samedi 29 septembre 2012

Mots en désordre

 
 
 
Quand il ferme les yeux,
il revoit cette bicoque
dans un verger
avec deux fenêtres
qui reflétaient le ciel
et les nuages,
deux yeux ouverts
au passage incessant
 
 
 
et plus loin
la vigne vierge
couleur sang
qui monte
à l'assaut d'un sapin
 
 
Il a cueilli une pomme
sur un arbre perdu
dans les hautes herbes,
croqué dedans,
trop âcre, trop verte
peut-être !
 
et quittant les jardins
il s'est enfoncé
dans un sous-bois inextricable :
craquement de branches,
un bête invisible,
réveillée, s'est enfuie !
 
Seul sous ce feuillage
trop envahissant
il a cherché une issue
vers les vergers entretenus !
 
De retour maintenant
à son bureau vigie
il cherche des mots,
offrir, offrir encore
avant que le jour soit clos, respirer
toujours, accepter
d'être submergé
par le silence !
 
Il sait les cris
la nuit plus loin
le long cortège
des soufffrances
qui vident de sens
tous les mots.
 
mais il voit
la bonté d'un geste,
une caresse sur un visage
le verre d'eau offert
qui contient
mille étoiles !
 
Il est si loin
maintenant
des grandes pensées
géniales,
des mirages miroirs
où l'on ne parle
qu'à soi-même !
 
Merci à ceux
qui sans le vouloir
ont mis à nu
sa misère humaine !
 
Il marche sous un soleil
qui a soin de son âme !
 
Il referme les yeux !
Quel long voyage étrange
avec détours, impasses,
percées, pistes
qui s'effacent
au moindre souffle,
 
pour aller ou ?
 
 
Que de rencontres,
de méprises, de mépris,
de coeurs ouverts
qui se sont fermés,
d'incompréhensible violence
et haine,
il ne sait plus que
continuer...
 
continuer dans le noir
sans tenir compte
des regards,
 
offrir ses mots,
 
mots de chair
qui ne sont pas cherchés
dans le dictionnaire,
 
mots fenêtres
loin des mots
qui s'entretuent
 
mots toujours en désordre
loin des mots d'ordre,
 
mots tirés de la rivière
que rien n'arrête
et qui cherche la mer !
 
 
 

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