisse le regard qu'on attendait depuis toujours et qui comprend !





vendredi 19 août 2011

En ville

-1-

L'oiseau passe et repasse. Un avion a laissé sa trace dans le ciel et le soleil du soir illumine le côté droit des arbres de la colline. Les marronniers brunissent déjà. Le hêtre pourpre devient plus sombre.

-2-

Il est de nouveau en ville, loin des eaux blanches et des schistes noirs de la montagne, très loin du cri du chouca qui creuse encore plus l'espace, entre les parois de calcaire de la tête d'Aval et les tenailles de Montbrison.



-3-

Seul sur une chaise d'osier, le regard ouvert, sans intention particulière, il écoute la musique de Philippe Glass pour le film, "The Hours". Avec le soir, les arbres se mettent à vivre avec une brise légère, et lui vit aussi, accompagne ce frisson dans la lumière qui faiblit.

-4-

Il imagine un enfant assis à sa place. Lui s'approche, pose doucement sur son épaule un main qui vaut toutes les paroles et l'enfant s'abandonne, les yeux ouverts, émerveillé devant les filaments blancs qu'un mouvement inconnu a peigné dans le ciel !



-5-

La main perçoit ce qui voudrait se dire, au plus profond des entrailles, souffrance et louanges tressées ensemble ! L'enfant ferme les yeux, porté par la musique, au dessus du vide, au dessus des maisons. Il entend son vrai nom, visage qui sort de l'eau noire et respire !

-6-

Seul, sur sa chaise d'osier, il n'est plus seul. Et juste au moment où il écrit ce mot il voit l'éclair gris de deux pigeons ramiers qui disparaissent derrière l'immeuble d'en face. Il ne peut plus être seul, comme on se noie au bords d'un puits, puisqu'il respire sa vie, lui dit merci, comme envahi !

jeudi 18 août 2011

Pelvoux

-1-

Peu de choses face au Pelvoux en sa masse granitique, il avance silencieux au bord du vide, parmi les mélèzes et les myrtilliers. Peu de chose face à l'offrande des oeillets d'un rose pur qui hypnotise, il évite de penser pour ne pas souiller l'écharpe de nuages nordée d'or qui entoure le poitrail noir du sommet des Bans



-2-

Et quand vient la nuit, la pleine lune efface les étoiles. Vénus monte seule la garde dans le ciel bleu-marine.
Il voit tous ses mots partir avec le torrent lancinant qui dévale depuis le Glacier Blanc. La rumeur de l'eau envahit l'espace. Il devient ce chant parmi les lampes lucioles du village qui s'endort dans un creux de vallée !

mercredi 17 août 2011

Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années.

Jas-Lacroix

-1-

Sur les schistes noires, l'eau ruisselle. En haut des crêtes, les mélèzes veillent. La mélopée assourdissante du torrent finit par rejoindre le silence, dans un bouillonnement de blancheur; A la cabane de jas-Lacroix, un ânon rejoint sa mère avec grâce, comme si ses sabots ne touchaient pas le sol. Et toujours, avec un sifflement de silence, il écrit maintenant à l'écart.



-2-

Il revoit ce nuage insolite par sa densité qui cache brusquement le soleil dans la combe. Les parois luisantes de l'Aiglière, de l'autre côté du torrent, prennent un relief étrange. Etrange lumière sur les rochers, les arbrisseaux dont certains sont des grappes de baies d'un rouge intense. Il se surprend à se demander s'il ne rêve pas ce paysage !

-3-

Mais son corps pesant le ramène à la réalité. Ses pieds heurtent des pierres. Conscience d'être conscience en ce corps ami avec lequel il chemine sur ce sentier où les trembles se font remarquer par des frissons argentés parmi des pins que le vent et la neige ont sculpté.



-4-

Allongé sur le lit, berçé du tic-tac d'une vieille horloge, il voit le ciel derrière le réseau noir-vert des branches de mélèzes, sans cesse en mouvement avec le vent du soir qui descend des sommets, un morceau de ciel bleu dans un carré de fenêtre d'où jaillirait, si c'était une nuit parfaitement sombre, la lueur des étoiles et des galaxies.

-5-

Corps au repos, les yeux fermés, il sait qu'il est un mystère qui ne finira pas, mystère d'être conscient, de pouvoir choisir d'être consciemment en paix, là, en cet instant, avec le souvenir d'images vues à la télévision, prises par le téléscope Hubble, nébuleuses, supernovas, pouponnières d'étoiles, et lui avec ce coeur qui bat et à qui il fait confiance, vient aussi des étoiles !

