mardi 31 mai 2011

Le tour de l'ile



Félix Leclerc, c'est tout .

L'orée

Il grandit
dans ce pas de nuit
où il se quitte,

autre rive silencieuse

où tout ce qu'il a été
lui apparait
mensonge,

là, au coeur
d'une forêt
où les étoiles
se cachent,

avec l'orée
comme seul rêve.

lundi 30 mai 2011

Matin de mai II

-4-

Etrange paix comme un rappel, loin des scandales, gouttes de boue qui éclaboussent par les écrans, l'envol des regards. Pourtant les cerises restent rouges et attirent tous les oiseaux du quartier dans un délire de chants matinaux. Et des hommes tristes et gris vont à leur travail !



-5-

Tout est prêt. Les iris bleus sont des flambeaux de fraîcheur. "Reste là, Reste là" pépient des moineaux dans cette présence. Il voit à présent ce qu'il ne voyait pas, à hauteur de genou, un enfant aux yeux si bleus que le ciel en pâlit et qui dévore un abricot !





-6-

Ou un fleuve infranchissable qui le sépare de gens affairés, portable à l'oreille, sûrs de leur pouvoir, croyant mettre le monde à leurs ordres. Par la fenêtre, il continue à admirer la danse des arbres, grands balais verts qui dispersent des traces d'obscurité et l'aident à rejoindre ce lieu sans lieu, où tout est célébration, où un chant envahit l'espace et vibre avec lui !



-7-

Les arbres , maintenant, ne bougent plus. Plus un souffle ! Quelques lueurs demeurent entre les branches. Il aurait voulu chanter plus fort et au plus près de ce cri sans mots. Mais déjà le papier redevient blanc, d'une blancheur qui convient à ce chant qui secrètement cherche à naître !

dimanche 29 mai 2011

Matin de mai I

-1-

Silencieuse plante sans nom, au bord du sentier qui mène au Haut-du-lièvre, parfaite en sa forme. Elle est, simplement. Plus haut, à côté d'une maison, un enfant, cheveux noirs, joue au ballon, entouré de pins qui semblent soutenir la voûte pure du ciel. On pourrait croire avec les hirondelles qui s'éloignent par jeu des arbres luisants de lumière, que tout est tranquille !



-2-

Chacun et chaque chose ont retouvé leur place. Nul piétinement ! Un homme écrit et suit des yeux la trace blanche d'un avion à réaction. De l'autre côté de la rue, une femme blonde nettoie les vitres de sa cuisine. Sans doute désire-t-elle que la lumière rentre à flots ? Des peupliers et des hêtres se balancent à droite, puis à gauche, mais c'est avec une telle douceur que le vent semble n'y être pour rien.



-3-

D'ailleurs il arrive qu'une seule feuille tremble dans le soleil, alors qu'il n'y a aucun souffle d'air. Elle danse alors presque frénétiquement. Prient-elles ses feuilles pour la douceur du regard de l'homme ? Il reste là, immobile devant ce balancement. Les feuillages prolongent sa paix qu'il ne comprend pas.





-4-

Paix qui rejoint l'abeille qui vaque à son pollen, ou le papillon qui applaudit à deux ailes les roses joufflues où ivre-morts de parfum, des scarabées verts s'endorment ! Paix d'un jour de mai où dans les allées du marché ne demeurent que les éclats de voix joueurs des marchands à leur étal. C'est comme si tous ces visages, du plus enfantin et transparent au plus raviné, voulaient laisser être la lumière !


samedi 28 mai 2011

Que là

Il n'y a eu
que là,

la seule intuition,
le seul message,

contre vents et marées,

où tout serait sensible
même le granit noir
qui brille près du glacier,



voir derrière le ciel,
voir sous la terre,

voir les battements d'un coeur
qui se propage,

et au-delà des rires
et des larmes,

l'univers contre
la joue d'une enfant

vendredi 27 mai 2011

La saveur du réel

Il marchait sur un pied sans savoir où il poserait l’autre. Au tournant de la rue le vent balayait la poussière et sa bouche avide engouffrait tout l’espace.
Il se mit à courir espérant s’envoler d’un moment à l’autre, mais au bord du ruisseau les paves étaient humides et ses bras battants l’air n’ont pu le retenir. Dans sa chute il comprit qu’il était plus lourd que son rêve et il aima, depuis, le poids qui l’avait fait tomber.

Pierre Reverdy, « Poèmes en prose », in Œuvres complètes, tome 1, Flammarion 2010, p. 57 



Graine

Graine au gré du vent,
où se posera-t-elle ?

Sème ceux qui s'aiment,

déjà ailleurs
avant que le fruit
tombe de l'arbre,

emportés
par l'eau pure
d'une source

au coeur
de l'oubli d'eux-même !

jeudi 26 mai 2011

Encore une voix sublime !

Un quart d'heure pour découvrir Pierre-Albert Jourdan, un poète méconnu




Croire aux mots comme souliers et non comme épingles de fixation.

Il faudrait parler au-dessus de soi, comme on aide quelqu'un à franchir un mur.

Désapprendre pour s'ouvrir.

De la façon dont tu peux te couler en ce monde dépend la façon dont ce monde coulera en toi.

Ce ne sont pas les nuages qui sont menaçants. C'est la fixité du regard qui les ignore.

La sacralité du geste : l'anti-désordre.

Le vide de ton esprit porte l'échelle.

Le Tao dit : "Il préfère être éparpillé comme des cailloux."
L'idée de mur lui est sortie de la tête.

Je rêve d'une pensée qui m'accomplirait...
Fleur ou bâton ? Bâton, sans doute, pour m'éviter l'assoupissement.

L'air est enfiévré. Et toi, tu ne ressens que la fatigue, l'hébétude. Cet amandier rose contre le vert des cyprès et le bleu puissant du ciel ? Non, décidément, tu ne portes pas les couleurs. Délavé, lavette.

Avec, pour compagne, une courbe de colline dans la brume du soir. S'effacer devant elle. S'efforcer de rendre cette politesse toute naturelle, sans effort.

Ne cherche pas, oublie tout ce fatras. Approche-toi seulement de cette touffe de thym. Il y a tant à oublier. La démesure de l'action, la plaie de l'action. Réduis tes gestes. Reste là, proche de ce balancement des herbes à hauteur de ton visage. Enfonce-toi. Accède à ce seul rythme.

Tu as tout le feuillage pour disparaître. Et quand disparaîtra le feuillage, c'est toi qui deviendras feuillage.

C'est aussi une cathédrale l'amandier en fleurs tout bourdonnant d' abeilles.

Le socle de lumière, à travers le fugitif.

Offrande, comme glissée d'une main absente.

Tremblement du matin. Souffle si léger qu'on le dirait messager. Feuillages caressés sans bruit. Douce toilette. Simple messager, porteur de baume, de la liqueur de vie. Messager qui efface les murailles, ne laisse qu'une façade. Qui te laisse cette façade, que tu l'effaces, que tu rejoignes ce messager. Pas besoin de gaspiller tes forces. Comment dire ? C'est un travail d'esprit à esprit, d'éliminations successives. Le messager est immobile, il te voit nommer les distances mais que pourrait-il savoir de l'éloignement, lui qui est proximité, qui est matin ?

N'ajoute rien. Garde en toi le retrait. Ne laisse pas l'émotion submerger ce paysage.

Sur la crête, parmi les herbes.

À cette heure où débute le concert des crapauds, qui va s'amplifiant, l'apaisement vient sur vous, glissant du végétal pour vous entourer de la même sollicitude. Comme un châle posé sur les épaules, presque à ce niveau physique. On s'éloigne de soi. On se trouve mêlé, anonyme, à un consentement qui, en montant, efface les limites entre ciel et terre.

Célébrer, célébrer, pas autre chose.

Extase. Je ne trouve pas d'autre mot, il n'y a pas de mots pour qualifier ce moment, ce calme. Vapeurs d'herbe pour encens. Et cette montée de la terre. J'éprouve une sorte de fièvre, comme si mon corps réagissait à cette communication (communion). On me doterait d'ailes, à l'instant, que je les déposerais dans l'herbe comme offrande.

C'est quelque chose comme une salutation. S'incliner. S'incliner parce que redressé.

Avec l'herbe et le feu : voilà l'échelle.

Ce sont des courants de lumière, où le végétal se laisse porter. Un acte de foi. La crainte n'entre pas dans ce monde foisonnant, ce babil vert.

Les nuages dessinent le Souffle.

Ce n'est pas tout de découvrir cette merveilleuse lumière sur les crêtes d'oliviers, encore faudrait-il qu'il y ait en toi un répondant.

Toute une philosophie à portée d'herbe. Savoir mâcher cet enseignement.

La plante ne craint pas le retour du gel, elle s'offre dans sa floraison prématurée. Elle est avancée au bord du gouffre. Au coeur même de la vérité, rose comme un ciel qui annonce un vent violent.

Faire sa place à la nudité, à la confiance, à l'offrande. Savoir, en face, se simplifier.

Ce claquement des feuillets malmenés par le vent : ne l'oublie pas !

Accepte que vienne le monde, dormeur du sens.

Le paysage est mortel quand il s'embourbe dans l'esprit. Ne le regarde plus, ce n'est pas le paysage.

La voie est libre où tu circules, prisonnier.

Nous montons, je crois...
Certes, mon ami, il est indéniable que nous montons. Mais l'important serait de savoir qui monte.

Quelle réponse voudrais-tu entendre ? Inutile de poser des questions, dis-moi simplement quelle réponse tu voudrais entendre. Cherche.

Se placer dans une vaste perspective histrionique.

Tu es heureux avec ton bout de papier. Le mécanisme fonctionne. Plié à cette ruse, le sais-tu ? – Mais cette ruse, mon ami, n'endort pas.

