-1-
Un léger coup de pied
et le scarabée retourné
qui agitait avec frénésie
ses pattes est reparti
à la recherche d'un coeur
de fleur hospitalière !
La peau tigrée du trottoir
par les gouttes de pluie
peu à peu devient noir.
L'averse sera belle
puisqu'elle ne durera pas !
-2-
Et ce matin dans le grand vent,
près de la corvée Saint Jean
couverte de boutons d'or,
il marche les yeux ouverts
à l'étendue de la terre
et du ciel délivré des orages !
Un coucou au bord du petit Rhône
sonne de son chant insistant
l'office du printemps.
Respire-t-il ou est-il respiré ?
Il ne sait plus vraiment !
-3-
Il avance, caresse
le tronc gris d'un tremble
couvert de yeux transparents,
passe du temps
avec cette écorce
criante de réalité,
avec au dessus de sa tête
le jeune feuillage en extase
sous une averse de lumière !
-4-
Trois chevaux se sont approchés.
malgré le trèfle tendu,
il ne touchera pas leurs naseaux !
Invisible frontière
entre celui qui pense
et celui qui est
dans sa majesté de vivant,
un avec la prairie
et les détours du vent !
-5-
Plus loin, dans les yeux noirs
d'une charolaise trapue,
il a bien vu qu'il n'était pas,
comme elle, accordé au paysage !
Il est seulement un accroc
qui se déplace,
cherche une issue
dans le souffle rayonnant
du monde sans tourment,
comme ce soir à nouveau pur,
qui s'attarde entre hêtres et charmes,
masses de silence
où ses mots viennent éclater !
-6-
Et pourtant apaisé,
il connait un chemin
qui rejoint la colline
délivrée du temps,
un passage où devenir
l'oiseau fraternel
en son vol qui
appelle à l'élan,
une issue auprès
de la pivoine joufflue
qui ploye la tête
de magnificence !
-7-
Il est soudain plus
qu'étroitesse humaine,
comme si d'autres coeurs
battaient tout près du sien,
qu'il comprenait,
comme sa fille fatiguée
qui posait sa tête
sur son épaule,
chaleur douce
où tout ce qui déchire disparaît !
oh ! paix sans cause !
paix sans raison !



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