lundi 30 avril 2012

Urgence

-1-

Mille et un cerf-volants
bruissent dans le vent.
Un fil les retient.
Les nuages s'écartent.
Les rides sur l'étang
deviennent des vagues
où se brise la lumière.
Le vert tendre des arbres
raconte une naissance.



-2-

Dans l'allée forestière
de nonchalants promeneurs,
muguets à la main,
hument une dernière fois l'air
avant de s'engouffrer
dans leur habitacle de métal.
La Vierge en métal doré
ouvre les bras, impassible,
à la Moselle grise
qui n'est déjà plus la même !

-3-

Entre les ronces
d'un verger abandonné
il a aperçu une maisonnette
qui domine le fleuve-serpent.
Là, il aimerait être
pour tracer sur du papier blanc
le seul signe qui vaille,
la seule lettre qui se dévoile
sans s'épuiser jamais !



-4-

Ce n'est même plus
une phrase, ni un mot.
Un point même sensible
ne suffit pas entre
la plume et le cahier.
Ce n'est pas assez !
Serait-ce une flamme
au plus proche de lui-même ?
La pierre blanche
d'une essence unique
prête à rejoindre un diadème ?

-5-

Il reste seulement
dans l'effondrement,
prêt à avancer
bordé de silence,
sur le point de disparaître
en ces draps blancs
pour être enfin
ce qu'il a à être
sans plus jamais
se retourner !



-6-

Il revoit cette terre noire
creusée avec deux doigts
et les graines qu'il y a
abandonnées.
Il accepte l'impuissance,
l'alchimie du jour,
de la rosée, du lombric,
del'averse solaire.
Seule ici importe
la semaison !

-7-

Errance reconnue,
ténèbres bues
jusqu'à l'écoeurement,
ce ne peut plus être
le temps de l'ardent
visage qui s'efface !
Il y a urgence
encore à naître !


tableau de Marie Hercberg


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