Faire son jour comme on dit faire son trou. Mais pas en s'enterrant. En s'aérant.
Avec des mots, bien sûr, mais aussi avec ce que le dérapage des mots peut t'apporter de distance par rapport à eux. T'éloigner d'une souveraineté suspecte.

Amulettes de paroles, allumettes usées.

En un très court laps de temps le brouillard a tout envahi. Pourquoi cette légère oppression ? N'est-ce pas ton monde vrai ?

Communion des cerisiers. N'y participer qu'avec une ombre allégée.

Heurté aux obstacles, peux-tu bénir les obstacles ?

L'intime désastre est la seule ressource.

Comment pourrions-nous nous désolidariser de cette mort que nous portons en nous, qui nous appartient tout autant que nous lui appartenons ? Le rêve serait de lui ménager un espace où la rencontre se ferait dans la dignité. Sorte de suprême politesse où la salve des salutations l'emporterait sur les gémissements. Mais cet espace n'est inclus que dans l'impensable du saut, dans ce mouvement de bascule qui annule l'autre espace, celui où l'on croyait avancer... Plus intime la mort, longuement convoyée, plus proche et peut-être, plus encore pourvoyeuse d'espace, ici-même et, qui sait, là-bas. Là-bas où les chimères se glacent.

J'entends le verdict tomber d'un figuier : cette large feuille qui soudain s'étouffe contre la terre.

Sortie, comme on se glisse par mégarde dans une ville, une foule ; comme on se découvre à la fois démuni et protégé. Comme on s'effraie de ces silhouettes grotesques dont toute vie véritable semble s'être retirée. On nage en pleine désertion. Le choc est d'autant plus fort que l'on se sait démuni, fragile ; avec une sorte d'angoisse (pourvu qu'il ne m'arrive rien dans la rue) qui ne veut pas céder.
Je songe aux masques d'Ensor. La grande danse macabre, le carnaval d'inconsistance. Mon Dieu comment faire pour que la vie retrouve cette folle dignité qui devrait être la sienne ? Ou bien ma vue est-elle si déformée ?
Démuni, disais-je, et protégé. À l'écart, sur un banc. Pas un tonneau, non. Et quelques lueurs que je garde encore, à l'abri dans le creux de mes mains comme une flamme vacillante, comme une promesse qui restera promesse.

Comme s'il se faisait un grand vide et tu t'épuises à vouloir le remplir – mais le coeur s'y refuse. Nul choix n'est possible. Tout est en place, tout existe si fort. Ne bouge donc pas, laisse simplement grandir en toi cet amour qui est, en fait, le seul contrepoint. Cet amour qui ne s'accroche pas.

Sous cet éclairage ce que l'on retient (non pas le plus volontiers, car cela s'impose en fait) c'est la douceur de l'instant. Grappe de raisin élevée dans la lumière. Quelque chose de semblable. Qui vient aux lèvres. Prononcer le merci à voix très basse, ne rien effaroucher.

Il est vrai que nous rôdons sans cesse autour de cet espace sans espace où nous n'entrons jamais, vivants. Il semble même, parfois, qu'il nous constitue. Mais nous avons cette fâcheuse habitude de le prendre à l'envers : la crainte qu'il nous inspire n'est peut-être que celle de la vie. C'est même certain.

*

Cousu de bleu

Curieuse façon du silence que d'imposer ce chant d'un coq lointain, de renverser les saisons, de faire venir au goût cet été sommeillant, éternel. Cette solaire enfance.
Visitation du silence. Ici, entouré de présences plus fortes qu'un hiver. Ici où, presque, la parole m'est retirée, m'est donné ce glissement non pas fataliste mais comme une résignation plus haute. Que, par exemple, ce dialogue muet est plus important ; que la vérification du lieu se passe de paroles, passe uniquement par le corps comme une source qui irriguerait.
Trois points lumineux où se cache le soleil sous une masse grise, c'est un signe et il se change en ces fumées lointaines au pied du mont, en rouge-gorge sur une branche nue de micocoulier, en cette main qui trébuche sur le papier. Mobilité du signe mais aussi profonde mutation d'être. Les barrières sont si légères ! Tu as vu cela avec quels yeux ? Les yeux de celui qui brûlait. Et il l'ignorait. Comme j'ignore cette bourrasque de neige sur la montagne et comme elle m'aspire maintenant, me rend à la présence en m'éblouissant.
Ce moi pulvérisé est mon moi. Cela se dévide hors de moi, hors de mon ventre. Cela s'envole. Car le parcours est infini. Épuisant parce que tu veux tenir, retenir. Est épuisante l'infinité parce que mort est en toi. Une certaine image de la mort. Son autre versant est neige aussi, est la même infinité. Le peu que s'ouvrent les barrières : tu ne reviens pas entier. C'est le pas gagné.
Tu absorbes le froid. Il a démantelé les raisons de ta " personne ". J'entends bien : personne, ici personne, c'est une multitude de liens, personne au sein d'une multitude de présences. Et il n'y a rien à rassembler. Tout est rassemblé. D'énormes distances sont franchies qui me font m'abandonner. Abandonner cet écran. Moi-écran. Mains-oiseaux dans le froid et le passage et l'éclat. Et la percée du soleil, et l'envol des plumes neigeuses, le rebondissement d'arbres en arbres, écoutant l'autre voix, son éternel regain, sa façon d'essaimer le rien. De m'en éblouir. De me tuer ainsi.
Déchire ce bouclier dérisoire !
Alors, de neige en soleil, tu cueilleras l'unique fleur et les voyages s'ouvriront à son parfum de lumière. Le silence revient, il ouvre le ciel. Il porte ce bleu profond que tu es, de toute éternité, toi, l'accroc de ce bleu. Toi, repriseur de bleu. Toi, cousu de bleu.

