jeudi 28 juin 2012

Six traductions d'un poème de Wang Wei (8ème siècle ap JC)

Je préfère la dernière ! et vous ?

« Je n’ai pas reconnu le monastère des Parfums
En allé trop loin par les nuages des sommets.
Sentier désert sous les vieux arbres —
Où sonne la cloche en ces monts si profonds ?
La source s’enroue au péril des rochers,
À la couleur du soleil, le bleu des pins fraîchit.
Le soir, au creux de l’étang vide,
La paix de l’éveil apprivoise les dragons. »
— Poème dans la traduction de M. Carré

« Je ne connais pas le monastère des Parfums Accumulés.
Sur plusieurs lieues j’ai pénétré les hauteurs perdues dans les nuages.
Parmi les vieux arbres, il n’y a pas de sentiers humains ;
Au fond des montagnes, d’où vient un son de cloche ?
Le bruit des sources résonne sur les pierres qui ressortent,
La couleur du soleil sur les pins verts donne une idée de froid.
Dans le vide du crépuscule ténu, des étangs sinuent,
La méditation paisible y maîtrise les dragons venimeux. »
— Poème dans l’anthologie de M. Jacques Pimpaneau (éd. Ph. Picquier, Arles)

« Ne sachant pas où se situe le Temple Xiangji
Je marche quelques li et me perds dans les monts ennuagés
La forêt trop dense, sans aucun sentier à suivre
D’où me parvient alors ce son des cloches
Qui résonne dans cette montagne si profonde ?
Une source chuchote parmi des rochers abrupts
Des rayons froids du soleil filtrent entre les pins verts
La nuit tombe sur l’étang calme
Je prie de maîtriser le dragon venimeux »
— Poème dans l’anthologie de M. Shi Bo (éd. Quimétao, coll. Culture et Coutumes chinoises, Paris)

« Jusqu’au temple Xiangji, je ne connaissais point la distance,
Après plusieurs “li” de marche, je pénétrai dans les pics recouverts de nuages.
Au milieu des vieux arbres, nulle trace humaine n’était visible,
Mais d’où venait ce son de cloche dans la profonde montagne ?
Les torrents gargouillaient sur des falaises escarpées,
La lueur froide du soleil accablait les pins verdoyants.
Dans le crépuscule brumeux, apparaissait un étang à sec,
Comme si on l’avait débarrassé du dragon venimeux. »
— Poème dans la traduction de M. Wang Chia-yu (éd. You Feng, Paris)

« Je ne sais où se trouve le Temple Xiangji ;
En quelques li, je pénètre la cime perdue dans les nuages.
De vieux arbres, point de sentiers.
Dans les montagnes profondes, où résonne cette cloche ?
Le murmure de la source sanglote aux rochers escarpés.
Le soleil colore les pins froids et verts.
À la tombée de la nuit, près du gouffre vide,
La méditation paisible maîtrise les dragons venimeux. »
— Poème dans la traduction de MM. Wei-penn Chang et Lucien Drivod (éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris)

« Qui le connaît, le temple du Parfum-caché ?
À plusieurs li d’ici, sur un pic nuageux…
Sentiers à travers l’antique forêt : nulle trace.
Au cœur du mont, sons de cloche, venant d’où ?
Bruits de sources, sanglots de rocs dressés ;
Teinte du soleil, fraîchie entre les pins.
Au soir, sur l’étang désert, méditant le Ch’an,
Quelqu’un apprivoise le dragon venimeux. »
— Poème dans l’anthologie de M. François Cheng (éd. A. Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris)

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