samedi 31 décembre 2011

Quand on ouvre les yeux

"Ecoute, petit, le destin n'est pas un ennemi,
il n'y a pas d'ennemis au monde, ça n'existe pas,
tout est une aide sur le chemin.
Et il n'y a pas de malheur,
tout nous conduit exactement là où nous devons aller,
par tous les détours nécessaires.
Quand on ouvre les yeux,
c'est une merveille de toutes les minutes..."
SATPREM
 
Etoiles sous-marines de Ernst Haeckhel
 

JOHNNY CASH - "Heart Of Gold "

Tourne, tressaille, disparait !

La flamme tourne
autour d'on ne sait
quel centre.
Elle tressaille aussi,
elle se balance,
monte et redescend.
On voudrait
la caresser !

Elle brûle
sans retenue,
simplement
lance des étincelles
vers les étoiles.
Elle vit,
elle comprend
les pensées,
leur fugacité !

On voudrait
la rejoindre,
être comme elle,
une flamme
qui tourne,
tressaille

et disparait !

Le don des feuilles

Il a ramassé
des feuilles mortes,

coupé les tiges
des pivoines
brunies par le gel.

Il essayait
de ne penser à rien.

Il n'était rien
qu'un être humain
qui rend propre
son jardin.

Les feuilles auraient
pu rester à leur place !

Et pourtant
elles lui ont donné
un peu de paix !

vendredi 30 décembre 2011

Oui ou non

Le maître dit à l'élève agenouillé devant lui :

"Je vais te poser une question à laquelle tu devras répondre par OUI ou par NON. Mais attention, si tu réponds NON, je te donne un coup de bâton sur la tête. Voici la question :
Veux-tu recevoir un coup de bâton sur la tête?"

Debussy Prelude n° 10 / Michelangeli

Besoin de rien

Ce qui s'en va,
ce qui disparaît,

laisse un parfum.

C'est plus que le vide
ou l'absence.

On devine qu'il y a là
une autre attente !


Ce qui échappe,
ce qui fuit,

laisse un chant
murmuré avec peine,

un chant étrange
où l'on retrouve
les notes des premiers temps,

quand on avait besoin de rien

pour être !

jeudi 29 décembre 2011

Vivre en poète

Malgré les apparences, nous, les humains, ne souffrons que d’une chose : nous avons perdu de vue que nous habitons cette terre en poètes. Nous ne sommes pas ici pour réussir une vie personnelle, une vie de couple, une vie de ceci ou de cela, et encore moins pour faire croître «l’économie».
Profondément notre vie n’a ni utilité ni but, ce qui ne l’empêche pas d’être parfaite intelligence…
Le corps est un instrument de musique, l’esprit est la page sur laquelle s’écrit le poème de nos vies.
Comment nous y prenons-nous pour ne pas voir cela et continuer de vivre dans le calcul et l’inquiétude ? Voilà la merveille à explorer ensemble avec un esprit silencieux et joyeux.
Jean Bouchart d’Orval


 

Christina Branco & Conjunto Iberico - Corpo iluminado

Vie pour les vivants

Arrête ton sermon,
écoute la fauvette !

Si tu n'aimes pas
caresser un arbre
ou les cheveux d'or
d'un enfant confiant,
tu ne connais rien !

La vie est pour les vivants
et la lune rêve avec les rêveurs !

Un grand malheur
enlève le coeur de pierre
et te donne une lumière
qui connait les coeurs !

mercredi 28 décembre 2011

Vashti Bunyan - Love Song

Une histoire de Sioux

Un ethnologue new yorkais reçoit un jour à Manhattan un de ses vieux amis sioux. Et comme à grand peine ils cheminent dans la cohue des gens, des voitures hurlantes, des gyrophares policiers, bref dans l'ordinaire boucan d'une avenue crépusculaire, à l'heure de pointe, le Sioux s'arrête soudain au coin d'une rue, tend l'oreille et dit :
- Tiens, j'entends un grillon!
Son ami s'étonne.
- Un grillon? Laisse tomber, mon vieux, tu rêves. Entendre un grillon à New York, dans ce vacarme?
- Attends, dit l'autre.
Il va droit à l'angle d'un mur. Dans une fente de béton poussent des touffes d'herbe grise. Il se penche, puis s'en revient. Au creux de sa main, un grillon.
- Alors ça, bafouille l'ami, abasourdi, c'est incroyable. Une ouïe fine à ce point là, c'est un truc de sorcier ou quoi?
- Pas du tout, répond le Sioux. Chacun entend ce qui l'habite et ce qui importe dans sa vie. Facile à démontrer. Regarde.
Il sort quelques sous de sa poche et les jette sur le trottoir. Tintements brefs, légers, fugaces. Dans la bousculade autour d'eux, tandis que les voitures, au feu du carrefour, klaxonnent, démarrent, rugissent, dix, quinze têtes se retournent et cherchent de l'oeil, un instant, ces pièces de monnaie qui viennent de tomber.
- Voilà, c'est tout, dit le Sioux.

