jeudi 30 juin 2011

O Solitude de Purcell

Baume

L'arbre sans paroles
a tout compris

Chaque feuille en rêve
se posait sur
la violence

La rose était
encore plus belle qu'hier
dans l'innocence
de son parfum

les moineaux
dont on ne voit
jamais les paupières
ont tout de même
fait une prière

les yeux fermés

et de la peine
il n'est rien resté !

mercredi 29 juin 2011

Pelures

L'oignon a-t-il un coeur ?
Une à une
il a retiré ses peaux.

Qu'est-il resté ?

Plus rien ne le protège !

C'est un espace
où être,
où respirer !

mardi 28 juin 2011

Danser

"Danser est comme une méditation. Vous êtes totalement présent à chaque seconde. Le temps n'existe plus. Dès l'instant que vous sortez de cette présence, plus rien ne fonctionne. vraiment la danse est ma méditation...on ne pense pas à ce que l'on va faire plus tard, aux horaires de bus ou je ne sais quoi, la journée passe sans qu'on la voit passer parce que l'on est dans cette présence. Mon travail est un chemin mystique, spirituel."

Carolyn Carlson

lundi 27 juin 2011

Aborigène

Un aveugle chante
avec sa guitare.
Sa voix dans le noir
est un oiseau d'argent.

Aucune cage
ne peut le retenir.

Quelques notes,
un coup d'aile
et voilà l'océan
qui reprend
sa chanson.

Plus haut encore,
et c'est la terre rouge
où il est né
qui l'appelle :
"Plus de peur
pour mon enfant !"

dimanche 26 juin 2011

Chaque brin d'herbe

Chaque brin d'herbe
compte,
chaque fleur,
aussi ignorée
soit elle,
dans les talus
ou les fossés,
chaque pierre
délaissée
sur des cairns solitaires
aux frontières du vent,
chaque visage
rencontré en voyage,
qui par le regard
écrit sa soif
sur le mur du temps !

samedi 25 juin 2011

Ghulam Ali, chanteur pakistanais


Une voix extraordinaire ! Interessant de regarder comment les spectateurs réagissent dans la salle ! Laissez-vous bercer !

Jusqu'à l'oubli

-1-

Est-ce patience ? Toute pensée devient oiseau de passage, et la seule image est un désert à embrasser. Est-ce un cri ? Pourquoi poursuivre le vent ? Personne n'approche une colombe. Même les rêves défilent sur un drap d'or. Et il reste des livres épars. Les lettres d'imprimerie s'écoulent comme du sang vers le sol.

-2-

Il recueille ce vide, cette vérité dans le creux de ses mains. Peut-être y surgira une flamme, qui si elle rend muet, donne aussi la lumière proche de la vie. Non, ce n'est pas un océan de confusion ou fuite éperdue. C'est être ce silence où les fleurs peuvent éclore.

-3-

C'est être ce pauvre qui retrouve noblesse à accorder le paradis au merle qui compose tous les soirs ses sérénades près du cerisier. C'est être toute oreille, tout oeil à ce monde si près du soleil et pourtant si obscur
mais jamais englouti !

-4-

Il est lui-même écriture pour tenir accroché à son arbre, non comme un naufragé, mais tel un danseur qui par son corps écrit le jour, ou la confiance de l'enfant et son regard de voyageur. Il est lui-même une histoire à la fin heureuse où se dépose un baiser : "Tu le vois bien, ce n'était rien !"

-5-

Ce n'était qu'un coeur qui chante, une tendresse sans fin, des bras ouverts derrière une porte, une rose comme seule lampe où disparaissent les poussières de la maison. Ce n'était qu'un papillon dans son cocon qui cherche couleurs pour ses ailes, ou l'hirondelle qui cherche à quitter le bleu du ciel au passage d'une étoile !

-6-

Peut-ête ne lui reste-t-il maintenant que le o d'étonnement, o qu'il chante et qu'il aime, o m à travers sa vie toujours proche d'un visage qui va plus loin et porte au sein de l'abîme son nom d'homme !