mercredi 25 mai 2011

Ne pas en revenir

Toujours les mots qui manquent
pour ces ailes roses et grises
crépusculaires
qui déjà s'éteignent,
se cache dans l'ombre
des arbres !

Il ne reste plus
que des déchirures,
des plis sur un ventre
encore blanc
avant la plongée
dans la nuit.

Qu'y a-t-il à saisir ?
Derrière cette fenêtre,
rien, sauf qu'on
n'en revient pas soi-même
d'être assis et de voir.

mardi 24 mai 2011

Manquer d'amour

Denis Marquet - Besoin d’amour ?


Nous manquons d’amour. Quand nous explorons notre histoire, nous pouvons découvrir les causes de ce manque dans l’insuffisance à aimer des êtres qui se sont occupés de nous enfant.

Nous n’avons pas assez reçu, pas assez de soins, de toucher juste, de parole aimante, d’accueil et d’attention... Mais le point de vue psy (psychanalyse, psychothérapie, psychologie) ne va pas au fond du problème. Car si l’on y regarde de plus près, qui ne manque pas d’amour ? Même ayant eu les parents les plus attentifs, même avec les meilleurs amis du monde et le conjoint le plus amoureux, notre besoin d’amour peut-il être comblé ? On peut se le faire croire : il suffit de déplacer le manque sur autre chose (je n’ai pas assez d’argent, de considération, de pouvoir...) ou de s’anesthésier suffisamment pour ne plus éprouver la morsure de l’insatisfaction (par le travail, le divertissement, la rêverie, la consommation, etc.).

On peut aussi le faire croire aux autres en jouant la comédie valorisante de l’autosuffisance. Mais en toute honnêteté, qui peut se dire étranger à la carence affective ? L’être humain est l’animal qui manque d’amour.

Quelle peut être la raison de cet étrange phénomène ? Risquons une hypothèse : c’est que notre besoin d’amour est infini. Ce qui signifie que seul peut nous combler un amour infini. Voilà pourquoi nous sommes perpétuellement insatisfaits : car personne au monde ne peut nous gratifier d’un tel amour. Nous le mendions autour de nous, projetant sur autrui notre impossible aspiration et lui en voulant de ne pas nous apporter la plénitude. Mais soyons réaliste : ni père ni mère, ni amant ni amante, ni enfant ni ami ne combleront jamais notre aspiration à être aimé.

Faut-il pour autant désespérer ? Non ! Car si nous sommes travaillé par la nostalgie d’un amour infini, c’est que nous le portons en nous. Au plus intime de nous-même réside cet amour sans limite. Si nous cessons de le chercher où il n’est pas, dans ce monde extérieur où nous ne savons que projeter nos manques, alors nous le découvrirons. Non pas en espérant le recevoir de nous-même comme auparavant nous l’attendions des autres, mais en le prodiguant. Car l’amour est don. On ne l’éprouve donc qu’en le donnant.

La méthode en est simple : offrir ce que je souhaite recevoir. Je désire un geste de tendresse ? Je donne un geste de tendresse. Je veux que l’on m’écoute ? Je donne de l’écoute. J’ai besoin d’amour ? Je donne de l’amour. Alors, l’amour me traverse et je suis comblé. Car, au plus intime de moi, j’en ai découvert la source infinie.

Car manquer d’amour, c’est manquer d’aimer. Comme le dit encore Tariq Demens : « On ne manque jamais que de ne pas donner ce dont on croit manquer».

Denis Marquet, philosophe

Sur un fil

La pie
au plus haut du sapin,
quelle vue !

menacée par le vent,
dans un équilibre incertain,

et cette jeune fille
qui marchait par défi
au milieu des voitures,
sur une ligne blanche,

vies fragiles
sur un fil,
toujours à la merci
de l'abîme,

c'est à toute vie
qu'il pense
maintenant !

lundi 23 mai 2011

Tout se transforme II

-5-

Tout est maintenant emporté !

Que suit la parole
lorsqu'elle ne cherche plus
à ravir le monde ?

Peut-être est-elle
avec les volutes des martinets
qui donnent toute la place
au vide du ciel ?



Peut-être passe-t-elle
entre les corps
des amoureux
qui se rejoignent ?

Peut-être devient-elle
du sable que le vent façonne ?