Henri Gougaud

Traversée

Sa consolation
est sans remède !

Elle est la porte,
la nuit sans fond
qui ne porte même plus
la trace d'une étoile.

Les mots sont du sable.
Le sablier reste vide.

sa consolation
ne s'écrit pas !

Elle est l'arbre abattu
avec le mystère
d'un surgeon,

la maison éventrée
où un homme mystérieux
garde le feu à l'âtre !

mardi 27 décembre 2011

L'ennui

"La vérité est que l'homme moderne s'ennuie de plus en plus; plus il s'ennuie, plus il cherche à échapper à l'ennui et plus il court après les dernières techniques d'ajournement disponibles sur le marché. Mais il n'y trouve que du vent et une lassitude croissante. Son problème ne fait que s'amplifier avec l'ampleur de ses moyens. L'attention de l'homme s'enfonce davantage dans une pensée marécageuse fondée sur l'avoir et le devenir. Toujours plus de désirs, plus de choses, plus d'argent, plus de cartes en plastiques de toutes sortes, plus d'investissements, plus de gratifications bon marché, plus de téléphones, plus de rendez-vous, plus vite. Mais aussi, toujours moins : moins de satisfaction, moins de substance, moins de tranquillité, moins de véritables contacts avec les autres, moins de temps.
Mais la bonne nouvelle est que cette évolution centrifuge ne peut, tôt ou tard, que ramener l'essentiel à l'ordre du jour. Car au centre de sa vie complexe, l'homme souffre et rêve du simple." 


Jean Bouchart d'Orval

Ben Mazué


et si vous avez aimé :

La courbe

-1-

Au matin le brouillard efface les arbres de la colline. ne restent que des masses sombres, comme une chevelure en désordre. Derrière les yeux de la fenêtre, il laisse monter en lui quelques souvenirs de ces repas, rires, éclats de voix, visages et paroles qui se mêlent, comme pour se donner du courage aux approches de l'hiver !



-2-

Et puis tout retourne au silence, comme cet unique corbeau qui traverse le ciel. Chacun reste seul, touché par un sourire, un geste, une douce lumière d'accueil, ou la chaleur d'une embrassade, seul avec ce mystère qu'il est,

-3-

Seul avec ce qui a été et ce qui va advenir. Le brouillard se dissipe un peu. Il écrit sans raison, sans idées, sans horizon ni chemin. Trois, quatre, cinq corbeaux traversent le ciel dans l'autre sens. Quelques coups d'ailes, et il est à nouveau seul.



- 4 -

Il goûte seulement cette présence à lui-même, à cette respiration. Est-ce encore un poème- ? Est-ce une histoire ? Quel interêt d'écrire qu'il est là, solitaire, dans une chambre, entouré de livres, qu'il regarde par la fenêtre une colline grise de brouillard d'où émergent quelques immeubles ?

- 5 -

Pourtant cet être là  contient toute paix, loin des pensées qui tourbillonnent ! Cet être là est consentement de plus en plus profond à ce qui lui est donné et une eau y coule, indéfinissable, une eau précieuse qu'il recueille dans des mots simples et partage au regard des passants !





- 6 -

Il ne peut donner que ce silence et cette pauvreté, sans s'impatienter que tarde le printemps. Il donne ce qu'il est. Ni consolation, ni désolation. Ouvert seulement, et juste en cet instant, un pigeon qui monte en vol du jardin, fait une courbe gracieuse devant la fenêtre puis redescend !

-7-

Il garde cette image quelques secondes en sa mémoire, comme un dessin subtil que lui offre la vie, une courbe toute en douceur, ample et délivrée de toute inquiétude, une courbe qui était exultation de l'oiseau en vol, cadeau offert pour rien, signature dans l'espace d'une liberté qui l'invite !

le brouillard a disparu !

lundi 26 décembre 2011

Imany

L'espoir


"Si nous n'abandonnons pas l'espoir, c'est à dire l'idée qu'il existe quelque part un endroit où nous serions mieux, qu'il existe quelqu'un de mieux que nous ne pourrions être, alors nous ne nous détendrons jamais là où nous sommes, avec la personne que nous sommes."
Pema Chodron

Les oiseaux de l'hiver

Il part, oui, il part !
Les oiseaux de l'hiver
ont des chants discrets.

