dimanche 11 décembre 2011

Plus rien ne viendra

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Le soleil du matin traverse la pièce où il boit son café, où il boit la lumière argentée qui émerge des brumes de givre. Le paysage devant lui est tout ensommeillé de cette blancheur comme si un rêve de clarté s'était lentement déposé sur les herbes et les arbres !



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Et pendant sa promenade, il attarde son regard sur les milliers d'aiguilles de glace qui entourent les branches, les barbelés, les chardons, hérissons du Grand-Nord, le rouge des baies d'épine-vinette ou d'églantier qui veilleront tout l'hiver.

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Arrivé en haut de la colline près de vieux mirabelliers moussus et comme pétrifiés, il laisse les champs déserts aux couleurs attendries par le brouillard qui vient de la rivière envahir sa vision : à perte de vue un paysage qui s'éveille avec ses vignes et ses chemins de boue blanchie et figée, ses bosquets refuges des renards, et plus haut le ciel encore strié par le passage d'avions maintenant invisibles !

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Y-a-t-il rêve plus beau que ce réel qui s'offre à lui dans sa blancheur que rehausse le soleil ? Il cueille une simple herbe dans sa robe de glace et s'approche au plus près pour regarder la lumière jouer avec le givre, herbe joyau qui le ramène à la fraicheur de l'air qu'il respire, subtile nourriture au goût exquis !



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Pas âme qui vive  sur le chemin du retour ! Nul oiseau dans le ciel ! Nul chevreuil qui hume le brouillard auprès des saules aux troncs difformes et béants qui bordent le petit Rhône. L'eau glacée dans les ornières ne reflètent plus aucun mystère ! Il avance vers la ferme, attentif à chacun de ses pas, dépossédé du rêve d'une vie autre, étrangement en paix sans l'avoir cherché !

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Plus rien ne viendra que ce réel qu'il dit voir et qu'il n'a pas vu dans toute sa profondeur qui se révèle à la mesure de l'unité qui l'habite, comme un diamant envahi par la lumière que le coeur y dépose ! Plus rien ne viendra, comme la mer se retire pour laisser le sable être un autre ciel !



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Plus rien ne viendra que cette douceur qu'on lit sur le visage de ceux qui n'ont plus rien, non-propriétaires jusqu'à la moelle des os, et ce sera bien, espace où chante chaque détail aussi infime soit-il, chaque sourire offert pour que les chaines se délient, chaque herbe sous le givre qui habite un regard pur !

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