-6-

Lui aussi, nait, vit et mourra, comme le soleil, prodige de la vie, comme cette mouche dans la montagne, tout à l'heure, qu'il a attrapé et qu'il a aussitôt relâché, mouche d'alpage, sans beauté précise, toute frémissante de vie !



mardi 16 août 2011

Vivre sans pourquoi

 


Celui qui s'est laissé lui-même n'a plus en lui de lien pour l'attacher aux choses et ce détachement total se révèle être la condition même pour que le monde, les choses, les personnes nous apparaissent tels qu'ils sont, dans leur «essentiel déploiement» selon l'expression d'Heidegger.

Maître Eckhart nous invite à nous mouvoir autrement au milieu de ce qui nous entoure, sans volonté de puissance ou de possession : sans ego. Lâcher prise, laisser être ce qui est, tel que cela est, ce n'est pas une attitude passive ou indifférente au sens ordinaire, c'est refuser de faire de toute chose un « avoir », un objet. C'est restituer le monde à son essentielle liberté et nous ouvrir à la possibilité d'«être avec», sans le dominer, sans le posséder.
Le regard délivré de désirs et d'interprétations devient voyant; il perçoit les êtres dans leur identité suprême et passagère. Laisser l'autre être l'autre, ne plus l'accabler de désirs ou de conseils mais écouter l'union et la différence.

Laisser être l'oiseau : ne plus prendre son vol. Laisser être la rose : la voir avec des yeux de rosée.

De même qu'il y a en nous un désir de posséder, une recherche légitime de sécurité physique, il y a aussi une volonté de sens, un besoin d'expliquer le monde, de savoir d’où nous venons, où nous sommes, où nous allons, recherche tout aussi légitime de sécurité psychique et intellectuelle. Eckhart, maître en théologie, a souvent répondu de façon positive et rassurante à ses étudiants, mais il lui arrivait de dire aux plus intéressés ou à ceux qui étaient suffisamment préparés pour le comprendre : «L'univers est sans pourquoi. »

« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit. »

À certains moments de notre existence, les bonnes raisons que nous nous donnons de vivre semblent s'écrouler. Accepter le non-sens, l'absurdité de certaines situations ou de la condition humaine en général, c'est entrer dans un sens plus haut, inaccessible à notre logique ordinaire, c'est être délivré du besoin de justifier l'existence par une quelconque idéologie, fût-elle généreuse.
Nos raisons de vivre ne sont que des raisons qui s'originent dans les aventures et mésaventures de l'ego.

Vivre sans pourquoi nous ramène à un autre fondement : le monde pourrait ne pas exister, il est tout entier suspendu à un acte de liberté essentielle dont nul n'a jamais percé le mystère.

Vivre sans pourquoi, c'est ne faire qu'un avec l'existence même, perçue en sa source, c'est adhérer à l'Intelligence créatrice qui informe les réalités psychophysiques et leur donne d'être ce qu'elles sont. Nos explications ou nos représentations risquent toujours de se substituer au Réel.

Vivre dans le sans-pourquoi nous donne de le percevoir en ce qu'il a d'ineffable ; c'est pratiquer la docte ignorance, le «Je sais que je ne sais rien» de Socrate ; c'est être libre à l'égard des schémas et des mémoires dans lesquels le mental obscurcit et enferme le monde.

C'est vivre étonné et « accepter cet étonnement comme séjour ».


Jean Yves Leloup - L'assise et la marche - Editions Albin Michel -

De réponse que vivre

-1-

Assis sur un banc, il admire les larges feuilles du figuier, couvert de fruits encore verts. Plus loin, un peuplier aérien est parcouru d'un frisson blanc qui monte jusqu'au ciel, frisson qui ressemble au tremblement de la biche surprise sur le chemin où il marchait, étrange apparition pleine de grâce et de frayeur !

-2-

Il songe au malheur, à cet excès de souffrance dans le monde des hommes, le fleuve impassible passe en dessous de là où il est assis. Entre les feuilles, on ne sait plus si c'est l'eau ou le ciel qui voyage.



-3-

Il n'a de réponse que vivre, vivre en aimant et aimer vivre, rejoindre muet la détresse, compagnon de ceux qui s'enfoncent dans la nuit, pour ensemble apercevoir la première étoile ou la paleur de l'aube !

-4-

Il se lève maintenant, avec ce désir au coeur, confiant dans une tendresse, un visage, une vie. Il y a vraiment un coeur où tout retrouve l'unité. Il voit ce qu'il ne voyait pas dans le jour ordinaire, comme cette lueur sur cette simple théière, ou la bonté d'un sourire de celui qui va sans peur !