dimanche 18 décembre 2011

Compagnon

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Les masses sombres des nuages avancent dans la nuit. le ciel change dans le silence qui revient parmi les respirations plus larges des dormeurs. Tout change et c'est un voyage au long cours. Cela ne s'arrête jamais. Un coeur peut s'éteindre et d'autres se mettrent à battre. Le silence est sans fin parmi les rêves des hommes qui dessinent le monde et espèrent toujours !



-2-

Les vitres de la chambre sont maintenant devenues noires et reflètent des livres en désordre. Il reste là à écouter ce qui pourrait naitre une image, presque un oiseau que l'on peut saisir au vol et dans la prunelle de ses yeux, il verrait des rivages qui ouvrent d'autres chemins. N'y a-t-il pas en lui un battement souterrain, une pulsation qui cherche son chemin, une graine d'où sort une tige blanche qui n'a pas encore vu le jour ?

-3-

Peut-être est-ce félicité de rejoindre ce courant, comme un ruissellement de vie, l'ivresse de la mouette en plein vent qui vient de quitter la falaise ? Les fenêtres dehors s'allument les unes après les autres. Quelles pensées demeurent-elles dans ces foyers de lumière ? Soucis du lendemain, cris, soif, drame secret, nostalgie de ne pouvoir combler définitivement ce manque, trou, néant, valise vide dont on devine avec le temps qu'on ne s'en séparera jamais ?



-4-

Il reste là environné de questions qui ne troublent guère le silence de la maison. la nuit est devenue profonde. Des visages passent aussi qui vont vers leur destin. Il accepte de n'y plus rien comprendre, guidé seulement par le plus intérieur, comme un serrement, ou cette image d'un simple épi de blé dans la lumière qui oscille doucement.

-5-

Oui, qu'a-t-il compris ? Quel feu a-t-il vu dans les coeurs qu'il a croisé. Etait-ce vraiment des étoiles dans ce regard d'enfant ? Etait-ce tendresse au bord de la rivière, quand il espérait qu'entre ses bras toute peine disparaisse ? Se souviendra-t-on de son intime musique dans cent ans, notes éphémères qui s'évanouissent comme les brumes d'automne ?



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Pourquoi cela ne rayonne-t-il pas plus et ses serpents qui d'un coup de langue paralysent les soleils naissants, d'où viennent-ils ? Et ce dénuement, ces ventres qui se gonflent, ces mains qui se tendent et rencontrent des fantômes en fourrure, fiers de leurs masques et de leurs grimaces, pourquoi ? Et les noyés dans les asiles qui errent parmi les algues blanches, serront-ils jettés un jour sur un sable d'or ?

-7-

Sans fin, les souffrances ? Sans répit, les coeurs brisés ? Il ne dira rien, n'apportera rien. Il est simplement un compagnon d'exil. Il a ouvert sa porte à la plus noire révolte, au délire dernier rempart avant le néant. Entre chez lui toute l'encre mêlée de sang ! Et pourtant à la chaleur d'une flamme un papier, une plume s'envole ! Il pressent l'autre pays où tout être avance nimbé d'aurore !

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