lundi 26 mars 2012

Carolyn Carlson, se souvenir de la liberté que nous avions enfant....




Animaux, plantes, arbres, pierres, oiseaux
lacs, étoiles, eaux, insectes, montagnes
hommes, femmes, enfants
joie et sel des larmes
pour tous
le même égard

Je balaie la poussière de ce que je n'ai pas pu te donner

les ordures s'entassent au bord de l'aube

Éclat des arbres

parés de vent et d'ombre
ultime élégance
avant les pluies d'automne

Extraits de Brin d'Herbe, Actes Sud, 2011


Toutes ces années pendant lesquelles j'ai dansé, j'ai vu que la danse rend aux gens une mémoire, qui est leur mémoire. La danse ouvre l'imaginaire. Les gens peuvent alors à nouveau rêver. Après un spectacle, il n'y a pas deux personnes qui aient eu la même impression. Chacun sort avec sa propre perception. C'est ce en quoi la danse est extraordinaire. Elle laisse un espace ouvert dans lequel les gens peuvent participer, au moins dans mon travail. Je suis plus intéressée par les perceptions que par les émotions car percevoir est plus profond que l'émotion. Ma danse est une poésie visuelle, sans histoire à raconter mais avec des impressions à offrir, des perceptions neuves.
(...)
Oui, la danse est un état d'être. Mais chaque artiste n'est pas nécessairement à un niveau d'interprétation qui permette de transmettre un frisson poétique, et cela dépend aussi de la chorégraphie.
(...)
Nous nous oublions, mais en étant très présent car nous sommes alors avec l'univers. Dans le film "Billy Eliot", on demande à Billy pourquoi il aime danser, et il a cette très belle réponse : "parce que je disparais". Les danseurs cherchent à se fondre dans l'énergie cosmique. Danser c'est comme une méditation. Vous êtes totalement présent à chaque seconde. Le temps n'existe plus. Dès l'instant où vous sortez de cette présence, plus rien ne fonctionne. Vraiment, la danse est ma méditation ...
(...)
Par exemple, je lève le bras et c'est jusqu'à l'horizon qu'il se lève avec la conscience de l'espace, de la distance, des possibilités offertes par ce bras. Le lever devient un acte plein de sens. Dans ce mouvement, l'espace est sans limite, le temps est éternité. Le mouvement est fait pour toujours.
(...)
L'improvisation est à vivre, à être, sur le moment. Elle dépasse la technique.
(...)
La pratique permet d'aller au-delà de ces limites. Nous découvrons où se trouve en nous le blocage en travaillant dans notre espace qui est limité. Ce n'est pas du temps perdu que cette exploration. Il faut digérer tout cela, et se souvenir de la liberté que nous avions enfant, garder cette innocence. Faire un pas pour la première fois, lever la main pour la première fois.

Carolyn Carlson


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