mercredi 17 août 2011

Jas-Lacroix

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Sur les schistes noires, l'eau ruisselle. En haut des crêtes, les mélèzes veillent. La mélopée assourdissante du torrent finit par rejoindre le silence, dans un bouillonnement de blancheur; A la cabane de jas-Lacroix, un ânon rejoint sa mère avec grâce, comme si ses sabots ne touchaient pas le sol. Et toujours, avec un sifflement de silence, il écrit maintenant à l'écart.



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Il revoit ce nuage insolite par sa densité qui cache brusquement le soleil dans la combe. Les parois luisantes de l'Aiglière, de l'autre côté du torrent, prennent un relief étrange. Etrange lumière sur les rochers, les arbrisseaux dont certains sont des grappes de baies d'un rouge intense. Il se surprend à se demander s'il ne rêve pas ce paysage !

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Mais son corps pesant le ramène à la réalité. Ses pieds heurtent des pierres. Conscience d'être conscience en ce corps ami avec lequel il chemine sur ce sentier où les trembles se font remarquer par des frissons argentés parmi des pins que le vent et la neige ont sculpté.



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Allongé sur le lit, berçé du tic-tac d'une vieille horloge, il voit le ciel derrière le réseau noir-vert des branches de mélèzes, sans cesse en mouvement avec le vent du soir qui descend des sommets, un morceau de ciel bleu dans un carré de fenêtre d'où jaillirait, si c'était une nuit parfaitement sombre, la lueur des étoiles et des galaxies.

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Corps au repos, les yeux fermés, il sait qu'il est un mystère qui ne finira pas, mystère d'être conscient, de pouvoir choisir d'être consciemment en paix, là, en cet instant, avec le souvenir d'images vues à la télévision, prises par le téléscope Hubble, nébuleuses, supernovas, pouponnières d'étoiles, et lui avec ce coeur qui bat et à qui il fait confiance, vient aussi des étoiles !

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Lui aussi, nait, vit et mourra, comme le soleil, prodige de la vie, comme cette mouche dans la montagne, tout à l'heure, qu'il a attrapé et qu'il a aussitôt relâché, mouche d'alpage, sans beauté précise, toute frémissante de vie !



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