-7-

Peut-être est-il là, brisé d'indicible et que tous cherchent à dire, ce qui brûle et éprouve, ce que personne ne saura, même les plus sages et les plus savants, mère avec enfant, amoureuse et son amant ?

Peut-être est-il là jusqu'à l'oubli et l'impuissance des mots ?

vendredi 24 juin 2011

un poème de Kabir avec un chant d'Abida Parveen



Ö Seigneur..Je suis fatigué de tant d'intelligence.
Ote-moi le pouvoir de raisonner
avec des mots habiles,
cette connaissance et cette logique
gaspillés en débats inutiles.
Ote moi l'aisance dans la bonne conduite,
ce vernis de culture du monde moderne.
Ote-moi l'arrogance
e s'il te plaît Seigneur, Hari
ôte moi la connaissance et la richesse.
Ôte-moi la crainte des sanctions
liées à l'étiquette sociale
et donne-moi la simplicité.
Je ne veux ni bhoga ou yoga.
Je ne veux ni honneur, ni prestige.
Seigneur, donne-moi le visage innocent du villageois,
le calme et la sérénité du brin d'herbe.
Donne-moi l'humilité et la pureté.
Donne-moi l'aptitude à vivre sans égoisme.
Donne-moi ton amour.
Empli mon coeur de foi et de bahkti pour Toi.
Emporte mon nom illusoire, cette idée de moi-même
qui me maintient séparé de Toi
et noie moi dans l'ocean de l'amour.


Kabir, 1398 - 1448 / Uttar Pradesh

jeudi 23 juin 2011

Swami Vijayananda

C'est vrai


Avant toute raison,
il a cherché la parole
comme un chant,
un dévoilement du monde
où rien n'est  à prouver.

Et quand il entend
cette volonté de parler
pour avoir raison,

vite, il s'enfuit
vers la cime des arbres
où chuchotent des oiseaux
joueurs et amoureux !



mercredi 22 juin 2011

Paix à l'esprit de l'homme


Ordre du monde,
                                                              calme de l'érable,
                du frais persil,
                                          du merle noir
                                          sur le muret,
                du chat qui boite
                aux aguets,





                      toutes choses
              rayonnent
              sans le savoir,
                                              vies à même la vie,
                                               sans pensées !

                              Paix à l'esprit
                              de l'homme !


mardi 21 juin 2011

Lendemain


Lorsque cela
sera passé,

on se tiendra
sur le seuil
de sa maison.

Il y aura
peut-être
un oiseau
tranquille.

On se fera
un signe de la main.

Rien ne pressera.

On goûtera
la clarté du matin,

et les enfants,
comme avant,
partiront
à cloche-pied !



lundi 20 juin 2011

Et le vent commenca à mugir

"Quand un ordre est injuste, le désordre est un commencement de justice"
Romain Rolland





All Along The Watchtower (Le Long Du Mirador)

Il doit y avoir une sorte de chemin pour sortir d'ici
Dit le plaisantin au voleur
Il y a trop d'affolement
Je ne peux trouver de soulagement
Les hommes d'affaire boivent mon vin
Les laboureurs creusent ma terre
Personne ne la comblera
Personne n'en vaut la peine

Aucune raison de s'énerver
Disait calmement le voleur
Il y en a beaucoup ici parmi nous
Qui pensent que la vie n'est rien d'autre qu'une farce
Mais toi et moi nous sommes passés par là
Et ce n'est pas notre destin
Alors laissez nous dire la vérité à présent
Il se fait tard

Le long du mirador
La princesse regardait le paysage
Pendant que toutes les femmes allaient et venaient
Et également des domestiques pieds nus
Dehors au loin dans le froid
Un chat sauvage a miaulé
Deux cavaliers approchaient
Et le vent commença à mugir

Passerelle

Passerelle
au dessus
du torrent,
être à être
se rejoindre !