Il part vers sa paix.
Tout doit être ainsi.
Les bras de l'océan
ne rendent pas prisonniers !

Il part si loin
alors qu'il reste !

Il donne sa caresse
pour ouvrir une prison !

dimanche 25 décembre 2011

Praetorius, Vépres de Noël

Inépuisable

Il y a une réponse
à donner
à une question
qui est mystère !

Cette réponse
n'est dans
aucun livre,
aucune parole !

C'est ta réponse,
la tienne,
la seule qui compte !

Une réponse
qui n'épuisera jamais
la question !

Une question
qui brulera sans fin
ton âme !

Il n'est de joie


"Pas plus que d'être ou d'éveil à soi, il n'y a de bonheur clos sur lui-même : il n'est de joie, comme il n'est d'être, que dans la communication, dans le donner et dans le recevoir"

Henri Le Saux


samedi 24 décembre 2011

La conscience

"Incontournable. Indéniable. Inaltérable. Inévitable. Hors de toute notion de religion, de psychologie ou de philosophie. Plus précieuse que l'argent, les honneurs et toutes les connaissances. Plus libre que l'air et aussi pure que la lumière. Indispensable pour goûter la Beauté et vivifier l'Amour, pour libérer la souffrance et ouvrir les portes sur l'ultime Réalité du monde. Toujours disponible et toujours nouvelle. Ne demandant et n'imposant rien. Absolument libre de toute attache et de toute projection. Aussi fraîche que le premier matin du monde et aussi pure que le sourire du Silence. Puissante et délicate à la fois, toujours et partout. Habitant dans le temps et l'espace et pourtant hors de l'espace et du temps : LA CONSCIENCE"

 
dessin du même auteur



Lucy Rose


et si vous avez aimé

Chèque en blanc

Il dit oui
à la flamme
sans voir
nulle lumière,

oui entièrement
à ce qui viendra
que suggèrent à peine
les frissons de l'aube,

oui à la parole
que l'homme
commence seulement
à déchiffrer,

oui au silence lustral
qui amène le coeur
à sa vraie demeure,

et oui au baiser
qui délivre du sommeil
toute vie qui pleure
dans la nuit
sa part de mort !

vendredi 23 décembre 2011

Le passé




Comment atteindre la Vie éternelle ?



La Vie éternelle c'est maintenant. Viens dans le présent.



Mais je suis dans le présent maintenant, non ?



Non.



Pourquoi non ?



Parce que tu n'as pas lâché ton passé.



Pourquoi devrais-je lâcher le passé ? Tout n'y est pas mauvais.



Le passé doit être lâché, non pas parce qu'il est mauvais, mais parce qu'il est mort.
 
Anthony de Mello

Olivia Pedroli


et si vous avez aimé

Premier flocons

Premiers flocons
d'hiver
parmi les gouttes
de pluie,
papillons blancs
qui ne voleront
jamais !

Ténu

C'est si ténu !
A peine un murmure,
une feuille froissée,
le bruit d'un gland
qui tombe d'un chêne !

Comment se taire
si profondément
pour écouter ?

Une autre oreille
peut-être ?

jeudi 22 décembre 2011

mercredi 21 décembre 2011

Rumi, la mer et l'écume





Celui qui regarde l'écume parle de mystère,
mais celui qui regarde la mer est émerveillé.
Celui qui regarde l'écume exprime des intentions,
mais celui qui regarde la mer y a mis son coeur.

Celui qui regarde les paillettes d'écume fait des projets,
mais celui qui regarde la mer n'a pas de vouloir.
Celui qui regarde l'écume est toujours occupé,
mais celui qui regarde la mer est totalement pur.

- Rumi

Gérald De Palmas - L'étranger

Est-ce abandon ?

Est-ce abandon,
est-ce ignorance,
est-ce ce silence,
ce paysage qui
passe si vite,
ce train qui pourrait
ne jamais s'arrêter,
cette lumière
sans mensonge
sous la bise ?

Est-ce oubli de soi
qui ravive
les couleurs du jour
et ôte à la nuit
la force d'engendrer le vide ?

Mais il vit !

La perle

Il erre amoureux
des puits sans lune
à la recherche
d'une perle
qui redonne le jour
aux visages nocturnes

mardi 20 décembre 2011

The Tree of Life - Lacrimosa


et si vous avez aimé : Tree of Life - Original Composition



Sa main parle

Sa main parle.
Le monde attend
pendant que  la mort ment,
s'agrippe au ciel du coeur
et tombe dans l'abîme
des étoiles noires !