-6-

Et s'i n'y avait plus
rien à exprimer,
que resterait-il ?

Toute distance disparait,
les mots sont des fils
de la Vierge qu'on écarte
d'un revers de la main
sur un sentier de montagne,



ou des couleurs sur la toile
qui donnent aux regards
d'être un seul,

tous se rejoignent
vraiment ouverts !

-7-

Peut-être ce rêve
est-il là au départ,

et que si le sang
est rouge pour chacun,

chacun a le même cri,
la même larme,
la même souffrance à vivre
comme une griffe
accrochée au ventre !


Peut-être
dans cette reconnaissance,
dans cette conscience
serait-il temps
que tout se transforme ?

dimanche 22 mai 2011

Tout se transforme I

-1-

Dans cette proximité,
les arbres ont-ils
vraiment des feuilles,
et les roses du jardin
qui pleurent leurs pétales
sont-elles plus que des fleurs ?

Une mésange se faufile
entre les branches
de l'inextricable chèvrefeuille.
Tout se déroule
imperturbablement.
Les nuages chaque fois
reviennent  et le cerisier
invite tous ceux qui veulent
à son festin.



-II-

Il y a cette réalité
qui ne parle pas,
ne disserte pas,

comme ornée de silence,

et pendant qu'un rouge-queue
répète son pépiement
sans impatience,





dans les maisons
des hommes et des femmes
sortent à peine de leurs rêves,

et déjà ils échafaudent
des plans sur la comète
sans un regard pour le ciel
qui n'est plus le même qu'hier !

-3-

Ce monde pourtant est le leur
qu'ils habitent si mal.

C'est à peine si dans l'enfance
ils ont caressé
l'écorce d'un chêne
ou roulé dans l'herbe haute
que dore le soleil.

Ont-ils entrevu
ces étoiles qui tournent
et appellent
dans le regard clair
de celles ou de ceux
qu'ils aiment ?
Et déjà tout s'obscurcit.

-4-

Pourtant cette douceur sacrée
qui vient desserrer
les noeuds les plus secrets,

déjà là
en ce matin de mai
où les jardins se recouvrent
d'un or insaisissable,



passe dans un frémissement
et tout rajeunit !

Chacun pourrait-il voir
ce qui bondit,
la fllamme de tout ce qui vit
échappée aux plis amers
des lèvres de la nuit ?

samedi 21 mai 2011

Espace toujours

Eclairs

-1-

Le temps d'ouvrir les yeux,
de murmurer :
"pourquoi ce mépris
de la lumière ?",
deux oiseaux,
deux colombes ?,
déchirent le ciel
et disparaissent
au dessus du pont !



-2-

Les rivières initient
au mouvement :
les rides sur l'eau
de la péniche
forment une flèche
que suit un cygne
au long cou blanc.



-3-

Les buses sont là
sur leur piquet
de champs
pour guetter
les regards purs
des hommes !





-4-

Le héron
au bord du canal
ne bouge plus.
Dort-il
sur sa patte frêle ?
Qui donc lui donne
le signal de l'envol ?

jeudi 19 mai 2011

Aguirre ou la colère de Dieu

Musique tirée du film de Werner Herzog, Aguirre ou la colère de Dieu, avec Klaus Kinski

le vrai visage

"Une grand-mère, l'oeil endormi
Se rencontre elle-même dans un vieux miroir.
Elle voit clairement un visage,
Mais il ne lui ressemble absolument pas." Tozan Rijokaï



Personne

Le sentier se perd
entre la bruyère
et les myrtilliers,

Solitaire,
un pin parasol
surgit de la brume,



Un oiseau gris
aussi perdu
que lui,
est devenu
son seul ami,

A la fontaine
des chasseurs
le vieux bassin
est recouvert
d'anciennes feuilles d'or,

La roche des fées
n'abrite plus
que le silence.


mercredi 18 mai 2011

Plein de vie

Soyez plein de vie partout ou vous allez, et rien ni personne ne vous sera étranger !

Mâ Anandamayî

mardi 17 mai 2011

Le parc sous la pluie

Il était un enfant
descendant l'allée
du parc noyé
sous la pluie.

Comment écrire
ce moment de perte
et de retrouvailles ?

Qu'a-t-il compris
en cet instant,
souliers et âme
mouillés ?

Il n'y avait rien,
le grand parc,
quelques lampadaires,
des fenêtres allumées.

Mais il y avait tout,
il était un enfant
descendant l'allée !

lundi 16 mai 2011

L'attente du merle

Une image revient :
Une jeune merle
sur le muret
dont la penne
est soulevée
par le vent.
Il est là, silencieux.
Il attend, sait-il ?

Il écrit et pense à lui
Il attend, sait-t-il ?
S'il savait
ce qu'il attend,
attendrai-t-il encore ?

Respiration
après respiration
où est l'aurore ?

dimanche 15 mai 2011

laurie anderson / bodies in motion




We embody the spirit of motion.
We're bodies in motion. We're bodies in motion.