Mais déjà
jusqu'au coeur
incandescent
le sentier des herbes
que l'enfant a foulé
s'est perdu !

C'est là
pourtant
que réside
la lumière !

dimanche 19 juin 2011

Peut-être le poème

                                                                                                                         Pour Jean


Peut-être le poème                                                                                           
est-il, comme
ces coeurs traçés
par les enfants
sur les chemins sablonneux
de la forêt,
voué à disparaître ?




Peut-être est-il
une goutte de rosée
qui jamais ne verra
le plein midi ?



Peut-être est-il
une flamme
qui ne dissipe pas la nuit
mais la rend
profonde et amie ?

Solitude

La solitude est dans l'esprit de l'homme.
On pourrait être dans le tourbillon du monde
et pourtant préserver une sérénité spirituelle parfaite.
Une telle personne vit toujours en solitude.

Un autre peut habiter la forêt sans être capable de contrôler son mental.
On ne peut pas dire de lui qu'il vit en solitude.

La solitude est une attitude de l'esprit.
Un homme attaché aux choses du monde ne peut l'obtenir, où qu'il se trouve.

Un être détaché vit toujours en solitude.
 
RAMANA MAHARSHI


samedi 18 juin 2011

Seul et libre

-1-

Avec pour seule musique la pluie sur le toit, il s'est allongé sur le lit. Qui est vraiment là près de lui ? La pluie tambourine. Il ne rêve pas. Il écoute seulement les gouttes d'eau et aussi le chant du vent qui l'entoure comme une couverture.



-2-

Derrière les nuages qui se déversent à peine, brillent des étoiles, la lune pleine, des nébuleuses comme celles qu'il admire dans les livres d'astronomie, et plus loin encore l'infini que l'on nomme infini, parce qu'on n'en sait rien. Pendant ce temps, son coeur bat sans faillir. Aucun ange n'est à ses côtés, ni même une présence, une infime caresse

-3-

Pour l'heure, sa seule certitude est qu'il respire. Il souffre même que ce ne soit pas avec plus d'amplitude. Il y a en lui comme une gêne, les deux bords d'une déchirure qu'il aimerait écarter pour accéder peut-être à des visages de lumière, ou à un champ rouge de coquelicots.



-4-

Qu'est-ce qui est né en son coeur ? Il ne revoit aucune scène du passé, même pas l'ivresse de trois pensionnaires qui marchent dans les rues désertes de la ville, après avoir fait le mur, ni même cette première classe à l'odeur de fuel et de craie où les murs vibraient encore des chagrins des élèves, toutes ces écoles terribles où l'on apprend la peur et à baisser le regard sous les ordres !

-5-

Il est seul d'une incompréhensible solitude, à l'écoute de la pluie qui vient de cesser et que remplace une cloche lointaine. Il est seul avec un secret auquel il n'accède même pas lui-même, seul et libre pourtant d'être lumière pour tous ceux qu'il rencontrera quand il se lèvera,

-6-

seul et libre de vivre dans une onde de tendresse qui déborde de partout, et prend avec elle toutes les larmes du monde (il n'y a pas que les hommes qui pleurent), toutes les misères, toutes les poitrines qui étouffent, tous les amoureux trahis et poussés au fossé, toutes les saintes faces qui recoivent une gifle pour un bouquet de fleurs, tous les fous qui le sont devenus par des portes qui se ferment !

vendredi 17 juin 2011

Pauvre Ruteboeuf

Autre temps

Encore bleues
de nuit,
les collines
s'ébrouent !
Une péniche
chargée de bois
remonte la rvière
et les traces
qu'elle laisse
sur l'eau verte

parlent d'un
d'un autre temps !


jeudi 16 juin 2011

Une seconde


File le lièvre,
qui a perdu
son pelage blanc,
vers les hauteurs !

Il l'a aperçu
au bord du torrent,
fugitive vision !

Il n'attendait rien,
écoutant le chant
fougueux du torrent.

