dimanche 1 janvier 2012

Issue

-1-

La bruine n'en finit pas de tomber. Lentement, caresse si fine sur les arbres nus ! Que change cette pluie en son coeur ? Le ciel gris est aussi une illusion, car là, en ce lieu sans lieu, demeurent tous les sourires du monde. Qu'il reste seulement avec cette plus secrète vérité ! Les assauts de la pluie n'y changeront rien. Le grand réel vient de sonner à sa porte !



-2-

La fenêtre s'illumine. Plus de bruine, comme par enchantement ! L'air est net et immobile. Les houpiers de certains arbres ont la couleur du lilas mauve, promesse secrète que l'hiver n'est pas une saison morte. ll sent bien que cette éclaircie ne durera pas. Le paysage se brouille à nouveau. Il écoute un air de piano, comme on regarde une rivière !

-3-

Les notes sont des rayons de soleil qui jouent avec l'eau. En lui, immobile, est une simple brûlure que, jour après jour, il apprivoise. Le seul baume est de sy brûler, comme si pour toujours à vif, elle refusait toute fausse béatitude. Peut-être est-ce apaisement de la savoir inapaisable ?



-4-

Il se laisse glisser dans cette anfractuosité, ne convoque aucune image, ayant deviné l'illusoire douceur d'une épaule maternelle qui n'est plus. Seul avec lui-même, ayant exploré tous les recoins de sa prison, il n'est plus attiré que par les fenêtres, car c'est par elles que l'on s'échappe !

-5-

C'est par elles qu'entrent toutes les infinies possibilité qu'offre le ciel. Et il est une fenêtre lui-même, quand il sait d'un geste brusque repousser les persiennes qui lui font croire que son logis est sans issue, alors que dehors dansent des mésanges qui trouveront, comme par surplus, de quoi se nourrir !

-6-

C'est par ses fenêtres qu'il voit ce que trace la liberté des hommes quand ils étendent leurs esprits comme des ailes, s'envolent et oublient la rambarde de fer qui protège du vide et à laquelle ils s'accrochaient ! Il y a encore des poèmes, des musiques à écrire, et toujours une parole pour un coeur ouvert, une caresse pour l'enfer !



-7-

Que l'on s'acharne, malgré tout, à murer les fenêtres de l'âme ne lui fait plus peur ! Même dans le noir, il continue de voir les hommes fraternels et la terre qui se libère !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire