lundi 15 octobre 2012

Presque affolant

-1-

Milliers d'étoiles filantes,
gouttes blanches de la pluie
strient le paysage.
Le ciel se déverse.
Les paupières se ferment.
Chacun allume sa lampe
comme un petit soleil !

-2-

Fin de dimanche !
Les gouttières pleines
crachent leurs eaux.
Trottoirs déserts,
la ville ne s'est pas
réveillée aujourd'hui.
Il trace des lettres
sur un cahier
comme d'autres
tricotent la laine
au coin du feu !

-3-

De temps en temps
il regarde par la fenêtre.
Seule la pluie est vivante,
descend sur terre,
imperturbablement.
Puis il passe
un peu de temps
avec les objets
proches de lui
dont un petit éléphant
en pierre qu'il a sculpté
à la patte cassée.

-4-

Il est là accoudé
à sa vieille table.
Il pense un peu
à la mort qui
se rapproche :
il y a le poids du corps,
le poids des ans.
Il ferme les yeux,
privé de vision :
un nom ou deux
passent par ses lèvres.
C'est ceux de personnes
qu'il a aimé
et qui ont disparu !

-5-

Mais cela ne dure pas.
La nuit gagne
et elle sera sans étoiles.
Il écoute la musique
d'un film mystérieux
qu'autrefois il appréciait.
C'est le même mystère :
d'autres vies continuent
dans la grisaille du soir.
Il perçoit tous ces
battements du coeur,
tous ces visages qui
ont les mêmes pensées,
la même fatigue,
les mêmes angoisses !

-6-

Est-ce encore
un poème qu'il écrit ?
Comme la pluie
décidée à ne pas s'arrêter,
il déroule la chronique
exacte de ce qu'il vit,
de ce qu'il ressent.
Qui cela peut-il interesser ?
Y-a-t-il un être humain
quelque part
de l'autre côté de la planète
qui fait de même,
écrit bien qu'il
n'est rien à dire
à l'approche du soir ?

-7-

Il continue pourtant
en cet instant
mystérieux du temps,
loin de l'horloge
qui marque l'heure :
dix-sept heures
ving sept minutes.
Il écrit qu'il vit,
et c'est presque affolant
ce corps, cette chair,
ces os dressés
animés par un souffle
dont il est ignorant,

...et plus loin
intersidéralement
le vide, le silence
qu'on ne mesure pas !

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