Ce lièvre
 reste invisible
aux yeux de tous ceux
qui désirent le voir !


mercredi 15 juin 2011

Venir à la vie

Venir à la vie !

Il voit l'enfant
qui court vers sa mère,
l'élan que rien n'arrête,
la recherche du baiser,
de l'étreinte plus forte,

Vient-on à la mort ?

fleurs des champs

Délicatesse,
trait de l'humain
qui porte attention
à une larme,
un sourire.

Entre les hommes
ces fleurs
qui grandissent
pour la tendresse,
fragiles fleurs
des champs !

lundi 13 juin 2011

la femme du vent


Anne Sylvestre

Il n'y a de souffle

-1-




Il n'y a de souffle qu'insaisissable, quand les notes d'un chant s'échappent de la portée, pour aller au plus large, vers cet horizon qui recule. A chaque pas du marcheur le monde s'ouvre vers ce sommet inviolé que l'on contemple sans désir de conquête, pour qu'il prenne sa place, toute sa place dans l'amoureuse conscience !

-2-



Il n'y a de souffle qu'étincelles, parmi des regards qui veulent rejoindre le fleuve, forcent les portails, enjambent les clôtures, découvrent les palpitations des étoiles. Depuis longtemps, le vent a emporté les paroles des drapeaux de prière. Restent les tissus déchirés qui claquent et le bleu sans fond d'une vie qui respire !

-3-



Il n'y a de souffle qu'au coeur de l'arbre, loin des déserts de l'écorce, des branches en réseau, des troupeaux de feuilles. Flux ou flamme, source et fontaine dans le même élan, qui ne tarissent jamais, mais demeurent cachés jusqu'aux dernières forces de l'exil !


-4-



Il n'y a de souffle qu'imprévisible, quand plans et cartes se déchirent, et que la maison sur le roc n'est même plus une ruine, qu'une danse fourmille près d'une ritournelle ou d'un merle siffleur, et que les autos brillent avec les sourires qui viennent aux lèvres dans la solitude !

-5-



Et l'on ne sait même plus pourquoi, accompagné de fous-rires. Alors on peut prendre dans ses bras un visage de branche morte, et une flamme est là. Tout est transperçé, les plus épais costumes, les façades les plus ternes, les respectables airs que l'on se donne. Et l'on n'a plus rien à offrir que son coeur,comme une colombe sortie d'un haut-de forme de magicien !

vendredi 10 juin 2011

De la barque

Des mouettes
font la sieste
sur la pelouse drue
du chateau.
Au passage
de la barque
elles s'envolent !



Dans un enclos
des moutons
tout juste tondus
restent immobiles
comme gênés
d'étre tout nus !







jeudi 9 juin 2011

Ma mère d'Henri Tachan


Alexandre Jollien - La méthode de Houei-neng

Né en 1975 en Suisse, Alexandre Jollien a vécu dix-sept ans dans une institution spécialisée pour personnes handicapées physiques. Il est philosophe et écrivain.



La vie me donne des guides, des maîtres. Longtemps, j'ai cherché .... dans la spiritualité des outils, des armes, une cuirasse pour me protéger du réel, pour moins souffrir. Aujourd'hui, je veux oser le dépouillement, aller nu au-devant de l'existence, ne pas me couper du fond du fond où réside la joie.

Cette conversion, sans cesse menacée, Houei-neng (638-713), le sixième patriarche du bouddhisme chinois (bouddhisme chan), m'invite à l'ancrer dans chaque instant. Dans le Sutra de L'Estrade, il m'apprend que « l'esprit humain n'est pas la pensée, mais le vide et la paix qui forment le fond et la source de toute pensée ».

Ainsi, cette agitation, cette anxiété qui aujourd'hui me hantent, ne sont pas mon essence propre. Provisoires, elles passeront. La souplesse de l'esprit, son calme, voilà mon origine première.

