mardi 27 décembre 2011

La courbe

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Au matin le brouillard efface les arbres de la colline. ne restent que des masses sombres, comme une chevelure en désordre. Derrière les yeux de la fenêtre, il laisse monter en lui quelques souvenirs de ces repas, rires, éclats de voix, visages et paroles qui se mêlent, comme pour se donner du courage aux approches de l'hiver !



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Et puis tout retourne au silence, comme cet unique corbeau qui traverse le ciel. Chacun reste seul, touché par un sourire, un geste, une douce lumière d'accueil, ou la chaleur d'une embrassade, seul avec ce mystère qu'il est,

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Seul avec ce qui a été et ce qui va advenir. Le brouillard se dissipe un peu. Il écrit sans raison, sans idées, sans horizon ni chemin. Trois, quatre, cinq corbeaux traversent le ciel dans l'autre sens. Quelques coups d'ailes, et il est à nouveau seul.



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Il goûte seulement cette présence à lui-même, à cette respiration. Est-ce encore un poème- ? Est-ce une histoire ? Quel interêt d'écrire qu'il est là, solitaire, dans une chambre, entouré de livres, qu'il regarde par la fenêtre une colline grise de brouillard d'où émergent quelques immeubles ?

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Pourtant cet être là  contient toute paix, loin des pensées qui tourbillonnent ! Cet être là est consentement de plus en plus profond à ce qui lui est donné et une eau y coule, indéfinissable, une eau précieuse qu'il recueille dans des mots simples et partage au regard des passants !





- 6 -

Il ne peut donner que ce silence et cette pauvreté, sans s'impatienter que tarde le printemps. Il donne ce qu'il est. Ni consolation, ni désolation. Ouvert seulement, et juste en cet instant, un pigeon qui monte en vol du jardin, fait une courbe gracieuse devant la fenêtre puis redescend !

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Il garde cette image quelques secondes en sa mémoire, comme un dessin subtil que lui offre la vie, une courbe toute en douceur, ample et délivrée de toute inquiétude, une courbe qui était exultation de l'oiseau en vol, cadeau offert pour rien, signature dans l'espace d'une liberté qui l'invite !

le brouillard a disparu !

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