Un merle mort
sur le balcon
les yeux vitreux
regarde encore le ciel.
Une bise glaciale
soulève les feuilles du lierre.
Des passants,
têtes dans les épaules,
sur les routes
blanches de sel
cherchent le soleil.
-2-
Et lui, que cherche-t-il ?
Un trésor lointain
sous le pont d'une ville ?
Un ravissant sourire
qui renverserait sa vie ?
Des larmes définitives
qui ouvriraient passage
pour sa disparition ?
Il est simplement
devant sa fenêtre
à regarder le mouvement
d'une fumée sous le vent.
-3-
Désir, désir, peut-être
est-ce cela qu'il guette,
serpent étrange
qui se fraye
un chemin souterrain
vers la vie obscure,
désir d'une danse,
murmure d'un fin
filet d'eau pure
sous les mousses ?
-4-
Au secours, au secours,
la mort prend le visage
d'une chaise vide.
Si manquer d'amour
est manquer d'aimer,
restera-t-il
à regarder sa vie
devenir fumée errante
dans le ciel glacé ?
-5-
Il y a toujours à dire
à écrire comme
on marque au couteau
un morceau de bois.
On sent la matière
qui résiste,
et peu à peu
il y a naissance,
et cela ne fait pas
sans cris ni coupures !
-6-
Il se souvient soudain,
dans l'allée qui surplombait
le fleuve gris
qui charriait des glaçons,
de ces perles de boue gelée
qui crissaient sous ses pieds.
Comme il était
intensément présent
à cette chanson étrange !
Jubilation d'être
qui devrait tout envahir !
-7-
D'où vient alors cette oscillation ?
La chaise vide toujours,
des voix lointaines
qui reviennent avec les songes,
le verre que l'on remplit
et qui ne se vide jamais,
la vrille d'une question
qui rend tout douloureux !
Oh cette page qui se tourne,
qui n'en finit pas de tourner,
et du livre monte enfin
un oiseau amoureux !




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