Grâce à Houei-neng, je devine combien de fois dans la journée je m'exile. La colère, la jalousie, le chagrin, autant de passions tristes m'arrachent à moi-même, me coupent de cette joie profonde. Dès lors, l'ascèse consiste à retrouver cet état naturel que je quitte quand je vis en surface, loin de mes origines. Comment suivre mon nouveau guide?

Orphelin de père, Houei-neng doit ramasser du bois et le vendre pour subvenir aux besoins de sa famille. Illettré, c'est en entendant un passage du Sûtra du Diamant qu'il aurait atteint l’Eveil. Il entre alors dans un monastère pour effectuer des humbles besognes dans les cuisines, où il demeure six mois. Bientôt remarqué et choisi pour sa pénétration, il devient le dernier patriarche du chan et lègue, dans le Sûtra de l'Estrade, une méthode pour retrouver son essence originelle.

Sa méthode, je m'essaie à l'appliquer à chaque instant: les pensées se succèdent. Jamais elles ne s'arrêtent. Je pense, je pense, je pense. Plutôt que de tenter vainement d'arrêter ce flot incessant, je peux en profiter pour me détacher de tout.
Comme le dit Houei-neng, « dès qu'on s'arrête sur une pensée, le flux de pensées s'arrête aussi, immédiatement, et cela se nomme attachement ». Que mon esprit vagabonde, qu'il connaisse tantôt l'allégresse et tantôt la peur, nul problème. C'est le jeu de la vie. La souffrance apparaît lorsque je me fixe, que je tente de figer ce flot de pensées, que je m'arrête, que je rumine. Combien de fois je ne parviens pas à oser l' abandon et m'arrête sur une idée qui finit par me hanter!

La méthode de Houei-neng? Pratiquer la non-fixation, laisser passer chaque nuage de la pensée sans s'y attacher, sans rejet ni saisie. Cela revient à aller léger au-devant de la vie, sans jamais s'arrêter sur le chemin.

Cela rappelle la spontanéité des grands saints, leur totale adéquation avec l'instant présent. Cela évoque le verset de l'Évangile: « Partout où les gens refuseront de vous accueillir, quittez leur ville et secouez la poussière de vos pieds» (Luc 9, 5). Ici, le Christ témoigne d'une liberté que nulle rancune et nul remord n'entachent, il va son chemin, résolu et libre.

Pour retrouver cet esprit paisible, il n'y a rien à faire, juste se laisser être. L’esprit, par nature, se meut en effet librement. Souple, il épouse la réalité, s'adapte, fait son chemin. La crispation, l'attachement, les peurs surtout, nous pétrifient et nous empêchent d'entrer dans le mouvement de la vie, dans sa danse.

Grâce à Houei-neng, je comprends surtout que le tourbillon effréné de mes pensées m'invite sans cesse au détachement, à épouser la vie corps et âme, à ne m'attarder sur rien, à quitter amertumes et regrets pour savourer chaque instant dans sa nouveauté première, dans sa virginité féconde.

mercredi 8 juin 2011

Thé

Deux papillons
blancs
dans l'azur
qui montent
de gauche
à droite
et disparaissent
juste au moment
où il ouvre les yeux
les ayant fermés
pour boire
un thé brûlant,
est-ce
une coïncidence ?

Bouleau

Etrange
tronc
de bouleau
perdu
dans un
océan
de verdure
au versant
d'une colline :
grand signe blanc
aux traits fins
qui ondulent
avec le vent !

mardi 7 juin 2011

l'heure venue

Les cris de de deux chats
qui se poursuivent
dans le jardin
le font sursauter.
Cruauté!
L'orage qui tarde
hérisse l'air.

Quelques notes de musique,
des battements d'aile
dans un ciel laiteux
d'où émergent des nuages sales,
toujours la même fenêtre,
peut-être y-a-t-il un abîme
derrière les arbres
et les maisons lointaines !

