samedi 3 septembre 2011

Foule

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Dire ce qui est dans la simplicité du réel, voilà une vérité toute neuve. Elle vient le rejoindre dans cette foule, avec du soleil et de l'ombre sur les visages. Et dans ce mouvement, il voit ceux qui voudraient que tout se fige. Plus loin, un enfant tire la main de son père pour l'emmener devant la vitrine des jouets en peluche. Rouge à lèvres et lunettes noires, des femmes sans regard marchent sur leurs échasses, et embrassent sans arrêt leur portable. La mendiante, elle, a le regard clair et accepte bien plus le sourire que l'argent. Deux hommes vieillissant et replets, à la terrasse d'un café n'ont plus comme désir que de commenter le dernier match !



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Et le bus jaune passe. Les gens s'écartent. Les vendeuses en noir sur le pas de la porte fument et font semblant d'écouter leurs collègues. L'ébéniste ferme boutique pour partir déjeuner. A sa vitrine, des pots de cire d'abeille, douze euros ! Il faut bien vivre ! Plus bas, le bar à sourires propose des dents toutes blanches, moyennant finances, pendant que les coeurs s'encrassent ! On montre son bronzage, son tatouage, sa casquette blanche immaculée de rappeur avec la signature. On cherche des regards, mais tout va si vite. Pas un seul oiseau à l'horizon. Même les pigeons ont pris des vacances, loin de la foule des samedis !





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Il imagine que tout se met à ralentir. Les portables tombent en poussière. le fond de teint et le rimmel disparaissent avec l'averse. Soudain chacun s'émerveille. Plus de théâtre, plus de décor. les arbres fleuris de mésanges, de moineaux, de rouge-gorges se penchent sur les visages qui se rencontrent vraiment. Chacun partage sa perle. Ce n'est plus que chants, danses, beaux objets faits avec amour et qui s'échangent !



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Mais la foule a la fièvre. Elle ne veut pas lever les yeux. Là-haut, c'est bien trop vide, bien trop vaste, et qui peut attraper un nuage, le dévorer et abandonner ce qui reste sur une assiette au comptoir ?

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De retour à la maison, des visages passent encore devant lui, des klaxons résonnent, des enfants rouges rêvent encore près des bacs à glace. Peu à peu le ciel se couvre. Il pense aux marronniers qui sont malades, mais donnent des marrons qui luisent et éclatent de santé. Rien n'est jamais perdu, se dit-il. Derrière tous ces murs, une fleur inaperçue rayonne, une araignée tisse le bijou de sa toile, et sous l'asphalte des faux désirs, la source est si fraîche !





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L'eau trop longtemps emprisonnée suinte de partout, ou éclate en geysers formidables ! Rien, ni personne ne peut la contenir. Toujours, elle trouve un passage, dévale la montagne et son chant dans les rigoles envahit doucement les rues. Il est la foule lui aussi, la rue bruyante ou déserte, le champ crevassé, le ciel que désertent les étoiles.....et il entend la source qui veut l'emmener dans l'inconnu !



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