We dig down in the ocean. Swing up to the stars.
We own the moon and the earth. We're masters of Mars.
We're bodies in motion. We embody the spirit of motion.

Our ancestors cowered in caves
Afraid if the dark and the thunder.
Wrapped tip in black magic and rage
They were slaves to their hunger.
Now we fly across mountains in planes
We know aII about time and big numbers.
We're bodies in motion.
We embody the spirit of motion.

I love you with aII my heart You have my devotion.
I loved you from the start. We're bodies in motion.
We embody the spirit of motion.

Ooo the weight of the world. Eternal spin.
Puts a dent in my shoulder.
A burn in my spin. A burn in my spin.

Some say the future is crowds fighting for water and space.
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Chaotic and dark and loud, everything used up and taken.

But I say the future's within the still point of the mind
Where we escape the bounds of earth
And break the bonds of time.

If somebody asked me to design a religion
I would make it aIl about snow.
No good or evil and no suffering.
Just perfect crystals spinning
In ecstasy ecstasy ecstasy ecstasy.

Ooo the weight of the world. Etemal spin.
Puts a dent in my shoulder.
A burn in my spin. A bum in my spin.

Ooo the weight of the world. Etemal spin.
Puts a dent in my shoulder.
A burn in my spin. A bum in my spin.

We dig down in the ocean. Swing up to the stars.
We own the moon and the earth. We're masters of Mars.
We're bodies in motion. We embody the spirit of motion.
We're bodies in motion. We embody the spirit of motion.

samedi 14 mai 2011

Ce jour peut vivre

-1-

Tout continue dans un pépiement d'oiseaux invisibles. Les fenêtres s'entrouvrent, des pensées partent plus loin au dessus des arbres en gloire. Il regarde son cahier qui recule, la table qui s'éloigne, la blancheur de la lampe qui n'éclaire plus rien. Plus aucun visage ne vient le retenir. Veille-t-il seulement sur sa chaise boîteuse ? Il lève plutôt la tête, ferme les yeux pour entrouvrir son espace.

-2-

C'est comme un arrachement. Nudité d'un coeur que plus rien ne saisit, à l'écoute d'une lumière qui vole librement au-dessus d'un monde assourdissant. Il suit ce qu'il ne voit pas, dans la splendeur de chaque instant, reconnaissance du parfum du cèdre après l'averse. Il n'arrive pas à dire ce qu'il veut dire, comme un enfant n'arrive pas à sortir de son déguisement, crie, appelle sa mère, et voit une eau claire dans le regard qui le délivre !

-3-

C'est lui qu'il rencontre, comme une splendeur oubliée, un grand parc silencieux où des arbres centenaires préservent un espace de feu. C'est lui en sa noblesse de rosée, le corps léger qui touche à peine l'herbe de ses pieds, qui trouve vérité à avancer toujours, alors que le soir transforme en labyrinthe de pénombres la forêt du monde. C'est lui qui ignore toutes les voix perdues qui errent dans la maison silencieuse où bientôt ne vivra plus que la poussière.

-4-

Il y a plus en lui qu'il ne pourra jamais le reconnaître. Ce n'est plus deux yeux, mais une cascade dans son ivresse blanche, ni deux poumons, mais un vent subtil qui repousse l'horizon pour y loger un immortel cri. Ce n'est plus deux mains, mais la terre et son âpre parfum, ni deux jambes mais une danse qui emporte avec elle toutes les galaxies.



-5-

Voilà la seule réalité, l'inouï à venir, corps qui se prolonge, suit la courbe des vagues ou la rivière sinueuse, se
penche au dessus de l'enfant qui dort pour éclairer son rêve, corps sans pesanteur qui donne sa caresse au mélèze duveteux, à l'aile luisante du corbeau méprisée, rejoint d'un même élan la douceur d'une dune, la courbe d'une épaule, corps que la peur et le nombril ne nourissent plus, mais passe les miradors et se glisse par les serrures noires des prisons jusqu'à la larme perdue !

-6-

Et c'est  maintenant que tout arrive, par le front épuisé qui laisse son empreinte sur le sol, par la coupe de détresse bue avec celle du refus, par le désir abrupt qui retrouve sa lumière, et un autre coeur qui ne veut plus être une mort pour lui-même, mais trouve un peu de sa conscience près de la rose et son parfum.





-7-

Ce jour tout autre peut vivre, puisqu'il se contente d'un rien, un éclat de soleil au bord de la colline, une lueur dans une chevelure, la langue inconnue d'un enfant qui se croit seul, ou le rire d'eau fraîche d'une femme qui ne sait pas qu 'elle entrouvre le ciel. Ce jour est là, loin de l'immense mensonge de la mort qu'on organise !

vendredi 13 mai 2011

le royaume perdu


Leny Escudero chante le "Royaume Perdu" !

Nomades

Lorsqu'il n'est plus rien resté,
c'était un ciel plein d'étoiles,

libre de tout lien,

avec partout
des maisons écroulées,

et nulle trace de morts,

seulement des fleurs
qui poussent sans effort
parmi les ruines,

et des nomades
qui vont plus loin,

avec dans le regard
la lumière de l'enfant,

qui en son royaume
n'a besoin de rien !