Il ne peut plus revenir.
C'est comme, l'heure venue,
l'horloge qui sonne et appelle.
Il croise de jeunes visages
lumineux de rêves à bâtir.
Comment soupçonneraient-ils
ce qui se passe en lui ?

lundi 6 juin 2011

Pour accompagner les nuages


Dustin O'halloran



Philipp Glass

Inaperçus

Derrière la frondaison des arbres,
ils passeraient presque inaperçus,
les nuages,
montagnes blanches
qui emportent avec elles
leur royaume de silence !

Là-haut,
il n'y a personne.
Même les oiseaux
volent à contre-sens !

Personne, à part le vent,
qui le temps de fermer les yeux
et de les ouvrir
change le tableau.

Qui cherche
à retenir les nuages ?

Quoiqu'il arrive,
ils passeront !

dimanche 5 juin 2011

Distance

-1-

Il accompagne simplement les rumeurs qui montent des maisons, les martinets qui tournent sans arrêt. Qu'est qui s'est éloigné ? L'horloge ne peut marquer cet espace. Il accepte ses mains ouvertes, avec ses lignes et ses veines, la lourdeur de sa tête, le tiraillement de ses vertèbres.



-2-

C'est comme s'il disait au revoir de la fenêtre d'un train, sans histoire, visages aimés dans le lointain qui deviennent des points. Mais dans cette distance qui s'installe, il voit le vent qui souffle sur la barque. Et lui reste là, sur un rivage qui chante, un rivage où il comprend tout, mais où aucun mot ne sort de sa bouche !




-3-

Reste quelques rires échangés au repas, une brève étreinte entre deux assiettes, une peau que l'on caresse comme l'on récite un poème ! Reste le bruit d'un klaxon comme une ride aussitôt disparue sur une eau calme, et toujours les hirondelles qui n'ont pas de chemin, heureuses d'être perdues, et les pépiements des moineaux, invisibles gardiens d'une vie sans désastre !


vendredi 3 juin 2011

René Daumal

Je suis mort parce que je n'ai pas le désir ;
Je n'ai pas le désir parce que je crois posséder ;
Je crois posséder parce que je n'essaie pas de donner ;
Essayant de donner, je vois que je n'ai rien ;
Voyant que je n'ai rien, j'essaie de me donner ;
Essayant de me donner, je vois que je ne suis rien ;
Voyant que je ne suis rien, j'essaie de devenir ;
Essayant de devenir, je vis.


jeudi 2 juin 2011

Toujours à la fenêtre

-1-

S'il lève les yeux, encore une fois un seul nuage va disparaître. Dans l'air quelques oiseaux disparaissent eux aussi. Il est là, avec la ville immobile. A peine pense-t-il. Quelques images : le kiwi géant dans l'escalier qui monte à la Cure d'Air, des jardins fouillis qui dissimulent des fenêtres bleues sans visages.

-2-

Deux filles sur des balançoires qui sourient au soleil et au vent, et des enfants seuls qui partagent leur butin, quelques cerises aigres un peu tâchées. De retour à la maison, il a retrouvé ses arbres qui aujourd'hui se gonflent d'air, puis resserrent leurs branches. Le monde est là. Il n'est plus qu'une caresse pour ce monde qui s'adresse à lui.

-3-

Il est là devant cet espace qui s'offre, avec ce manque dont il n'a plus peur. Le ciel est devenu blanc de lumière et il vient le toucher dans une profondeur qu'il ignore. Il comprend ici pourquoi les mots doivent manquer; Il aimerait être transformé en une seule, grande et large respiration.

-4-

Il offre son vide, là où personne ne viendra jamais, pour être lui aussi un feuillage abandonné au vent ou les pétales roses si transparents d'un fragile pavot, et qu'on regarde pour être en paix. Il n'y a alors plus que la vie fragile qui implore une issue parmi tant de souffrances et de mort.

mercredi 1 juin 2011

Si la clarté

Si la clarté se retire,
le néant doit être
ta consolation
dans la désolation.

Si tu perds la lumière,
sache que tu n'as pas
perdu Dieu même.

Angelus Silesius