Ses yeux caressent
la peine de la terre.
Le cri du sang
vient à ses entrailles.
Il répond muet,
allume l'incendie
et partage la cendre
où tout peut renaitre !

lundi 19 décembre 2011

Deux aspects de l'amour

"Je vois au moins deux aspects de l'amour que nous prodiguons autour de nous :
- Il y a l’amour “je t’aime si...." même si ce "si" que nous rajoutons souvent à l'amour que nous donnons, nous en sommes inconscients ! Cet amour est déjà certes un espace de tolérance.Il n’en reste cependant pas moins limité à des besoins fondamentaux non avoués, les plus cachés en nous, de pouvoir ou de reconnaissance par exemple....ou autre. C'est l'amour qui relie deux "individus" : 1+1=2 et il y a nécessairement confrontation même si elle n'apparaît pas évidente.
-Et il y a l'amour sans condition qui accueille tout sans aucune discrimination, sans concession ni compromission , comme par exemple celui que nous portons parfois à nos propres enfants ou à un être cher. Cet Amour est un espace de tolérance absolue, dépouillé de toute mémoire, de toute attente, de toute anticipation et de tout jugement. c'est "l'amour-communion": 0+1=1 entre l'ÊTRE (le 0) et "ses choses" (le 1) qui ne font qu'un.

Lequel mérite véritablement que nous l'appelions amour ? Celui qui ménage nos besoins fondamentaux avec ceux de l'autre (ce qui n'est déjà pas mal du tout!) ou celui où nous disparaissons véritablement pour l'autre.

Si nous parlons du véritable amour, l'inconditionnel, cet amour a un rapport certain avec l’ouverture de l'éveil à notre véritable nature. Cet amour se cultive sur le terreau de l'ÊTRE.
Aimer (vraiment) c'est être (sans attribut) et être c'est aimer. Les deux, aimer et être, impliquent une ouverture totale à "l'autre". Cette qualité d'ouverture implique que "je" disparaisse POUR que "l'autre" puisse occuper tout l'Espace.
L'amour jaillit alors spontanément SANS QUE L'ON Y PENSE, ET SANS GLOIRE surtout, quand nous sommes simplement CE que nous sommes, GRANDS OUVERTS à tout ce qui arrive, sans "personne" interposée. À l'écoute totale de l'autre. L'AMOUR n'est pas autre chose à mon sens que cette OUVERTURE instantanée bienveillante ou cette PRÉSENCE ESSENTIELLE non personnifiée.
L'éveil n'est pour moi que la prise de conscience que cet Espace d'Amour tel que je le découvre au coeur de moi même, est ma véritable nature, quel que soit 'l'état amoureux' de 'gérard', souvent misérable, mesquin, ou mercantile (je te donne si tu me donnes!) , et à l'opposé de CE que je suis vraiment.

Nous sommes cet Amour, et tout ce que nous pouvons faire pour qu'il puisse s'exercer dans nos vies c'est offrir aux autres et à soi même cet Espace infini d'accueil et de changement pour tout, sans condition en contre partie.
J'ai compris et accepté que pour que cet Amour puisse se produire, il n'était pas nécessaire d'être un saint, un savant, un philosophe ou un grand sage mais qu'il suffisait de laisser persister ce regard.
La véritable relation d'amour n'a jamais été et ne sera jamais le "face à face" même le plus intime entre deux individus, mais le "FACE À ESPACE" entre un individu d'un côté, et de l'autre, "l'Espace" impersonnel qui le reçoit en son sein sans contrainte, en même temps que toutes les autres choses présentes à cet instant (‘moi’ y compris !) .

L'amour est donc toujours présent en nous, seulement, nous n'en sommes vraiment conscients que dans ces instants d'éveil à notre vraie nature. La qualité de notre communication avec "l'autre ou le monde" va dépendre de "CE" à partir de quoi nous les regardons. Le mode "face à face" est une confrontation (même au meilleur!), le mode "face à Espace"une communion (même au pire!).
Ce qui fera la différence entre ces deux façons d'aimer c'est que dans le mode "face à Espace" 'nous' DISPARAISSONS VRAIMENT POUR L'AUTRE: L'autre est ainsi accueilli tel qu'il est, que 'nous aimions' cela ou pas, sans que n'intervienne la moindre attente ou le moindre jugement.

L'amour sans condition est un état d'attention totale à l'autre dans lequel le "moi" est absent.
Cet "ABANDON DE soi" n'est pas voulu. C'est un instant de tolérance absolue. "je" disparais et l'autre occupe l'Espace que "JE" suis. En fait je dirais plutôt qu'entre l'instant où le "je" disparaît et celui où le "JE" accueille tout sans distinction, ce "je" change de nature. De personnel et séparé, il devient universel et Un avec le tout. Le corps que j'ai est alors totalement immergé avec toutes les autres choses vivantes ou inanimées, dans la clarté, le silence et l'énergie d'une Présence Essentielle et anonyme. Rien ne disparaît et si tout est différent en apparence, tout est identique en réalité.