Il l'est

Ce qu'il signifie,

autre, toujours autre,

que la peau,
les pensées,

étroit univers
où rien n'est connu,

vol hors du filet,

ce ciel épousé,
il l'est,
il le respire,

où le visage
inenvisageable
advient !

mercredi 11 mai 2011

une chanson toujours d'actualité en ces temps de fermeture et une voix !, une vraie !





Môrice Bénin chante "mon pays n'existe pas" (1972)

C'est sa seule vie

C'est sa seule vie,
sa seule réponse
aux effacements
de la nuit
toujours aux aguets,

quand il se lève
par ses mots
qui naissent sans raison.

C'est sa seule vérité
dans la reconnaissance
du vide où il dépose
ses lucioles au hasard,

offrande qui échappe
au sommeil
et qui lui donne
d'être en ce mouvement.

C'est son seul courage
quand tout effort
n'est que résistance
au plus vaste qui nait
par le sourire d'une étoile,

abandon comme s'il
devait reconnaître
l'écroulement défintif
de sa précieuse demeure,

pour être pauvre et nu
sur un rocher
qui heurte sa chair
et sous un soleil
qui le prend en main !

mardi 10 mai 2011

Chanson d'enfant

La Chanson du Vrai Monde

Vous dites que je suis trop petit
Pour contenir la Lune
Qu 'est-ce que vous en savez ?
Vous n 'êtes pas ici !
Ici, chez moi, c 'est immense,
Ce n 'est jamais fini
Chez moi c 'est grand ouvert
Chez moi c 'est infini.

(Refrain :)
C 'est le Vrai Monde
Celui que tout le monde peut voir
Mais qu 'on oublie de regarder.

Moi, une tête ?
Vous vous trompez !
De tête Ici, pas de trace,
Il n'y a que l'Espace
Et vous pouvez entrer !
Entre mes deux oreilles I
Il n'y a que le monde, c'est clair !
Et quand je mets ma casquette
Elle coiffe l'Univers !


C'est le Vrai Monde
Celui que tout le monde peut voir
Mais qu 'on oublie de regarder.


Je ne suis pas, comme vous le croyez,
Opaque, solide et petit.
Je suis, vous êtes, mais regardez !
Transparent et Infini.
Quand je vais à l'école,
Au-dessus de mon col
Il n'y a que les galaxies !

C'est le Vrai Monde
Celui que tout le monde peut voir
Mais qu 'on oublie de regarder.



Et quand je me tourne vers Toi,
Qui que Tu sois,
Mon visage est pour Toi,
Ton visage est pour moi.
Je suis Toi, Tu es Moi,
Entre ! C'est vaste Chez moi,
Bienvenue à Toi.
Si on regarde bien,
On n 'a pas une tête,
On a un cœur immense,
Et ce cœur est plein de Lumière,
Et cette Lumière nous donne envie d'aimer.

Catherine Harding


lundi 9 mai 2011

Le corps

Sur le plan corporel, il faut obtenir un état musculaire neutre, sans attraction ni répulsion. Il nous est facile de remarquer combien nous sommes continuellement en défense vis à vis de notre environnement et que cet état de défense perturbe notre physiologie. Non seulement les répulsions déclenchent tout un système de contractures plus ou moins durables, mais l'attraction également avec son cortège d'avidités et d'impatiences, crée dans le corps la même tension. Cet état de tension continuel nous transforme souvent en pitoyables marionnettes aux mouvements saccadés, esclaves de tics ridicules. Il faut prendre conscience de cet état de fait dans un esprit de lucidité sereine excluant formellement toute idée de culpabilité, de mérite et même de volonté de changement. Ainsi seulement pourra surgir la réaction décisive qui nous évitera de réintégrer  nos cadres habituels. Il faut arriver à bien comprendre que le corps n'est rien d'autre qu'une idée. Il n'est rien d'autre qu'un assemblage d'idées cristallisées, fixées et soilidifiées par la répétition, l'habitude, la stagnation. On obtiendra la régénération du corps par une thérapeutique qui consistera dans l'établissement d'un processus inverse d'attention discriminatrice et dissolvante, aboutissant à la destruction des "scléroses". Car le corps n'est rien d'autre, en dernier ressort qu'un ensemble de "scléroses mentales" que le mental seul a produites par ses mauvaises habitudes, et que le mental seul peut détruire par un processus inverse. Ce processus inverse nous met à la fin en possession d'un corps régénéré, purifié, qui correspond à ce qu'on appelle, en langage chrétien, le "corps glorieux"

Jean Klein, "la Joie sans objet"

une photo de Jean Klein

A l'allure des nuages

-1-

Un corbeau
aux ailes tâchées
de blanc
disparaît
dans les jardins;

Le soleil est
en embuscade
derrière le linge
gris des nuages!

