-1-
Une colombe ce matin
picorait les bourgeons
fragiles du cerisier
et dans le patio
un chat roux et blanc
avançait prudemment.
Réduit à rien,
il attend comme un arbre
le retour de ses fleurs !
Il n'y a rien à changer
qu'accepter l'abandon !
-2-
De rêves en rêves brisés
il découvre une lumière
qu'il ne connaissait pas,
comme une touffe de violettes
à l'ombre d'un sous-bois,
lumière qui passe, qui vient
et donne à toute chose
une vacillante tendresse !
Il prolonge ce soir
le vol du geai
pour étendre en lui
cette paix qu'il aime !
-3-
De cet ouvert
que contemplait l'enfant
dans son berceau
au voile blanc
que reste-t-il
quand une main froide
assassine l'innocence
à l'entrée d'une école ! :
les larmes seules
où disparaître !
-4-
Le pus de la blessure
est emporté
par une rivière aveugle.
L'espace du ciel ce soir
est encore plus libre
et appelle à sortir
de l'horreur !
Clarté d'une vie retrouvée
et donnée pour rien !
Oh ! Que plus rien n'arrête
le vol du corbeau
cloué autrefois
sur la porte des granges !
-5-
Quelle distance,
quelle séparation
ont donc été inventées ?
Il est cette larme fugitive
au bord d'une paupière
ou cette voix de femme
qui par son chant
trace une issue !
Il s'ennivre
des papillons d'or
du forsythia,
tremble avec les branches
d'argent du bouleau !
-6-
Il demande pardon
pour son regard
vers la bouche d'ombre
où il n'y a rien à voir,
bouche sans mémoire
qui déchiquette
et sépare !
Rien n'est sans lumière,
même la poussière
sur sa table de travail !
-7-
Et cette demande
est naissance
à la seule réalité,
celle qu'habite
l'oiseau de l'aube
qui ce matin encore
l'a réveillé
et son chant lancinant
disait que
très-haut était
cet ici-bas !
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