Cet état d'attention totale ne dure que l'éclair d'un éveil à notre véritable nature, mais à cet instant précis il précède toutes mes intentions. C'est une PERCEPTION non intellectuelle de ce qui est tel que cela est et avant tout commentaire. Uniquement dans l'instant présent, cet état d'attention totale que j'assimile au concept "d'amour inconditionnel" échappe à mes croyances, même les plus cachées, car il est hors du temps et de ma mémoire !
(...)

Ainsi l'expression "mourir à soi même" n’est autre qu’un véritable "abandon de soi spontané" dans cet Espace conscient que je suis à la Source. Cela ne veut pas dire pour moi devenir inconscient ou non-auto-conscient, mais le contraire: c'est vivre en toute conscience le moment présent. IL N'Y A QUE la conscience et c'est elle qui choisit et agit, ce n'est plus "moi". Cette conscience de l'instant présent est la seule qui nous donne véritablement un pouvoir décisionnel. Car elle n'est plus dépendante du temps et donc des "conditions de vie" que nous impose ce temps. Le choix naît alors de la réalité et non pas de nos fantasmes.
L'amour inconditionnel au sens où je l'entends n'est pas humain mais il s'exprime (comme il peut !)à travers notre nature humaine. Chaque fois que je fais en sorte d'inviter dans ma vie cette énergie fondamentale de l'ÊTRE pour m'y abandonner, sans autre intention que de voir d'où elle surgit, je permets à cet amour inconditionnel, niché au coeur de moi même, de s'exprimer à MA façon, à travers le conditionnement de ma propre nature humaine, si imparfaite soit elle.

 Gérard Nannini

Only Love Can Conquer Hate

Pauvre fou

Cette source
dont l'eau
est l'étreinte,
il la cherche
délaissée
derrière
toutes les portes
closes du monde !
Il frappe, il frappe !
la mort répond :
"Que viens-tu faire
en mon domaine ?
Pauvre fou !
Retourne vite
à ta besogne,
et ne cherche plus la vie !

dimanche 18 décembre 2011

Boby Lapointe - Ta Katie t'as quitté avec paroles

Compagnon

-1-

Les masses sombres des nuages avancent dans la nuit. le ciel change dans le silence qui revient parmi les respirations plus larges des dormeurs. Tout change et c'est un voyage au long cours. Cela ne s'arrête jamais. Un coeur peut s'éteindre et d'autres se mettrent à battre. Le silence est sans fin parmi les rêves des hommes qui dessinent le monde et espèrent toujours !



-2-

Les vitres de la chambre sont maintenant devenues noires et reflètent des livres en désordre. Il reste là à écouter ce qui pourrait naitre une image, presque un oiseau que l'on peut saisir au vol et dans la prunelle de ses yeux, il verrait des rivages qui ouvrent d'autres chemins. N'y a-t-il pas en lui un battement souterrain, une pulsation qui cherche son chemin, une graine d'où sort une tige blanche qui n'a pas encore vu le jour ?

-3-

Peut-être est-ce félicité de rejoindre ce courant, comme un ruissellement de vie, l'ivresse de la mouette en plein vent qui vient de quitter la falaise ? Les fenêtres dehors s'allument les unes après les autres. Quelles pensées demeurent-elles dans ces foyers de lumière ? Soucis du lendemain, cris, soif, drame secret, nostalgie de ne pouvoir combler définitivement ce manque, trou, néant, valise vide dont on devine avec le temps qu'on ne s'en séparera jamais ?



-4-

Il reste là environné de questions qui ne troublent guère le silence de la maison. la nuit est devenue profonde. Des visages passent aussi qui vont vers leur destin. Il accepte de n'y plus rien comprendre, guidé seulement par le plus intérieur, comme un serrement, ou cette image d'un simple épi de blé dans la lumière qui oscille doucement.

-5-

Oui, qu'a-t-il compris ? Quel feu a-t-il vu dans les coeurs qu'il a croisé. Etait-ce vraiment des étoiles dans ce regard d'enfant ? Etait-ce tendresse au bord de la rivière, quand il espérait qu'entre ses bras toute peine disparaisse ? Se souviendra-t-on de son intime musique dans cent ans, notes éphémères qui s'évanouissent comme les brumes d'automne ?