-2-

C'est ici
qu'il joue sa musique,
profonde solitude
paisible,

sans regrets
et sans rêves,

c'est ici
qu'il écoute le réveil
dans la chambre,

qu'il sent un peu
le froid
monter le long
des jambes !

Cela n'aurait pu être
autrement !

Les mots viennent
à l'allure des nuages !

-3-

Il n'y a rien
à changer !

Déjà est l'ouvert,
la seule conscience

Tout doit se taire,

mais comme une fleur
se tait,
ou la lune,
ou la mer
qui déferle !

Et pour cela
il n'y a rien à faire!

Tout est déjà pur,
les pensées,
rien de plus
que des enfants
qui jouent
à côté d'un homme
en paix !

 -4-
Seulement un rire,
une voix, un parfum,

tout ce qui unit,
l'étreinte, le cercle,
les myriades d'étoiles

et aussi les regards
qui vont droit au coeur,

rien d'autre
que l'espace,
la grève des galets
qui chantent,

seulement le vent
et l'écoute du vent
et le large vol
des oiseaux qui ôtent
la souffrance !


dimanche 8 mai 2011

Corvée Saint Jean

A la corvée Saint Jean,
sous les trois marronniers
il est assis dans le vent.

Est-ce lui qui respire ?

A ses pieds, une prairie
de boutons d'or
est prête à être
embrassée ou caressée.

Partout un grand lit
d'herbe ondule !

Il aimerait se perdre
dans ce drap vert,

ne plus bouger,
ne plus respirer,

la terre est belle,
les herbes viennent
avec l'or des fleurs
guérir l'homme,

et il se tait !

vendredi 6 mai 2011

Le lieu du repos

-1-

Le vent court sur les arbres,
les jeunes feuilles encore baignées
du rêve de la sève
se mettent à frissonner.

A ses oreilles, il entend
beaucoup plus que le vent
ou la vague des moteurs
dans la rue,

c'est le chant silencieux
qui vient vers celui
qui ouvre son regard



-2-

Il y a là
tout l'apaisement,

tout l'accueil
d'une prairie
de montagne,

toute l'absence de mots
trop sonores,

tout l'appel à
une lumière simple,

quand la caresse
passe des choses aux êtres,

et que les yeux fermés
le lieu du repos
est honoré !



jeudi 5 mai 2011

Un point, un seul
où revenir toujours
vie chaude, immédiate,

le temps est l'appel
à quitter l'oubli,
l'espace est la liberté
de l'errance,

Ici les arbres
tremblent sans impatience,

entre les maisons
la blancheur d'un nuage
est foudroyante,

Sous les branches
tortueuses du chêne,
des gouttes de lumière !

mercredi 4 mai 2011

Laisser être

-1-

Cela chante

dans le dépassement

comme si ouvrir les mains
laissait le monde
à sa lumière,

non-saisissement,

toute chose
trouve sa caresse,

même un livre
sur une étagère
a une patience
qu'il ne connaissait pas !

-2-

Souterrain flux d'étoiles
qui dansent
et rejoignent l'aube
et la forêt rose
en prière,

il est une clairière
dans sa chambre,
un arbre qui
ne connait pas le temps,

ou la rivière
qui choisit sa robe,
amoureuse du ciel.





-3-

Laisser être
ce qui a à être,

la vague passe la barrière,
les lèvres se rejoignent,

et les yeux se ferment
quand une porte
s'ouvre seule,

et qu'un visage
est un bouton de rose
dans la blancheur d'un berceau !

-4-

Rien de trop
aux confins de la nuit,

là où il n'ya plus
à répondre
à ceux qui cherchent
le gîte d'une prison.

Ce qui parle
est uniquement

main pour
une autre main,

voix pour
une autre voix
qui tente de percer
les murailles !

lundi 2 mai 2011

Fugitif

Au soir,

passage
d'un oiseau noir,
noix au bec,

en un instant
larges ailes
dans l'espace
cristallin,

puis plus rien,

le ciel,
uniquement le ciel

dimanche 1 mai 2011

la chambre

-1-

Chambre au papier lépreux
vibre encore
de la présence
de celui qui y dormait,
vieilles ceintures
près du radiateur,
chaussures alignés
sous la fenêtre
et au mur des cadres,
une photo de sous-bois,
et une autre, portrait
d'une enfant très pâle
aux lèvres pinçées.



Il écrit dans le lit.
Le vent ne frappe pas
aux fenêtres.
Il écrit la montée du silence
que ne brise pas la mouche
prisonnière de la lumière de la lampe.

-2-

la pendule surmontée
d'une vierge
n'a plus qu'une
seule aiguille.
Eclairés par le soleil
des grains de poussière
se posent lentement
sur le sol.

les trois tiroirs
de la commode
sont tout écaillés.

Ici les voix du monde
n'ont plus d'importance.
Les milliers d'histoires
prisonnières de la rumeur
de la ville s'éloignent.

Que reste-t-il
dans ce silence ?

une porte qui se ferme,
des pas sur le vieux plancher

et la nuit seule !