-6-

Pourquoi cela ne rayonne-t-il pas plus et ses serpents qui d'un coup de langue paralysent les soleils naissants, d'où viennent-ils ? Et ce dénuement, ces ventres qui se gonflent, ces mains qui se tendent et rencontrent des fantômes en fourrure, fiers de leurs masques et de leurs grimaces, pourquoi ? Et les noyés dans les asiles qui errent parmi les algues blanches, serront-ils jettés un jour sur un sable d'or ?

-7-

Sans fin, les souffrances ? Sans répit, les coeurs brisés ? Il ne dira rien, n'apportera rien. Il est simplement un compagnon d'exil. Il a ouvert sa porte à la plus noire révolte, au délire dernier rempart avant le néant. Entre chez lui toute l'encre mêlée de sang ! Et pourtant à la chaleur d'une flamme un papier, une plume s'envole ! Il pressent l'autre pays où tout être avance nimbé d'aurore !

samedi 17 décembre 2011

Charles Bradley - Why Is It So Hard

Détour

Détourne-toi
de ce reflet,
pas d'intérêt !

Ne parais-pas !
Sois traversé !

Au fond, regarde
ce fleuve de cris,

peuple en marche,

qui attends
que tu te quittes,

pour passer du côté
où la vie se déploye !

vendredi 16 décembre 2011

Nneka


et si vous avez aimé

Déliement


Il n’y a plus de nœud !
Au loin, un nuage
Caresse la colline,
Un violon chante à sa manière
Que tout est bien,
Un enfant a trouvé
L’endroit où se blottir !
Aucune complication !
On peut répéter : " je suis ! "
Et s’enivrer de respirer !
A l’intérieur du cœur
On est assis au bord
D’un fleuve de silence
Qui a tout emporté !
Si la plaie reste,
Elle est devenue suave,
Et les yeux fermés
On voit mieux
Où conduit le chemin !

jeudi 15 décembre 2011

Sigur Rós - Vaka

Jean Louis Aubert - Maintenant Je reviens

Pour méditer sur le passage du temps

Ce photographe argentin a juxtaposé deux clichés de la même personne, dans la même attitude, après une période de temps plus ou moins longue ! Impressionnant ! et à méditer. Qu'est-ce qui change . Qu'est-ce qui ne change pas ?

http://irinawerning.com/back-to-the-fut/back-to-the-future/

http://irinawerning.com/bttf2/back-to-the-future-2-2011/


Patrick 1986 & 2011 Paris

Laisser place

Main qui entoure
Le bouton de rose
Desserre ton étreinte,
Même si elle est
D’amour et de douceur !
La rose pour s’épanouir
A soif d’espace,
Le vide et le silence
Ouvrent une porte
Vers la liberté !
De l’étroit cocon
A surgi un papillon,
Du silence
A resplendi
Un nouveau jour,
Et du vide
Est apparu
Un visage ivre de vivre !

mercredi 14 décembre 2011

Graeme Allwright, Au coeur de l'arbre

Le Chant des sept réjouissances de Goeutsangpa Goeunpo Dorje (1189-1258)

Ces pensées fixées à un sujet et objet,
Quand elles surgissent, me troublent et me distraient,
Je ne médite pas pour les en empêcher,
Mais viens les frapper au sein de leur essence.
Comme les nuages qui voltigent dans l'azur,
Elles s'éclairent elles-mêmes dans leur propre nature.
Toutes ces pensées qui se lèvent dans l'esprit
Me font grand plaisir, sont ma réjouissance!

Quand le feu ardent des émotions me dévore,
Je n'applique aucun baume pour les apaiser,
Ces émotions, symboles de confusion,
Sont un élixir qui transforme tout en or.
Elles sont sans défaut, n'ont aucune imperfection,
Elles sont sources de bien-être et de bonheur,
Ces émotions qui me ravagent le cœur
Me font grand plaisir, sont ma réjouissance!

Ces dieux et démons qui me causent problème,
Il n'est pas besoin de les exorciser,
Ni de les chasser par des formules magiques,
Mais d'abandonner la pensée qu'ils existent.
Tous ces grands malins , démons et obstructions,
Seront mon armée, ma garde, mes protecteurs.
Les obstacles qui se dressent sur ma route
Me font grand plaisir, sont ma réjouissance!

Les tourments de l'existence me font parfois
Souffrir l'enfer, mais il n'y a pas de quoi,
Car cette misère n'est pas cause de souffrance
Si avec amour on l'emporte avec soi,
Sur le grand chemin des bons Bodhisattvas
Et qu'on prend sur soi les souffrances des autres.
Les fruits du karma quand ils se manifestent
Me font grand plaisir, sont ma réjouissance!

Quand je suis malade et que mon pauvre corps
Dans la médecine ne trouve le réconfort,
Il vaut bien mieux prendre cette maladie
Comme le moyen qui me libérera
De tous les voiles qui m'empêchent de voir
Et fera rayonner toutes les qualités
Les maladies qui m'affligent et me tourmentent
Me font grand plaisir, sont ma réjouissance!

Au moment de quitter ce corps illusoire,
Ne redoutez pas cet instant terrifiant,
Oubliez la peur et cultivez l'idée
Que la mort en fait n'existe pas vraiment,
C'est la claire lumière, la mère et son enfant,
Qui s'unissent et ne font plus qu'un dans l'instant.
Quand l'esprit délaisse ce précieux corps humain
Me fait grand plaisir, est ma réjouissance!

Quand rien ne va plus, que tout est contre moi,
Il ne sert à rien de vouloir tout changer,
L'essentiel alors est de mettre en pratique
La méthode pour tourner ces difficultés,
Laissez-les venir, ne les détournez pas
Et ne cherchez pas à les rendre meilleures:
Ces conditions adverses qui soudain apparaissent
Me font grand plaisir, sont ma réjouissance

Couvée


Feuille qu'on déchire
ou qu'on piétine,
c'est si facile.

Couve du regard !
Un homme,
vieillard ou enfant
n'est que léger
duvet au vent !

Il a besoin de vide,
un gilet de néant
où son cri trouve
la laine d'un nid
au bord de l'océan !



mardi 13 décembre 2011

Tu ne dis jamais rien - Léo Ferré

Compagnons

Souffle, vent !
tes rafales
accompagnent
son chant !

Tombe, pluie,
tes gouttes
purifient
son coeur !

Passez, nuages !
votre voyage
ressemble
au sien !

Crie, corneille !
Ton appel
rejoint
sa prière !

Sauve ce que tu peux

Sauve
ce qui est
à sauver,

fleur fragile,
oiseau mourant
sous le buisson !

Délivre
des enfermements,

enfant,
de la main de sang,

innocent,
du crachat !

Sauve de la nuit
les amoureux
des étoiles !

lundi 12 décembre 2011

la quête

Mes anges

Maintenant que les feuilles
du noisettier sont à terre,
on revoit légères et vives
les mésanges qui semblent
ne se reposer jamais !

Par la fenêtre je les vois
dans le froid danser
au sommet du noisettier.
Elles vivent, c'est leur seule pensée !
Si c'est ainsi, je me tais !

Un jour du temps

Il est entré
dans le temps,
un jour du temps,
quelle surprise !
Il était !

Mais déjà la mort
refusait sa vie !

Peut-être avait-elle
peur qu'il oublie
d'où il était venu ?

Bientôt, il va
sortir du temps
grignoté jour après jour
par la mort.

Puisse-t-il entrer
dans la vie !

dimanche 11 décembre 2011

Bozo





Dans un marais
De joncs mauvais
Y avait
Un vieux château
Aux longs rideaux
Dans l'eau

Dans le château
Y avait Bozo
Le fils du matelot
Maître céans
De ce palais branlant

Par le hublot
De son château
Bozo
Voyait entrer
Ses invités
Poudrés

De vieilles rosses
Traînant carrosse
Et la fée Carabosse
Tous y étaient
Moins celle qu'il voulait...

Vous devinez
Que cette histoire
Est triste à boire
Puisque Bozo
Le fou du lieu
Est amoureux

Celle qu'il aime
N'est pas venue
C'est tout entendu
Comprenez ça
Elle n'existe pas...

Ni le château
Aux longs rideaux
Dans l'eau
Ni musiciens
Vêtus de lin
Très fin

Y a que Bozo
Vêtu de peau
Le fils du matelot
Qui joue dans l'eau
Avec un vieux radeau

Si vous passez
Par ce pays
La nuit
Y a un fanal
Comme un signal
De bal

Dansez, chantez
Bras enlacés
Afin de consoler
Pauvre Bozo
Pleurant sur son radeau...

Paroles et musique: Félix Leclerc

Plus rien ne viendra

-1-

Le soleil du matin traverse la pièce où il boit son café, où il boit la lumière argentée qui émerge des brumes de givre. Le paysage devant lui est tout ensommeillé de cette blancheur comme si un rêve de clarté s'était lentement déposé sur les herbes et les arbres !



-2-

Et pendant sa promenade, il attarde son regard sur les milliers d'aiguilles de glace qui entourent les branches, les barbelés, les chardons, hérissons du Grand-Nord, le rouge des baies d'épine-vinette ou d'églantier qui veilleront tout l'hiver.

-3-

Arrivé en haut de la colline près de vieux mirabelliers moussus et comme pétrifiés, il laisse les champs déserts aux couleurs attendries par le brouillard qui vient de la rivière envahir sa vision : à perte de vue un paysage qui s'éveille avec ses vignes et ses chemins de boue blanchie et figée, ses bosquets refuges des renards, et plus haut le ciel encore strié par le passage d'avions maintenant invisibles !

-4-

Y-a-t-il rêve plus beau que ce réel qui s'offre à lui dans sa blancheur que rehausse le soleil ? Il cueille une simple herbe dans sa robe de glace et s'approche au plus près pour regarder la lumière jouer avec le givre, herbe joyau qui le ramène à la fraicheur de l'air qu'il respire, subtile nourriture au goût exquis !



-5-

Pas âme qui vive  sur le chemin du retour ! Nul oiseau dans le ciel ! Nul chevreuil qui hume le brouillard auprès des saules aux troncs difformes et béants qui bordent le petit Rhône. L'eau glacée dans les ornières ne reflètent plus aucun mystère ! Il avance vers la ferme, attentif à chacun de ses pas, dépossédé du rêve d'une vie autre, étrangement en paix sans l'avoir cherché !

-6-

Plus rien ne viendra que ce réel qu'il dit voir et qu'il n'a pas vu dans toute sa profondeur qui se révèle à la mesure de l'unité qui l'habite, comme un diamant envahi par la lumière que le coeur y dépose ! Plus rien ne viendra, comme la mer se retire pour laisser le sable être un autre ciel !



-7-

Plus rien ne viendra que cette douceur qu'on lit sur le visage de ceux qui n'ont plus rien, non-propriétaires jusqu'à la moelle des os, et ce sera bien, espace où chante chaque détail aussi infime soit-il, chaque sourire offert pour que les chaines se délient, chaque herbe sous le givre qui habite un regard pur !

samedi 10 décembre 2011

Dialogue

Il y a une Conscience
qui n'est plus sienne !
Il s'est absenté,
envol bref de celui
qui se prend pour quelqu'un !

Il y a de la fragilité,
indicible tendresse ;

avec elle, une feuille d'arbre
est un monde infini,
le coeur d'une fleur
à la beauté d'un Vermeer !

avec elle, l'autre
devient mystère
à vénérer !

Mais les murs reviennent,
tout apparait terne !

Que s'est-il passé ?
Pourquoi être à nouveau
en ce désert ?

Pourquoi s'est-il regardé ?


Franz Schubert: Piano Trio No.2 in E flat, Op. 100, D. 929, 2: Andante con moto

vendredi 9 décembre 2011

"Pour ton sourire" de Jorane

Vers l'inconnu

Entre ses mains
une pomme de cèdre
ressemble à une rose des sables.

Il ne sait pas s'il y a là
un dessein intelligent,
mais il admire ses pignons
disposés de manière
presque parfaite.

Tout va bien.
Il ne sait rien
de ce qui est  disposé
en ses profondeurs.

Mais tout va bien.
Un courant l'entraine
vers une rose des sables inconnue
dans la lumière !

jeudi 8 décembre 2011

Lucydann : "je funambule"

Alain Bashung - Il voyage en solitaire


Paroles et musique: Gérard Manset, 1974


Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire.
Il chante la terre.
Il chante la terre

Et c'est une vie sans mystère
Qui se passe de commentaires.
Pendant des journées entières,
Il chante la terre.

Mais il est seul.
Un jour,
L'amour
L'a quitté, s'en est allé
Faire un tour de l'autre côté
D'une ville où y'avait pas de place
Pour se garer.

Il voyage en solitaire
Et nul ne l'oblige à se taire.
Il sait ce qu'il a à faire.
Il chante la terre.

Il reste le seul volontaire
Et, puisqu'il n'a plus rien à faire,
Plus fort qu'un armée entière,
Il chante la terre

Mais il est seul.
Un jour,
L'amour
L'a quitté, s'en est allé
Faire un tour de l'autre côté
D'une ville où y'avait pas de place
Pour se garer
Et voilà le miracle en somme,
C'est lorsque sa chanson est bonne,
Car c'est pour la joie qu'elle lui donne
Qu'il chante la terre.

Demande


L'on sait déjà,
c'est pour cela
que chaque seconde
est une étoile.

L'on sait tout
jusqu'au tréfonds,
voir souffrir
et tout se brise.

Alors, on traverse
des murailles,
saute des torrents
pour que se taisent
les blessures.

Chaque larme
demande sa caresse,
chaque abîme
demande son baiser,

et chaque cri
désire un chant
doux à écouter !